The ƩKZ House

Chapitre 31

Il me faut un certain temps pour me ressaisir pendant le trajet jusqu'à mon nouvel appartement. Le chauffeur, un homme d'une quarantaine d'années (si je devais deviner), ne fait aucune tentative de bavarder. Il diffuse une musique douce en fond sonore et, à un moment donné, me tend un petit paquet de mouchoirs. Je les accepte et le remercie, déchirant le paquet pour me tamponner les yeux.

Il se gare sur le parking et s'arrête devant le bureau de location. J'expire profondément pour tenter de me calmer avant de sortir du véhicule.

« Je dois juste récupérer la clé, et ensuite je reviendrai pour tout sortir. », je m'arrête à sa vitre baissée pour lui parler.

« Je m'en occupe pour vous, mademoiselle. », répond-il.

Je fronce les sourcils tandis qu'une vague de panique me traverse. Sans doute grâce au fait que Hyunjin et moi avons commencé à regarder Abyss l'autre soir. Je peux presque voir les gros titres maintenant : une fille emménageant dans un nouvel appartement brutalement assassiné par son chauffeur. J'avais pris pour acquis la sécurité que je ressentais en vivant avec mon ex, puis à la maison SKZ. Je n'ai jamais été aussi seule.

« Ce n'est pas grave, mais merci. », je décline poliment son offre.

« Eh bien, ce jeune homme m'a donné quelques centaines d'euros pour que je fasse tout le gros du travail à votre place. », m'informe-t-il.

Je réalise alors que c'est de cela que Chan a dû parler. Pourtant, je me sens mal à l'aise à l'idée d'accepter l'aide d'un inconnu. Sans parler du fait de lui faire savoir où je vais vivre, toute seule.

« Il m'a dit de lui envoyer un message dès que je serais arrivé ici sain et sauf, », poursuit-il, « et il a été très clair que si je tentais quelque chose d'immoral, lui et tous les autres types de cette maison viendraient me chercher et me feraient regretter. Il a dit qu'ils avaient les ressources pour le faire aussi. »

Je lâche un petit rire et secoue la tête à cela. Cela me fait chaud au cœur de savoir que Chan voulait s'assurer que je sois bien prise en charge, puisqu'il ne peut pas être là pour le faire lui-même. Pourtant, cela me fait mal de penser que je ne peux même pas envoyer un message à Chan ou Hyunjin pour leur faire savoir que je suis arrivée jusqu'ici.

« J'ai une femme et des enfants à mes côtés. Je pense qu'ils apprécieront que je sois encore en vie quand je reviendrai. »

Je lui offre un sourire aimable, mais choisis néanmoins de faire preuve de prudence.

« Vous pouvez les emmener jusqu'à l'ascenseur à l'intérieur, mais je m'occuperai du reste du chemin. »

« D'accord. », acquiesce-t-il et sort de la voiture.

Alors que je me dirige vers le bureau de location, il commence à sortir mes affaires et à les transporter dans l'immeuble.

Une heure plus tard, j'ai la clé de mon nouveau logement et j'ai tout emporté à l'intérieur. Au début, je reste là, seule. C'est étrange. C'est trop calme. Je suis tentée de me jeter sur le lit et de me perdre dans la tristesse de tout cela, mais je résiste. Je dois être productive.

Je me mets au travail pour déballer mes affaires, en m'arrêtant de temps en temps pour préparer une commande de produits d'épicerie et d'articles ménagers dont j'aurai besoin chaque fois qu'ils me viennent à l'esprit. Ce n'est que vers 21 heures, lorsque j'ai commandé des plats à emporter et que je suis assise sur le canapé, en train de manger en silence, que tout commence à me frapper à nouveau.

Les larmes coulent par vagues et je repousse ma nourriture, perdant soudainement l'appétit. Je serre mes genoux contre ma poitrine, je me balance et je souhaite que les pensées et les souvenirs s'effacent tout simplement de mon esprit. Mais ils ne vont nulle part. Pas pour un moment.