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|||Il sé taien tlàfa ceà l'o céan.
Main dans la main. Ligne de front.
Kai avait quitté son blouson gris.
Yeonjun sa veste de cuir.
Soobin son écharpe rouge.
Taehyun son gilet en mailles.Ils se tenaient droits. Mais trop pour que cela paraisse naturel. Ils semblaient surtout marionnettes.
Ou statues.
Qui finiraient par fondre.Ils étaient face à l'océan.
Yeonjun à l'extrémité gauche. Kai à l'extrémité droite.
Le monde qui s'étendait au-delà de l'horizon n'avait jamais semblé aussi grand. Aussi plein d'espoir. Aussi véritable.Au final, peu importait le sol de pierre craquelé sous leurs semelles blanches. La digue écroulée sur laquelle ils étaient alignés, comme autant d'arbres fauchés par le vent.
Peu importait la ville engloutie par les monstres noirs du passé. Bientôt il y aurait des rires à nouveau, entre les hauts murs des buildings.Bientôt, le long de cette allée bordée de murs cassés, il y aurait des gens.
Il y aurait de la vie là où tout était mort.
Il n'y aurait plus seulement le vide qui les fait souffrir et dépérir.C'est étrange, comme les fins ressemblent aux débuts. Tout est éteint, ils sont perdus. On se retient, et ça perdure. Et tout est rouge, tout est noir, tout est blanc. Il y a l'arc-en-ciel un peu partout, il se reflète sur leurs manteaux. Tout est éteint, jusqu'au matin. La nuit est faite pour rêver. Ils ont rêvé pendant trois ans.
Les mots d'amour ne se sont jamais accordés à tous les temps. On ne prend jamais le temps de s'aimer. Car quand il y a le temps il n'y a plus les sentiments. Et ça devient comme une valse. Il faut s'aimer le temps d'une danse. Il ne faut danser que sur trois temps.
Comme l'amour, la haine passe. Tantôt se change, tantôt s'efface. Mais rien ne dure pour toujours.«Le fracas de mes étoiles qui s'échouent contre ta fenêtre, t'as pas entendu ? On se promet des impossibles qui dérivent sur le fil d'nos mots. Et les éclats de rire arrachés à tes murs, me dis pas qu'ils comptent pour de faux. Même les roses dans ma main savent les nuits qu'on a vécu.»
«Si c'est trop tard, alors je regrette. Si c'est trop tôt, alors je m'entête. Mille ans que j'aurais dû oublier le goût de tes lèvres démaquillées. Mais tu sais quoi ? Ça reste en tête, pire qu'une chanson au refrain douteux. J'ai tous les détails, tous les souffles, tous les grains de poussière accrochés à tes cils. On était deux statues, enlacées au milieu des toiles d'araignée. Deux statues dans l'atelier perdu d'un musée. Et le goût de tes lèvres ne s'en va pas.»
C'est étrange, comme leur fin ressemblait à un début. Possiblement parce que leur début était plutôt une fin en soi, et que cette fin n'en était pas une. Ils avaient autant de questions qu'avant. Autant de mystères, autant d'absences.
Et qui savait qu'ils s'étaient là ? Maintenus debout par la fatigue, emplis de rage, emplis d'amour. Autant de noir que de blanc. Délicatement teinté de rouge.
Et du carmin naissait l'orange. L'orange des fleurs qu'on ne s'offre plus.
L'orange contraire au bleu de l'eau.Ils étaient face à l'océan.
L'orange coulait sur le bleu. Derrière la brume, comme brume de feu.
Ils contemplaient cet horizon, aussi gracieux qu'un lac des cygnes.
Discret mais pourtant si violent.La chaleur venait dans leurs corps. Faisait brûler leurs cœurs de glace. Réinvitait tous les souvenirs. Car ils avaient pleuré longtemps. Entre les valses et les colères. Avaient étalé trop de bleu, sur la palette de leurs joues. Avaient dit des choses formidables, entre les bières et les toujours. D'ailleurs l'eau moussait en bas. Se déchirait contre la digue. Mais leurs regards allaient plus loin, aussi loin que peut l'être humain.
Et c'était d'or, c'était de sang. C'était pastel et terrifiant. La brume partait en vagues pressantes, accompagnait les vagues bruyantes.
L'arc-en-ciel avait fui à tiré d'ailes. Leurs peaux de porcelaine luisaient d'une nouvelle lumière. Ce n'était pas tant qu'elle apparaissait, plutôt qu'elle revenait de voyage.
Une lumière comme il n'y en avait plus. Tellement grandiose face aux réverbères cassés. Tellement autre chose que les lampes torches des téléphones.
Cette lumière là était la plus belle.
Dans leur yeux autant que dans leur cœur.
S'il faut être con et en venir à parler d'espoir, alors chacun est con, mais chacun peut y croire. Parce que c'était tout simplement beau. Oui, beau. Parce qu'on oublie souvent d'être simple, quand on décrit des choses comme ça.Alors c'était beau. En jaune et bleu. Avec toute une panoplie d'autres couleurs tout aussi belles comme une toile sur le fond de ciel. C'était beau. Même dans leur têtes, il n'y avait que ces mots. Que c'était beau. À en crever. Et ils avaient chacun une idée bien précise de ce à quoi pouvait ça pouvait se rapporter.
Yeonjun retrouvait les yeux pétillants de Soobin.
Soobin revoyait le sourire de travers de Yeonjun.
Taehyun se souvenait des paroles qui montait dans sa gorge. Des sensations quand le son volait autour de lui. Et ça le renvoyait aussi aux moments de grand silence. Mais jamais bien longtemps. Parce qu'alors il ouvrait les yeux et se disait «Putain, c'est beau.».
Kai réapprenait doucement à éprouver des choses, à la vue époustouflante face à lui. Bien sûr, il serait toujours tenté de se jeter du haut d'un pont. Mais si ça pouvait être un pont face à cette vue, alors ce n'était pas si grave.
Mitsuba dû s'échapper, à un moment. Elle était d'ombre, il fallait bien qu'elle tire sa révérence.
Un autre mensonge, un autre secret.
Pas le secret de cette histoire.
Ils étaient d'abysses, de monstruosités, êtres saules, enchaînés. À la poursuite d'un fantôme. Fantôme qui viendrait à eux bientôt. Chaque chose en son temps.
Il était là le début d'une fin.
Avec quatre héros main dans la main.
Ils étaient face à l'océan. Si minuscules, face au vide.Mais ça n'était absolument pas fini.
Et par une étrange magie, un rayon vint réchauffer leurs membres engourdis.Ils se regardèrent, interloqués. Abasourdis. Mais tellement, tellement heureux.
C'était sans conteste le plus beau lever de soleil du monde.
Parce que ce monde en était un nouveau.
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||𝗕𝗼𝘂𝗻𝗰𝗲𝗿𝘀||
Fanfiction📼⋆.˚ ⋆˙ᝰ 𝗣𝗹𝗮𝗰𝗲 𝗮𝘂 𝗰𝗵𝗮𝗼𝘀. Il y a ceux qui rêvent et espèrent encore. Ceux qui perdent patience, qui se débattent. Et ceux qui se noient dans le plus grand des silences. Le soleil a disparu derrière la folie humaine, les gens fuient pour...