🔮𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐗| 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞 𝐈𝐈🔮

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La beauté de cette scène est presque folklorique, comme tirée d'un conte ancien.
Je me penche lentement, tendant ma main vers Neige, mon cœur battant me transperce la poitrine. Lorsque ma main caresse son plumage soyeux et qu'il se laisse gentiment faire. Les volutes de peur qui menaçaient de m'engloutir s'éclipsent.

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Je n'arrive pas à fermer l'œil, et la petite horloge suspendue en face de mon lit indique trois heures du matin. Frustrée, je me débarrasse de mes draps à coup de pied. Je bondis hors du lit, avant de m'accroupir pour prendre le coffre caché sous mon lit, afin de récupérer l'un des carnets de mon père, celui où il notait ses partitions. Lorsqu'une feuille jaunie s'échappe du carnet, je découvre des glyphes dessinés dans une langue inconnue. Ensuite, des mots, écrits de sa main : « Les côtes d'Armor en Bretagne, une côte du monde des Velati, près d'une mer d'azur...» En bas, une photo jaunie, où l'horizon se mêle à des vagues scintillantes.

La seule personne à connaître l'existence de ces carnets est Neela. C'est bien pour cela qu'elle m'a si souvent accompagnée dans cette quête. J'ai cru que je retrouverais mon père, là-bas, chez les Velati, mais je n'ai jamais osé aller bien loin.

À l'origine, les voyages interdimensionnels avaient pour but de traquer les mages déserteurs, ces fugitifs hantés par la peur des conséquences de leurs choix. Mon père était l'un de ces traqueurs, un chasseur d'âmes perdues, arpentant les failles du tissu du monde pour ramener ceux qui s'étaient égarés du droit chemin. Un jour, il est parti, et il n'est jamais revenu.

Je me souviens des heures passées à me cacher dans son bureau à espérer son retour, dévorant des ouvrages sur le monde des Velati, un univers où la magie et ses mystères sont invisibles et muets mais pas inexistants. Ma mère ne m'aurait jamais laissée faire si elle avait su. Elle craignait ce qui se cachait derrière ces pages, de sombres vérités et des promesses brisées. Lorsque son absence est devenue un vide trop lourd à porter, ma mère a scellé son bureau, verrouillant non seulement le lieu, mais aussi les souvenirs qui y étaient enfouis. Pourtant, j'avais réussi à glisser des carnets de mon père dans mes vêtements avant qu'elle ne ferme la porte, un acte de rébellion contre la tristesse qui m'enveloppait.

Son absence pèse sur moi comme une ombre, une présence constante qui me rappelle que le chemin du savoir est pavé de sacrifices. Chaque page que je tourne, chaque mot que je déchiffre, évoque son visage, ses rires, et surtout, le mystère qui l'entoure. Maintenant, je me tiens à la croisée des chemins, le cœur chargé de questions sans réponses, désireuse de percer les secrets qui se cachent derrière son départ. Qu'est-il arrivé à mon père, et pourquoi a-t-il disparu ? Mon esprit s'emballe à l'idée de ces mondes inexplorés, des vérités que je suis déterminée à découvrir, même au prix des ombres qui me hantent.

Je range la feuille dans un autre carnet puis je le cache dans mon coffre avant de le pousser sous mon lit à l'aide de mon pied, redoutant qu'il ne dévoile mes secrets. J'enfile un peignoir par-dessus ma robe de nuit, je me glisse hors de ma chambre, le cœur battant à tout rompre. À l'extérieur, les couloirs sont sombres, presque oppressants, une obscurité qui semble murmurer des choses effrayantes.

Dehors, pas de lune, seulement la faible lumière des étoiles qui éclaire mes pas d'un éclat spectral, créant des ombres dansantes sur les murs de pierre. Chaque bruit résonne dans le silence : le bruit de mes pas sur le sol, le souffle du vent qui chuchote à travers les fenêtres. Je n'ai pas intérêt à me faire prendre ; je risque d'être sermonnée, et je sais que les leçons sur la discipline et le respect des règles ne seront que le début. Mon esprit s'emballe à l'idée des réprimandes que je pourrais subir, des regards désapprobateurs et des mots pesants qui s'accumulent comme un nuage orageux au-dessus de ma tête.

Je jette un coup d'œil inquiet autour de moi, comme si les murs eux-mêmes pouvaient trahir ma présence. Lorsque j'atteins enfin les escaliers, les ombres deviennent inquiètes, comme si elles possédaient une vie propre. Elles se faufilent le long des murs de pierre, ondulant dans la douce lumière des étoiles, comme des créatures furtives se glissant à travers les fissures du temps. À chaque pas, elles semblent se rassembler derrière moi, murmurant des secrets et des mises en garde que je ne peux pas entendre, mais que je ressens au plus profond de mon être.

L'escalier en colimaçon, avec ses marches usées par le passage des années, devient un chemin d'incertitude, où chaque ombre danse de manière presque désordonnée, comme si elle cherchait à attirer mon attention. Une pression sur ma poitrine, une sensation d'être observée, me pousse à presser le pas.

Pourtant, j'avance prudemment. L'atmosphère devient palpable, une tension invisible qui m'enveloppe, et je me demande si, derrière cette apparente tranquillité, quelque chose de plus sombre guette dans les recoins de l'obscurité.

Je descends en tâtonnant du pied pour éviter de me rompre le cou dans une chute mortelle. Chaque marche devient une épreuve, un défi à surmonter dans l'obscurité. L'adrénaline pulse dans mes veines, me poussant à avancer malgré la peur. Enfin, lorsque je descends la dernière marche, je pousse un soupir de soulagement, le bruit résonnant comme un écho à mes inquiétudes.

À suivre...

𝐓𝐡𝐞 𝐡𝐨𝐮𝐬𝐞 𝐨𝐟 𝐛𝐨𝐧𝐞𝐬| 𝐋𝐢𝐯𝐫𝐞 𝐈 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant