Chapitre 4. Maxime : Le chaperon quoi ?

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Je n'ai jamais cru au prince charmant,
Ni à la bête qui se transforme en homme,
Tu m'appelle Cendrillon,
Mais je n'ai rien d'une princesse qui peut être sauvée.

Cole fulmine, son visage exprimant une colère palpable. Ses traits se durcissent. Cependant, une lueur d'amusement émergea dans ses yeux, transformant sa colère en une forme de défi.
— Très bien, Maxime.
Il se retourne vers les autres.
— Allez, le cours est fini ! rentrez chez vous, et les filles faites vous belle.
Déjà ? Mais c'est pas encore l'heure. Et puis, comment ça, faites vous belle ?
Il est vraiment dérangé ce type.
Je suis là, perplexe, me demandant pourquoi Cole annonce la fin du cours alors qu'il reste encore une heure. Je m'adresse à Alyssia, cherchant une explication
Alyssia me sourit, comprenant ma confusion.
— C'est une sorte de tradition ici, elle commence. C'est un truc qu'ils appellent le "Le chaperon rouge".
— MDR, et du coup il ne faut pas sortir la nuit sinon le loup passe ? je dis en rigolant.
— Presque, ça se passe chaque mercredi soir, c'est comme une secte, elle rigole. Tu vas trouver ça dingue mais un groupe de mecs se font appeler les loups, bien sûr c'est réservé au riches. En tout, il y a 14 loups.
Elle fait une pause et me regarde, essayant de comprendre si je suis toujours.
— D'accord, déjà rien que ça, c'est chelou.
Elle rigole.
— Chaque mercredi soir les loups sélectionnent chacun une fille qui n'est pas du cercle des riches, genre toi ou moi, ils lui offrent un objet rouge, ça peut être un collier, une casquette, un vêtement, une fleur..., et si elle accepte, elle se fait kidnapper le jeudi, n'importe quand dans la journée.
QUOI ? Mais, c'est du grand n'importe quoi !
J'ai l'impression qu'elle me spoil un film. C'est complètement dingue, je savais que les riches avaient un grain, mais là, ils sont complètement fêlés. Dérangés. Tarés. Cinglés.
— Et après ils les amènent dans la forêt voir mère grand, je dis sarcastiquement.
Mais sérieusement, c'est quoi ce délire ? On dirait une histoire sortie tout droit d'un film loufoque.
— En fait on ne sait pas où il les amène et elles non plus car elles ont les yeux bandés, mais ce qui est dingue, c'est que là-bas tous les riches se regroupent dans un endroit inconnu, pour faire des courses de motos, en binôme avec la fille qu'ils ont choisie.
Des courses de moto.
Des images me reviennent en tête.
L'odeur. La boue. Les sauts. Les dérapages. Le bruit des moteurs. Moi, dans les gradins avec ma mère. Les commentateurs.
— Maxime ? Ça va ? Me demande Aly, me sortant de mes pensées.
— Oui, excuse moi, elles sont où exactement ses courses ?
Il faut que je les vois. C'est un besoin irrépressible. Je dois voir ses courses, y participer, j'oublie l'histoire des loups, je ne pense qu'aux courses. Je me sens vertigineuse à l'idée qu'il y ait des courses de moto dans cette ville.
— On ne sait pas, pour certaines ça fait des années qu'elles participent car elles sont choisies à chaque fois. Ils savent quelles filles sont les meilleures coups ahah. Mais même elles ont les yeux bandés à chaque fois...  D'ailleurs, le jeudi le rouge est interdit, à part pour celles qui ont reçu un cadeau rouge, elles, sont obligées de le porter, pour qu'on sache quelles filles sont sélectionnées.
Il faut que je sois sélectionnée, je n'ai pas le choix, je dois participer à ces courses, il le faut, obligatoirement.
— Et si les filles refusent ? je demande.
Alyssia rigole.
— Aucune fille ne refuse, Maxime. Parmis les mecs qui participent, il n'y a que les plus riches et les plus sexy, refuser serait une erreur.
— Et, tu sais qui participe ? j'aimerais bien y participer.
Aly éclate de rire.
— T'es trop ambitieuse toi. Mais bon, si tu y tiens temps... Demandes à ton colocataire, le prince charmant.
Cole.
Allongée sur mon lit, je ressens chaque centimètre carré du matelas sous mon corps épuisé. Mes cheveux, délicatement ondulés, s'étalent en cascade sur l'oreiller. Les mèches rebelles caressent doucement mon visage, témoins silencieux de la journée tumultueuse que je viens de vivre. Mes yeux, d'un bleu profond, reflètent une lueur de perplexité mêlée de fatigue.
Vêtue d'un simple tee-shirt blanc, mes épaules se découvrent légèrement, offrant un contraste avec l'obscurité de la pièce. Un pantalon de pyjama ample et décontracté complète ma tenue du soir, soulignant l'envie de laisser derrière moi la sophistication imposée par ce nouveau monde. Mes pieds, nus et libérés des chaussures, reposent en légèreté sur la couverture.
Mes pensées tourbillonnent dans ma tête comme des feuilles emportées par le vent. Dans cette chambre impersonnelle, je revis les moments de la journée, mais un souvenir particulier émerge de l'obscurité de ma mémoire.
C'était une journée de boue et d'adrénaline, où l'odeur enivrante d'essence se mêlait à la terre humide. Sur cette piste, un pilote intrépide, faisait vrombir sa moto avec une maîtrise impressionnante. Les virages étaient des ballets effrénés, les rugissements des moteurs résonnaient comme une symphonie rebelle.
Mes yeux écarquillés captaient chaque instant, absorbant l'énergie brute qui émanait de ces machines déchaînées. Les cris des spectateurs, la boue éclaboussant en rythme, tout contribuait à cette atmosphère palpitante. C'était un tableau saisissant de liberté, un moment où le monde semblait simple et authentique.
Pourtant, même dans cette félicité, une mélancolie pointait. Ce souvenir était un rappel d'une époque où la vie était moins complexe, moins teintée de superficialité. Un soupir m'échappe alors que je m'accroche à cette image, un fragment du passé où la passion pour la moto transcende les barrières du présent.
Mes convictions, forgées dans la simplicité de ma vie à Seattle, sont mises à l'épreuve dans ce monde étrange où tout semble être un jeu de rôle, où la richesse et la pauvreté se mesurent à des règles que je peine à saisir.
La soirée s'étire, et alors que je repose mon téléphone, une notification Instagram attire mon attention. Alyssa Rodriguez souhaite me suivre, et sans hésiter, j'accepte la demande et lui renvoie la pareille. Un sourire naît sur mes lèvres devant son profil : des photos confiantes, une assurance qui transparaît dans chaque cliché.
Le message d'Alyssa me fait rire.
"Alyssa : Alors un prince charmant est venu t'offrir une rose rouge ?"
Un commentaire teinté d'humour sur notre échange sur Cole aujourd'hui. Je ne peux m'empêcher de répondre avec légèreté, lui confiant que je n'ai pas encore trouvé de prince charmant, mais que les roses rouges ne sont pas ma tasse de thé.
Cependant, mes pensées dérivent bientôt vers l'extérieur. Intriguée par l'idée qu'il pourrait se rendre à la recherche de son chaperon rouge avec sa propre machine, je m'approche de la fenêtre. La nuit enveloppe le manoir, mais mes yeux cherchent avidement l'ombre familière de Cole. Une lueur d'espoir me pousse à espérer le vrombissement d'un moteur, à retrouver l'odeur familière de l'essence, à me replonger dans le frisson de l'inconnu. La moto, une vieille compagne de mes souvenirs, me manque plus que jamais.

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