V.6

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Le soleil de juin, se levant de plus en plus tôt, ramène ses rayons dans ma chambre et me réveille doucement. Je regarde l'heure sur mon téléphone, par réflexe. Huit heures du matin. Bien trop tôt pour se lever. Derrière moi, Justine est collée à mon dos, ses bras entourant ma taille, sa tête enfouie dans mon cou. Au rythme de sa respiration, que j'entends parfaitement grâce à la proximité, je devine qu'elle dort toujours. C'est rare que je me réveille avant elle, sur les plusieurs mois de notre relation, ça n'a dû arriver que deux ou trois fois maximum. J'essaie de me tourner face à elle le plus délicatement possible pour ne pas la réveiller. J'en profite pour la regarder dormir, comme elle le faisait avec moi. J'avoue n'avoir jamais compris l'intérêt de Justine à me regarder dormir, mais je crois que je comprends désormais. On se sent en sécurité comme ça. C'est ça que cherchait Justine. De la sécurité. Tout le monde a besoin d'être rassuré dans la vie. Même elle.

Une heure plus tard, Justine dort toujours aussi profondément. Ça m'étonne de la voir dormir autant, mais je suppose qu'elle en avait besoin. Elle avait l'air fatiguée hier, malgré les grands sourires qu'elle m'offrait. Elle se cache, encore et toujours. J'imagine que je ne pourrai jamais changer ça chez elle. C'est le moment que choisit Pouic pour grimper sur le lit. Je lui dis bonjour et tente de le caresser, mais il semble plus intéressé par Justine. Alors qu'il commence à poser ses pattes sur elle, je l'attrape en le grondant :

« Non Pouic ! Tu vas la réveiller. »

En guise de protestation, mon chat miaule et se défait de mon emprise. Me regardant d'un œil mauvais, il s'installe au bout du lit et fait sa toilette. Il peut faire ce qu'il veut, tant qu'il ne réveille pas Justine. Je me lève en espérant qu'il me suive jusqu'au salon, mais non, il est bien décidé à rester sur mon lit. Soit. En attendant que Justine se lève, je prépare le café et son petit déjeuner préféré, à savoir, des œufs brouillés. Peut-être que l'odeur de la nourriture la fera venir plus vite. Et c'est exactement ce qu'il se passe. J'entends une voix encore un peu endormie dans mon dos.

« Ça sent bon.

- Je savais que ça te ferait venir. Bien dormi ?

- J'ai l'impression d'avoir fait un demi-coma, me répond-elle en m'embrassant le haut du crâne.

- Je t'ai fait des œufs. Par contre tu assaisonneras toi-même, les épices c'est pas mon truc. »

Elle rigole doucement en prenant son assiette. Elle sélectionne avec soin ses condiments, ceux qu'elle m'a fait acheter et que je n'ai jamais utilisé. Ils vont enfin servir à quelque chose. Son choix se porte sur de la ciboulette et du piment d'Espelette. Elle sent que je la fixe bizarrement et elle relève la tête.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

- Du piment dès le matin ?

- Un problème ? »

Je lève les mains en l'air pour lui signifier que je n'en ai aucun. Après tout, ça lui ressemble bien d'ingurgiter du piment dès le matin. Je prends nos tasses de café et nous nous installons sur la table.

« Tu manges toujours pas le matin ? me demande-t-elle en avalant goulûment ses œufs, comme si elle n'avait pas mangé depuis deux jours.

- J'ai pas faim quand je me réveille. A part quand tu me fais ta tarte à la framboise.

- C'est du chantage ça je reconnais.

- C'est une suggestion. »

Elle accueille ma réponse avec un bel éclat de rire. Elle promet de faire bientôt sa tarte à la framboise, et j'en suis ravie, car c'est certainement la meilleure tarte que mes papilles ont pu déguster. Désolée maman, mais la cuisine de Justine est exceptionnelle. Je bois mon café en ne la quittant pas des yeux. Justine mange ses œufs avec appétit. Elle avale rapidement sa tasse de café, puis s'en fait une autre. Je la regarde faire avec un sourire. Certaines choses ne changent pas. Je continue de l'observer silencieusement, je profite de pouvoir à nouveau admirer son beau visage, de l'avoir rien que pour moi.

Cœur de pierre, esprit de fer (BagheraJones & HortyUnderscore Fanfic)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant