V.2

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Je suis ENFIN chez moi. La Corée c'est bien, mais mon chez moi c'est mieux. Ici, je retrouve mon chat, mon Pouic m'a tellement manqué. Je retrouve mon appartement et mes repères. Et j'ai retrouvé Justine aussi, en quelque sorte.

Le simple fait de la revoir a accéléré les battements de mon cœur. Je le sentais tambouriner contre ma poitrine. J'ai essayé de ne rien laisser transparaitre alors qu'on se regardait droit dans les yeux sur notre palier, dans un silence absolu. A-t-elle ouvert sa porte pour vérifier que c'était bien moi ? A-t-elle compté les jours pendant mon absence comme je l'ai fait ? Ses yeux verts semblaient vouloir me dire quelque chose, mais je n'ai pas saisi quoi. Après un long silence, elle est soudainement rentrée chez elle, disparaissant derrière sa porte. Elle avait l'air mal. Vraiment mal. Je l'ai imitée et je suis rentrée à mon tour chez moi, en tirant ma grosse valise beaucoup trop lourde. Quand je repense à la scène, je me dis que ça a dû être extrêmement gênant pour Perrine qui était juste à côté. Si elle n'avait pas signalé sa présence, on aurait pu l'oublier. Justine et moi aurions pu nous regarder encore longtemps comme ça, sans un mot. Plus rien n'existait autour de nous, si ce n'est les yeux de l'autre. Maintenant que j'y pense, heureusement que Perrine était là pour nous ramener sur terre.

Je n'ai envie que d'une chose : m'affaler sur mon canapé. Le jet-lag est encore bien présent, même si je n'ai fait que me reposer chez mes parents. J'ai passé quelques jours chez eux à mon retour en France. Je n'ai pas osé leur dire que c'était fini entre Justine et moi. Par ma faute. Quand ma mère m'a demandé comment se portait Justine, je lui ai dit qu'elle allait bien, alors que je n'en sais rien. Je suppose que non, elle ne va pas bien. Ce mensonge m'a mise mal à l'aise et une boule s'est formée dans ma gorge. Puis ma mère, sans s'en rendre compte, a prononcé la phrase qui m'a définitivement achevé. Ce serait cool que vous veniez toutes les deux la prochaine fois, j'aimerais beaucoup la rencontrer, vu que tu répètes tout le temps qu'elle est géniale. Purée. Alors une fois de plus, j'ai fait semblant, j'ai acquiescé, j'ai retenu très fort mes larmes. N'y tenant plus, j'ai fini par me lever en prétextant vouloir aller aux toilettes. Je me suis enfermée dans la salle de bains et j'ai versé les larmes que j'ai trop retenues. Une fois les avoir séchées, je suis revenue comme si de rien n'était.

Maintenant que je suis chez moi, je pourrais pleurer sans avoir à m'en cacher. Je n'aurais plus besoin de m'enfermer dans la salle de bains. Perrine rassemble ses affaires tout en me posant des questions sur la Corée, auxquelles je réponds évasivement. Je la vois me regarder d'un drôle d'air. Elle a remarqué mon trouble, c'est sûr. Tout à coup, j'entends la porte de Justine claquer, puis ses pas dans les escaliers. Elle est partie. Purée, j'ai vraiment tout foiré. Perrine se rapproche de moi, elle a compris. Perrine comprend toujours tout.

« Tu sais, quand t'étais pas là, elle m'a demandé de tes nouvelles.

- Vraiment ?

- Oui. Elle m'a demandé où tu étais et si tu allais bien. »

Mon cerveau ne sait pas quoi faire de cette information. D'un côté, mon cœur se sent tout attendri de savoir qu'elle a pris de mes nouvelles. Mais de l'autre, mon esprit pense que ce n'est pas mérité. Elle a demandé comment j'allais alors que c'est moi qui lui ai brisé le cœur. J'ai brisé le mien dans la foulée aussi, mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Alors je reste silencieuse, en ruminant ce que Perrine vient de me dire. Je sens qu'elle s'inquiète de mon silence, qu'elle aimerait savoir un peu plus ce qu'il se passe dans mon esprit, mais je n'ai pas envie de le partager. C'est devenu trop intime, limite tabou. Ses affaires préparées pour retourner en Belgique, Perrine est sur le point de s'en aller. Je la remercie d'avoir gardé Pouic et elle me fait promettre de lui donner de mes nouvelles régulièrement, de sortir et d'essayer de penser à autre chose. Elle me fait surtout promettre d'arranger la situation avec Justine, car je cite : je ne t'ai jamais vu aussi épanouie qu'avec elle.

Cœur de pierre, esprit de fer (BagheraJones & HortyUnderscore Fanfic)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant