Chapitre 2. Maxime : La prison dorée.

18 3 0
                                    

Cole, cet inconnu, renversant, foudroyant
N'aura pas raison de moi,
Pas question de plier, de courber l'échine,
Avec lui, aucune alliance, aucune incline.

Je me retrouve dans cette dépendance, un véritable havre de luxe aux dimensions bien supérieures à ce dont nous avions l'habitude à Seattle. Deux chambres spacieuses, un salon élégant, une salle de bain étincelante, et une cuisine équipée comme sortie tout droit d'un magazine de décoration.
Dans la première chambre, un grand lit orné de draps doux et moelleux occupe une place centrale, flanqué de chaque côté par des tables de chevet assorties. Les rideaux opulents encadrent les fenêtres, permettant à la lumière naturelle de filtrer délicatement dans la pièce.
La deuxième chambre est plus petite, mais elle n'est pas en reste en termes de sophistication. Un coin salon confortable, un bureau élégant et des œuvres d'art discrètes créent une atmosphère chaleureuse et accueillante.
Le salon, quant à lui, est agrémenté d'un canapé luxueux, de fauteuils assortis et d'une table basse élaborée. La télévision à écran plat trône au-dessus d'une cheminée décorative, ajoutant une touche de confort moderne.
La salle de bain est un sanctuaire immaculé avec une baignoire autoportante, une douche à l'italienne et des accessoires brillants qui reflètent le luxe.
La cuisine est équipée des derniers appareils électroménagers, des plans de travail en marbre et des armoires sophistiquées. C'est un espace digne des meilleurs chefs.
Je suis à la fois ébahie et décontenancée par ce niveau d'opulence. Cette dépendance est bien plus qu'une simple résidence secondaire, et je commence à me demander quel genre de vie nous attend dans cette "prison dorée".
La route a été une épreuve, une sorte de marathon automobile, où chaque kilomètre a décidé de faire durer le plaisir. Mes muscles, désormais experts en endurance routière, ont protesté contre cet acharnement. Enfin arrivée dans cette nouvelle demeure, je me suis précipitée vers la douche, espérant que l'eau chaude pourrait effacer la fatigue insidieusement accumulée.
Sous le jet revitalisant, chaque goutte semblait emporter avec elle une partie du fardeau des heures passées en voiture. Mes doigts, devenus experts en massage capillaire, ont entrepris de libérer mon cuir chevelu des tensions de la route. La chaleur de l'eau apaisait mes muscles endoloris, mais mon esprit restait en ébullition, jonglant entre l'excitation et l'appréhension de cette nouvelle étape. C'était comme si l'eau avait réussi à laver la fatigue physique, mais pour ce qui est de la fatigue mentale, elle semblait résister farouchement.
Pendant ce temps, ma mère, chef cuisinière improvisée, maniait les ustensiles dans la cuisine, préparant probablement une potion magique pour satisfaire nos estomacs affamés. Les effluves alléchantes emplissaient l'air, transformant la cuisine en un sanctuaire gastronomique.
Ma nouvelle vie à San Madenas s'annonçait déjà comme une expérience pour le moins intéressante.
Après tout, qui ne rêve pas de déménager dans une ville où le simple fait de respirer l'air semble être un privilège réservé à l'élite ?
Sarcastiquement vôtre, Maxime.
Après une douche qui rivaliserait presque avec un spa cinq étoiles, je me suis attaquée à la mission capillaire. Mes longs cheveux ondulés, dignes d'une publicité pour shampooing, ont été brossés avec délicatesse.
Puis, il a fallu choisir la tenue parfaite pour un dîner en tête-à-tête avec ma mère. Mon choix s'est porté sur un pyjama d'une élégance rare, constitué d'un short d'une longueur qui pourrait être qualifiée de "minimaliste" et d'un tee-shirt jadis porté par mon père.
Le comble du glamour, n'est-ce pas ?
Le short, complice de mes longues jambes fines et agiles, est le parfait hommage à la mode nocturne dans ce manoir de luxe. Quant au tee-shirt orné d'une moto dans le dos, il rappelle l'époque où mon père était un homme libre...
Ainsi apprêtée, dans toute ma splendeur pyjamesque, je me suis dirigée vers le festin de quiche, prête à défier les conventions vestimentaires de la haute société californienne.
Après tout, qui a dit qu'on ne pouvait pas briller en pyjama dans un monde doré ?
Sarcastiquement stylée, Maxime.
Sortant de la salle de bain, fraîche comme une fleur des champs, je me suis laissée guider par l'irrésistible appel de la quiche lorraine. Ma mère, à la fois cuisinière talentueuse et magicienne culinaire, avait réussi à insuffler une délicieuse odeur de nostalgie à cette spécialité française.
Je m'assois à table avec ma mère, devant une quiche lorraine. Ma mère, toujours optimiste, tente de discuter de mon avenir, des possibilités que cette école pourrait m'offrir. Elle me regarde avec espoir, espérant que cette nouvelle vie californienne me réserve quelque chose de meilleur.
— Qu'est-ce que tu aimerais faire plus tard, Maxime ?
Un truc qui ne te plairas pas.
— Je sais pas.
— Tu as bien une idée ?
— Non.
Si.
— Je sais que tu m'en veux Maxime, mais c'est réellement pour toi que je le fais.
Je ne réponds pas et prends une bouchée de quiche, un goût familier qui me ramène à un voyage en France avec mon père... Je m'arrête net, ne voulant pas creuser ces souvenirs douloureux.
— Maman, je veux être comme papa
Sa réaction ne se fait pas attendre, et elle explose.
— Non, Maxime, hors de question que tu suives les traces de ton père !
Je reste silencieuse, observant sa frustration monter en flèche. Les souvenirs douloureux semblent remonter à la surface, alimentant sa colère.
Le repas se déroule dans un silence pesant, notre dispute en suspend, flottant dans l'air comme un nuage sombre. Une fois le dernier morceau de quiche englouti, je débarrasse la table dans un mutisme qui en dit long. Chacun de nous reste enfermé dans ses pensées, prisonniers de ce qui n'a pas été dit.
Finalement, j'ai besoin d'une échappatoire. Je glisse silencieusement vers ma fenêtre, ouvre le battant et m'assois sur le rebord. Mon portable à la main, je compose le numéro de Jade. Le paysage extérieur semble s'estomper alors que la voix joyeuse de ma meilleure amie résonne dans mes oreilles. La nuit s'étend devant moi, pleine de mystères et de promesses, loin de la réalité complexe qui m'entoure.
Jade, c'est mon phare dans cette obscurité nouvelle. Elle est bien plus qu'une amie, elle est ma bouée de sauvetage, ma complice depuis toujours. Rencontrées à l'âge tendre de trois ans lors de cours de danse, nous n'avons jamais cessé d'être inséparables. De longues conversations nocturnes, des fous rires incontrôlables, des secrets partagés : tout cela façonne notre amitié solide comme un roc.
Elle est la personne qui me comprend le mieux, qui connaît chaque recoin de mon être, mes doutes et mes rêves. En cet instant, ma chambre devient une scène virtuelle où nos confidences se mêlent à la douce mélodie de notre amitié, me rappelant que, malgré la distance, Jade reste mon ancre dans cet océan inconnu.
— Salut, ma Jade! Ça y est, je suis coincée dans cette ville, tu sais, là où même les pigeons portent des cravates.
— Coucou Max ! No way! C'est pas vrai !
— Eh si, que le cauchemar chez les Winslow commence.
— Les Winslow ? Connaît pas. C'est qui, encore ?
— Juste la famille qui possède toute la ville. La maison ressemble à un château, et je parie qu'ils ont un dragon de garde quelque part.
— T'as vu le dragon ?
— Non, mais j'ai vu le prince charmant.
— No way ! Dis-moi, il a l'air comment ce prince charmant ?
— A tout sauf un prince, je dis en rigolant, il ressemblait à un surfeur rebelle, mais avec sa chemise à un trou du cul.
Nous explosons de rire, ça fait du bien, de rigoler et d'entendre Jade.
Installée sur le rebord de ma fenêtre, les pieds balançant dans le vide, la pénombre régnant dans ma chambre, je discute avec Jade. Ses mots flottent dans l'air, légers et énergiques.
— Haha, Maxime, tu peux pas t'en empêcher...

IntrépideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant