Chapitre 30

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Suzana


Les rues de Tokyo sont réellement animées, je jette un coup d'œil à mon téléphone. Il est dix-huit heures, le soleil commence déjà à se coucher. Mon attention se rapporte à la caisse devant moi. Nous nous sommes arrêtés dans une petite boutique, j'en ai profité pour acheter des souvenirs pour moi, ma sœur et mes copines.

Kalei devant moi tend sa carte pour payer, il a insisté, j'ai tourné les yeux à peine cinq secondes qu'il était déjà à la caisse, prêt à régler mes articles. Ce mec est borné.

La caissière nous offre un grand sourire en nous remerciant. Je n'ai vraiment pas envie de rentrer maintenant, ayant envie de profiter de cette ville. J'essaye tant bien que mal de résister à l'envie d'acheter chaque chose que je trouve. Ma vision de mes meilleures amies et moi se baladant dans ces mêmes rues en train de manger tout ce qu'on trouve se matérialise dans mon esprit.

— On rentre ?

Ma tête se tourne dans sa direction, les mains dans les poches, une cigarette en bouche, son souffle crée un nuage de fumée qui s'estompe graduellement.

— T'es pressé pour quoi ? il n'y a rien à faire à l'hôtel, dis-je.

Sans un regard pour moi, la commissure de ses lèvres s'étire, un rire discret s'échappe de lui, ses doigts craquent en même temps qu'il relâche une énième fois sa fumée dans l'air.

Je n'ai même plus envie qu'il réponde.

— J'ai plein de projets, si tu as peur de t'ennuyer, me rassure-t-il, d'un ton taquin.

Je le toise salement, dites-moi qu'il rigole là ?

— Aller ta-gueule, tu ne mérites même pas une réponse de ma part.

Il éclate de rire en sortant son téléphone, son attitude joviale change d'un instant à l'autre, ses sourcils se froncent et ses traits s'assombrissent. En moins d'une seconde, j'ai l'impression qu'il oublie même que je suis à ses côtés.

Ma curiosité mal placée me pousse à demander avec qu'est-ce qu'il se passe, mais les mots s'immobilisent sur mon palais.

En temps normal, les personnes avec qui ils discutent ne m'intéressent pas, mais son air titille mon intérêt.

Il lâche un juron dans sa langue en rangeant son téléphone dans sa poche, l'air de rien.

— Que t'arrive-t-il ?

Je sens qu'il se retient de souffler lorsqu'il masse ses tempes nerveusement.

— Rien, pourquoi ?

Je hausse les épaules, je ne sais même pas pourquoi cette question a traversé mes lèvres. Nous traversons des ruelles sans but précis, je commence à être épuisé de marcher depuis un moment.

— Je ne sais pas, tu as l'air tendu d'un coup à cause de ton message, alors je me demandais.

Son regard fixé sur le sol, Kalei a l'air en totale réflexion, mais ça ne l'empêche pas de me dire :

— Ne te préoccupe pas de mon état Suzana, me crache-t-il agacé.

J'opine déçu, comment j'ai pu croire pendant une seconde qu'il allait se confier à moi. Je détourne le regard devant moi à la recherche d'une boutique qui m'intéresserait.

Sa réponse jette un blanc entre nous, ça devient gênant, je déglutis, cherchant des mots pour entamer une discussion et détendre l'atmosphère, mais il me devance :

FROZEN HEARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant