🔮𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐗| 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞 𝐈𝐈🔮

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Je m'installe devant le piano, les doigts tremblants d'appréhension. Cassiel occupe le long fauteuil, s'y installant comme un fauve paresseux, mais son regard est acéré, rivé sur moi. Je sens le poids de son attention, une pression silencieuse, presque palpable. J'hésite un instant, mes mains flottant au-dessus des touches. Jouer devant Cassiel n'est pas une perspective qui me met à l'aise, loin de là. Il est à la fois intrigant et intimidant, et je ne suis pas sûre de vouloir partager ce pan de mon monde intérieur avec lui. Pourtant, son impatience se fait sentir, une tension subtile dans l'air, et je cède enfin.

Je commence à jouer une mélodie que j'ai composée, une chanson née des profondeurs de mon âme. La musique s'écoule, douce et mélancolique, chaque note vibrant avec une émotion presque tangible. C'est comme si le piano devenait une extension de moi-même, exprimant ce que les mots ne peuvent pas dire. À mesure que je joue, je sens quelque chose changer dans la pièce, une sorte de magie qui s'éveille. Autour de nous, les objets semblent bouger légèrement, comme animés d'une vie propre. C'est mon pouvoir qui s'exprime, libre et sans contrainte, dans l'un des rares moments où je ne ressens pas la peur.

Cassiel, qui était allongé nonchalamment, se redresse lentement, attiré par la musique. Il vient s'asseoir à côté de moi, ses yeux fixés sur mes mains qui dansent sur le clavier. Il est fasciné, et je peux presque sentir son émerveillement. Cela m'étonne et me met mal à l'aise à la fois. Quand la dernière note s'évanouit, je me tourne vers lui, rencontrant son regard intense. Il me regarde comme s'il me découvrait pour la première fois, et cette attention me trouble profondément.

— Où as-tu appris cette chanson ? demande-t-il, sa voix douce mais chargée de curiosité. Elle a un effet envoûtant.

Je prends une profonde inspiration avant de répondre.

— C'est moi qui l'ai écrite. C'est une partition sur la nostalgie des choses qu'on a perdues.

À cet instant précis, la porte s'ouvre, et un garçon à la peau brune et au regard noisette entre dans la pièce. C'est l'ami de Cassiel, Tariq. Il nous dévisage tour à tour, un sourire espiègle flottant sur ses lèvres. Il nous salue d'un geste de la main, insinuant qu'il pourrait nous avoir dérangés. Je réalise soudain combien je suis proche de Cassiel et je me lève d'un bond, gênée par cette intimité inattendue.

Je me dirige alors vers la sortie. Tariq, avec sa corpulence musclée, s'écarte pour me laisser passer, toujours cet air amusé sur le visage. Je m'apprête à partir, un peu trop précipitamment, mais Cassiel m'arrête dans mon élan.

— N'oublie pas que nous devons nous entraîner dans moins d'une heure.

Je hoche la tête sans répondre et me dépêche de quitter la pièce. Dans le couloir, j'entends des bribes de conversation qui me parviennent, j'arrive à les capter malgré moi.

— Vous avez un rendez-vous matinal en plus, commente Tariq avec une pointe de moquerie.

Cassiel réplique, amusé, — Tu es un idiot, Tariq. Tu l'as fait fuir.

Le rire de Tariq résonne, franc et léger, tandis que je m'éloigne. Je suis tellement gênée que j'en oublie ma peur habituelle des sombres couloirs la nuit. Cette rencontre a éveillé en moi des émotions contradictoires. Cassiel a vu une part de moi que peu de gens connaissent, et cela me laisse à la fois vulnérable.

Je me surprends à sourire en marchant, le cœur plus léger, même si je ne suis pas encore prête à en comprendre la raison. Mais pour l'instant, je laisse ces pensées de côté, consciente que l'entraînement avec Cassiel approche, et qu'il me faudra toute ma concentration pour y faire face.

Alors que je m'éloigne, une réalisation soudaine me frappe : je n'ai pas réclamé mon dû. Cassiel me doit des révélations, un secret qui pourrait potentiellement changer ma compréhension de mes pouvoirs. Cette pensée s'infiltre dans mon esprit, éveillant une curiosité impatiente et une détermination nouvelle.

Je me fige un instant dans le couloir, pesant mes options. Devrais-je retourner immédiatement vers Cassiel pour exiger ce qu'il m'a promis ? Ou attendre un moment plus propice pour aborder le sujet ? L'idée de revenir sur mes pas est tentante, mais je décide finalement de garder cette carte en main pour l'instant. Cassiel ne manquera pas de me revoir à l'entraînement, et je m'assurerai de ne pas oublier ce qu'il me doit.

À suivre...

𝐓𝐡𝐞 𝐡𝐚𝐮𝐬𝐞 𝐚𝐟 𝐛𝐚𝐧𝐞𝐬| 𝐋𝐢𝐯𝐫𝐞 𝐈 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant