Une femme, un don interdit.
Me réveillant sur un bateau de soldats espagnols, je suis une simple Française qui ne se souvient de rien. Rien, hormis mon don exceptionnel pour la médecine. Un don qui m'est pourtant interdit étant une femme au XVIIe s...
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C'est étrange de préparer mes affaires pour quitter ce royaume. J'attrape le carnet noir de mère que je range dans des « alforjas », les sacs les plus couramment utilisés dans ce royaume pour de longs voyages à cheval. Ces deux grands sacs, reliés par une bande centrale, sont même trop imposants pour le peu d'affaires que je possède. Ils sont conçus pour être placés de part et d'autre de la selle, le roi a bien pensé à la rapidité du trajet en troquant les charrettes lentes pour ces sacs pratiques. Cette configuration permet une répartition équilibrée du poids sur le cheval, la pauvre bête ne souffrira pas trop pendant ce voyage. Catalina rentre dans mes appartements, plusieurs affaires à la main. Elle a fini par accepter de me suivre au royaume de France. Je suis très reconnaissante, car je ne pourrai pas faire pleinement confiance aux servantes de mon royaume natal. Il se peut qu'on essaye de m'empoisonner ou de me tuer dans mon sommeil par ordre du cardinal. Felipe IV a bien compris le danger, c'est pour cela qu'il a mis Jayden en charge de ma protection. Tadeo... J'aurais souhaité lui demander de m'accompagner, mais il est toujours alité. Je n'ai pas pu le voir depuis la dernière fois où il dormait. Ce chevalier s'est retrouvé en danger par ma faute. En allant au royaume de France, je sais déjà que le cardinal et ses sbires vont m'en faire voir de toutes les couleurs. Sa loyauté envers moi va le mener à sa perte.
- « Dame Laïla, vous n'allez pas emmener que des flacons et des livres médicinaux. » Me demande Catalina en regardant ma partie du sac.
- « Je rentre chez moi. Donc je retrouverai mes robes et produits de beauté là-bas. » Je lui réponds en faisant rentrer des herbes sèches soigneusement emballées dans un morceau de tissu.
- « Tout de même ! Nous nous lançons pour un voyage de 15 à 20 jours ! Certes, cela est moins long qu'une diligence qui nous aurait pris 20 à 25 jours, mais vous devez bien vous changer pendant ce voyage. » Me dit-elle tout en allant récupérer des robes dans l'armoire.
- « Des robes ? Penses-tu que cela sera confortable à cheval ? Et surtout, elles ne rentreront jamais dans le sac. » Je ricane en la regardant les bras pleins. « Donne-moi plutôt des pantalons ou bien des robes simples en coton comme celles que portent les servantes. »
- « Vous êtes une duchesse française ! Il en est hors de question ! » S'insurge-t-elle.
Je sens que cela va être très long.
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Mon cheval a un soyeux pelage brun que je caresse afin de calmer l'angoisse qui monte en moi. Nous avons chargé les bagages, n'attendons plus que Jayden. Catalina fait la moue loin de moi. La belle rousse a beau s'éloigner, elle finira par devoir s'agripper à moi. Elle ne sait pas lire, je suppose qu'en vue de son bas statut social, elle n'a sûrement jamais appris à monter à cheval. Il est vrai que je m'en veux un peu de la voir en colère. Pourtant, j'ai fait l'effort de porter un corset sous ma robe de coton. Certes, cette robe n'est composée d'aucun jupon qui ne pourrait cacher mes jambes étant donné que j'ai opté pour un court pantalon que je porte en guise de sous-vêtement, mais ma cape pourra couvrir mes jambes, je suppose. Quelques fois, j'ai ce sentiment de ne pas appartenir à ce monde. Comme si ce qui paraît effroyable, tabous, vulgaire ou encore interdit ne m'est aucunement familier. Un garde s'approche de moi me tirant hors de mes pensées noires.
