𝐒𝐢𝐱𝐭𝐡

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Le sol était glissant après les récentes averses. Un sac de courses dans la main, Taehyun évitait les flaques tout en gardant ses provisions au sec un maximum. Sa veste boutonnée jusqu’au cou, il ressemblait de plus en plus aux passants fatigués ondulant au bord de son champ de vision. Il était encore tôt, aux environs de neuf heures, mais il lui semblait s’être levé depuis des siècles, tant la fatigue l’alourdissait. Peut-être que c’était la vieillesse qui lui tombait dessus, ou bien une grippe chopée à force de traîner près des radiations. Ses lèvres étaient sèches et gercées, ses mains gelées et son nez rosé, il tremblait de tout son corps. Mais il savait bien que s’effondrer ici n’était pas une bonne idée ; personne ne viendrait l’aider. Et la maison était loin. Soupirant de lassitude, il comprit enfin pourquoi Soobin restait cloîtré dans la maison, le monde extérieur était dangereux, méchant et sans pitié.

Il tourna la tête à gauche et à droite, le cerveau en feu sous l'assaut d'une migraine. Il dû perdre conscience un court instant, car quand il rouvrit les yeux, il n’était plus dans la ruelle.

En dépit de sa peur et de ses incertitudes, Taehyun était revenu au lac.

Ses jambes l’avaient d’elles-même porté jusqu’au banc, où il attendait à présent que daigne se montrer l’étoile filante dont il aimait croiser le chemin, toute douleur envolée.

-Tu attends quelqu’un ?

Il se tourna vers l’enfant qui venait de lui poser la question. Voir des enfants le mettait toujours mal à l’aise, car si lui n’avait aucun avenir, eux en avaient encore moins. Il ne se sentait pas légitime face à eux. Un peu triste, aussi.

-Oui. Et toi ? Tu n’as pas de parents ?

-Si si, j’en ai. Mais ils ne s’occupent pas de moi. Ils me laissent aller jouer dehors alors que c’est dangereux. Ils sont irresponsables.

-Mais pourquoi tu le fais quand même, si tu sais que c’est dangereux ?

-Parce qu’il faut bien vivre.

Taehyun secoua la tête, perdu. Une main froide se posa sur son bras et une voix envoûtante s’éleva jusqu’à son oreille.

-Ne te perds pas trop loin, Abysse.

Il entraperçut un œil couleur nuit et sentit un parfum dont il ne saisissait toujours pas l’essence. Rassuré, cependant, il se laissa entraîner vers leur banc. Une fois assis, il porta son regard loin, vers le lac en sommeil et les immeubles de sa ville. Puis vers elle.

-Depuis combien de temps étais-tu là ?

-Je ne sais pas. Depuis combien de temps te noies-tu ?

-Je… je ne sais plus.

Elle hocha gravement la tête. Le métal froid de l’assise transperça son haut. Et le brûla. Un brouillard blanc régnait sur la ville, emprisonnant les gratte-ciel, aveuglant les passants.

-Quel jour sommes-nous ?

Il tourna la tête à droite. Elle semblait compter sur ses doigts.

-Je n’en ai aucune idée, mardi ?

-C’est bien ce qu’il me semblait. Alors il n’y a plus beaucoup de temps. Quel jour viendra après, dis-moi ?

-Euh… mercredi.

Elle poursuivit ses étranges calculs puis leva les yeux vers le ciel immaculé, couleur touche-de-piano. Il suivit son regard et vit passer un oiseau noir, un merle. Avec un cri d’alerte, il s’éloigna vers le Sud.

-C’est étrange, n’est-ce pas ?

Leurs yeux se rencontrèrent un court instant, avant qu’il ne les détourne.

-Oui…

-Est-ce que tu as peur ?

-Sûrement.

Elle sembla hésiter, pour la première fois depuis qu’il la connaissait, et se confia à lui en chuchotant.

-Moi aussi… Parfois, j’ai très peur. Je ne sais pas ce qui va se passer après, c’est effrayant.

Le silence s’installa à nouveau, de même que les maux de tête de Taehyun, pendant qu’il retenait ses larmes sous le secret de sa capuche. Oui, il avait peur. Il était terrorisé. Qui ne le serait pas ? Tout s’écroulait, du sol au plafond. Cette fille n’y pourrait rien changer, c’était indéniablement la fin.

-C’est étrange, n’est-ce pas ? Répéta-t-elle, les yeux perdus dans le vague.

Il ne lui répondit pas, en proie à une vive douleur cérébrale, ses sanglots lui brûlant la gorge. Il avait froid, faim, peur. Il se laissa choir sur le côté, ignorant la morsure du banc froid sur ses membres tièdes. De gros nuages noirs annonçaient un orage, les gens, tels de petites fourmis, couraient plus vite que d’ordinaire. Ils partaient se mettre à l’abri. Le garçon sentit qu’on lui relevait la tête. Elle venait de lui poser sous la tête un tas de tissu. D’où l’avait-elle sorti ? Il n’en savait rien, et chaque réflexion lui causait une si vive douleur qu’il préférait ne plus penser à rien. Il ferma doucement les yeux, et se noya dans le brouillard.

La jeune fille sourit, d’un de ces sourires énigmatiques dont on ne comprendrait jamais la vraie nature. Elle abaissa à son tour les paupières et sa voix se fondit en un murmure quasi inaudible.

-C’est étrange, tout de même, d’assister à la fin du monde et de continuer à se bercer d’illusions.


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||𝗕𝗼𝘂𝗻𝗰𝗲𝗿𝘀||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant