📼⋆.˚ ⋆˙ᝰ
𝗣𝗹𝗮𝗰𝗲 𝗮𝘂 𝗰𝗵𝗮𝗼𝘀.
Il y a ceux qui rêvent et espèrent encore.
Ceux qui perdent patience, qui se débattent.
Et ceux qui se noient dans le plus grand des silences.
Le soleil a disparu derrière la folie humaine, les gens fuient pour...
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Il faisait jour et pour la première fois, Taehyun se demanda comment il pouvait faire jour sans soleil. Il ne voyait que des nuages, des nuages à l’infini, paresseux et ternes, qui voguaient sur les vestiges d’un ciel bleu. C’était, maintenant qu’il y pensait, une excellente question. Comment se faisait-il que l’extérieur, sans rayons lumineux, puisse être de cette blancheur comme sur les photos trop longtemps développées ? Comment pouvait-il voir l’herbe grise, ses doigts clairs, la fille brune assise sur le rebord de la fenêtre ? Il sortit par la baie vitrée, qui n’avait jamais été nettoyée depuis mille ans, et s’adossa au mur à côté de cette étrange créature rencontrée une nuit au bord d’un lac, comme une sirène échouée.
- Alors…
- Ne te mens pas, Taehyun, si tu n’as rien à dire et que tu veux seulement t’asseoir ici, inutile d’inventer un prétexte, je te céderai volontiers la place. Nul besoin de parler pour rien.
- C’est bien à toi de me dire ça…
À la vitesse de l’éclair, elle se tourna vers lui, ses yeux plissés rougeoyant de colère.
- Ne joue pas à ça avec moi. Tu n’as rien à me dire, rien à m’apprendre, pitié tais-toi et n’ouvre la bouche qu’au moment propice.
Conscient qu’il risquait bien plus qu’une brimade à jouer avec un tel feu, il se laissa aller contre la surface rêche du mur, glacée par le vent qui soufflait et soufflait encore, sans pour autant réussir à déplacer les nuages. Il avait des questions, des réponses, trois-cent mots qui résonnaient dans son crâne, mais accepta le silence et laissa glisser ses pensées. Toute proche, elle formait une tresse avec une de ces ficelles bleues qui polluent la terre un peu partout. Il n’avait aucune idée de l’endroit où elle avait pu la dénicher, car trop en étaient peuplés. À chaque geste qu’elle faisait, chaque frottement de la corde, il voyait ses doigts blancs s’activer, ces mêmes doigts qui avaient tant de fois appuyé sur la gâchette. Ces mêmes doigts qui avaient tenus la main de cette Cepheus, dont on ne savait finalement pas si elle avait véritablement existé. Peut-on se fier au témoignage d’une enfant qui ressemble à un fantôme et empêche les gens de mourir ? Que serait devenue cette enfant si elle avait possédé dès le départ deux parents aimant, un chien et des crayons de couleur ? Taehyun pouvait-il se permettre de penser à des ‘’si’’ quand sa propre vie tombait en morceaux ? Peut-on tout simplement dire ‘’si’’ et se perdre dans ces possibilités ahurissantes, enivrantes ? Tout est mieux que la vérité, et rien n’est pire que de s’éveiller d’un rêve.
- Mitsuba…
Prononcer son nom lui fit l’effet d’une décharge électrique. Après sa déclaration de la veille, maintenant que ce nom avait une histoire, il en devenait lourd, puissant, poisseux, dangereux.
- Mitsuba… Comment… Comment tu fais pour vivre avec tout ça dans la tête ? Tous ces souvenirs…
Leurs regards à tous les deux se heurtèrent et amorcèrent une descente vers le sol mouillé de rosée, puis vers le ciel inchangé.
