Chapitre : 27. Cole : Pense à ta famille.

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Maxime,
Je dois m'éloigner, c'est la seule option.
Ça me tue, mais c'est pour le mieux.
Je peux pas la laisser approcher plus.

Je rentre chez moi après avoir déposé Maxime. J'ai vu sa mère, cette furie, lui faire la morale sur sa sortie en moto. Elle se la joue à la maman poule, alors que mes vieux, eux, n'ont même pas bronché. Comme d'habitude. Ils sont là, mais on dirait qu'ils n'en ont rien à foutre de ce que je fais. Ça m'énerve, mais en même temps, je m'en fous.
Dès que la porte se ferme, je me fais gifler par mon père. Sa main claque contre ma joue, et je peux sentir la brûlure.
— Comment peux-tu fréquenter la fille de notre femme de ménage ?
Il insiste pour que je le regarde dans les yeux, et putain, ça m'énerve.
Il ne laisse rien passer.
— Tu es le fils de l'homme le plus riche de cette ville. Tu dois épouser une femme avec qui nous pourrions faire des accords financiers. Ce serait une honte si quelqu'un apprenait ça. 
Je lui lance un regard noir, mais au fond, sa colère me fait mal. Je déteste qu'il s'immisce dans ma vie.
— Elle n'est rien pour moi, je crache, la colère bouillonnant en moi.
C'est juste une fréquentation, rien de sérieux, n'est-ce pas ? Je me dis ça pour me rassurer. Mais quand je vois le regard de mon père, je sens une petite voix dans ma tête qui me dit le contraire. Et cette voix, elle me fait chier.
— Es-tu sûr ?
Il me scrute comme s'il pouvait lire dans mes pensées. Je sens la pression monter.
— Bien sûr que oui, je réponds, ma voix un peu plus forte que je ne le voulais.
Mais est-ce que je le pense vraiment ? Cette question tourne en boucle. Est-ce que Maxime est plus qu'une simple fille pour moi ? Je ne sais pas.
— Il y a un tas de filles avec qui je fais des choses pas catholiques, je lâche, essayant de paraître détaché, comme si ça ne m'importait pas. Si je ne vous la présente pas, c'est parce qu'elle n'est rien pour moi.
Mon père acquiesce lentement, un regard méprisant sur son visage.
— Alors soit plus discret. Il ne faut pas que personne vous voie ensemble faire vos affaires.
Ces mots me font grincer des dents. Je sais qu'il a raison d'un certain point de vue, mais ça me fait chier qu'il considère Maxime comme une affaire à cacher, comme un vilain secret. Je sais qu'il a toujours voulu que je sois un modèle de perfection, un héritier sans tâche, mais tout ça commence à me peser. J'ai l'impression de jouer un rôle que je ne veux pas jouer.
Je me contente d'hocher la tête, comme si je suis d'accord, alors qu'au fond, je commence à me demander si Maxime n'est pas plus qu'un simple coup d'un soir. Mais je suis trop têtu pour l'admettre, même à moi-même.
Je monte dans ma chambre, la porte se refermant derrière moi comme un bouclier contre le monde extérieur. Une fois à l'intérieur, je me laisse tomber sur mon lit, mes mains venant se poser sur mon visage. Je suis fou de rage. La colère gronde en moi comme un orage imminent, menaçant d'exploser à tout moment.
Mon père a raison, après tout. Maxime n'est qu'un passage, une distraction passagère. Il y a un tas de belles filles dans cette ville, des filles qui pourraient m'apporter des alliances, des avantages. Pourquoi je m'attarde sur elle, alors ? Pourquoi est-ce que son sourire continue de hanter mes pensées, même après tout ce que je viens d'entendre ?
Je prends une profonde inspiration, tentant de calmer le tumulte à l'intérieur de moi. J'essaie de me convaincre que je ne devrais même pas penser à elle, que c'est juste une phase. Mais en ce moment, tout me semble si compliqué. C'est comme si je m'enfonçais dans un labyrinthe dont je ne peux pas sortir.
Je me redresse légèrement sur mon lit, une vague de frustration m'envahissant. Depuis quand j'écoute ce que dit mon père, de toute façon ? C'est vrai, il a toujours été un connard. Il n'a jamais eu un seul moment heureux avec moi, jamais un geste de soutien ou de fierté. Juste des reproches, des exigences et cette éternelle pression de son statut.
Je ne devrais pas me soucier de ce qu'il dit. Maxime est... différente. Elle n'appartient pas à ce monde que mes parents veulent me forcer à embrasser. Et pourtant, elle me fascine, m'intrigue. Je suis là, à ressasser les mêmes pensées, à me demander pourquoi je me sens si déchiré entre ses attentes et ce que je ressens vraiment. C'est un putain de casse-tête, et je suis fatigué d'y penser.
Je repense à ce que je lui ai dit, ce secret que je pensais enfermer à jamais dans ma tête. Et elle, elle l'a pris, l'a analysé, puis m'a répondu avec une sagesse que je ne comprends pas vraiment. Comment elle a su quoi dire, quoi faire ?
Il n'y a pas un moment où elle n'a pas su naviguer dans mes émotions, où elle ne m'a pas fait sentir que j'avais le droit de parler. Je me demande si c'est ça, la force qu'elle a. Elle est comme un phare dans ce monde sombre, et je suis juste un con perdu dans l'obscurité. Elle ne me juge pas, elle ne se détourne pas de moi, même quand je lui montre mes pires côtés.
Mais est-ce que je peux vraiment lui faire confiance ? Est-ce que je peux lui ouvrir mon cœur sans craindre qu'elle ne me rejette ? Je me sens vulnérable, et c'est une sensation qui me dérange. Je secoue la tête, essayant d'éliminer ces pensées. Peut-être que je me complique la vie. Peut-être que je devrais juste laisser tomber, oublier qu'elle existe, comme je le fais avec tant d'autres filles. Mais Maxime... elle est différente. Et ça, c'est ce qui me terrifie le plus.
Le lendemain matin, je suis coincé à l'arrière de la bagnole de mon père, et franchement, l'ambiance est à chier. Je me penche pour attraper la poignée de la portière, mais elle est verrouillée. Génial. Je lève les yeux vers lui dans le rétro, et je le vois me fixer comme un vautour.
— Surtout, n'oublie pas,  commence-t-il, avec ce ton que je déteste. Amuse-toi avec elle, mais ne te fais pas repérer. Pense à ta famille.
Ses mots résonnent dans ma tête, comme une mauvaise mélodie. Je hoche la tête, mais ça ne fait que me foutre encore plus en rogne. Comme si je pouvais juste faire semblant que tout va bien.
Quand la porte s'ouvre enfin, le froid d'automne me frappe en pleine face. Je frissonne, et pour une seconde, je suis heureux d'être dehors, loin de ce discours à la con. Les feuilles tombent, des éclats de couleur qui me rappellent que la vie continue, même si mon père se croit tout-puissant.
Je fais un pas, l'air frais m'enveloppe, mais ça ne suffit pas à chasser la frustration qui m'envahit. Je ne veux pas être ce fils à papa qu'il veut que je sois. Je veux juste être Cole, sans toutes ces conneries qui viennent avec. En marchant vers le lycée, j'essaie de ne pas penser à lui.
Je déteste mon père. Je déteste ce monde dans lequel je suis coincé. Je m'engouffre dans la cour du lycée, et tout ce que je vois, c'est cette putain de façade de richesse et de privilèges. Maxime, elle, elle a de la chance. Elle peut faire ce qu'elle veut, avec qui elle veut. Elle n'a de comptes à rendre à personne. Elle n'a pas à se soucier des convenances et des apparences comme moi.
Je me fous de ce qu'on attend de moi, de ce que les gens pensent. Ce monde de riches me file la nausée. Des parents qui s'en foutent de leurs gosses, des sourires en façade, et une vie pleine de commodités que je n'ai jamais demandées. C'est comme si chaque instant était scripté, comme si je devais jouer un rôle dans un film merdique.
Je repense à Maxime, à sa façon d'être, à sa vraie vie. Elle ne joue pas un rôle, elle vit. Si seulement je pouvais prendre son élan, fuir cette existence où je suis toujours surveillé, où je dois faire attention à chaque geste. Ça me rend fou. La liberté qu'elle a, c'est ce que je veux. Pas cette vie de faux-semblants, mais quelque chose de vrai, de brut.
Je continue de marcher, mon cœur battant dans ma poitrine. Peut-être que je devrais juste ignorer tout ça, juste être moi-même, au moins quand je suis avec elle. Mais dans un monde comme le nôtre, c'est plus facile à dire qu'à faire.
Je repère Summer, Chase et quelques gars de mon coin. Je fais un signe de tête, un peu trop nonchalant, comme si tout allait bien. Mais ma tête est ailleurs. J'aperçois Maxime au loin, en train de discuter avec Alyssa et Ethan. Mon cœur rate un battement, mais je détourne le regard. Pas le temps pour ça.
Peter, un de mes potes, commence à me parler de la prochaine soirée à la chapelle. Il est excité comme un gosse devant un sapin de Noël.
— Tu sais déjà qui tu vas choisir comme Chaperon rouge ?
Il me regarde avec un sourire de connard, sûr de son charme. Je fais semblant d'être intéressé, mais tout ce qui me passe par la tête, c'est que Maxime n'est pas dans cette conversation. Je ne devrais même pas penser à elle.
— Moi, peut-être Summer, elle est bien sexy cette année, il-dit.
Il ricane, et je hoche la tête, feignant l'enthousiasme. Mais à l'intérieur, c'est le vide. Je me demande ce que ça fait de la choisir, de l'emmener dans un monde que je ne veux même pas vraiment fréquenter.
— Et toi, Cole ? T'as pas encore choisi ?  Peter insiste, comme si ça m'intéressait.
Je hausse les épaules, désintéressé.
— Je vais voir, on n'est pas encore à la soirée.
Soudain, un coup de vent frais me frappe, me faisant frissonner. Dans la brise, il y a ce parfum, celui de Maxime. Je me retourne, et là, à un mètre de moi, elle passe. Ses cheveux volent légèrement, et je ne peux pas m'empêcher de l'observer. Elle marche avec cette assurance, se dirigeant vers son casier. Mon cœur rate un battement, mais une petite voix dans ma tête me dit de rester ici, de ne pas la suivre.
Je me demande pourquoi je ne bouge pas. Pourquoi je ne l'appelle pas ? C'est comme si un fil invisible me retenait en arrière. Peut-être que je n'ai pas envie de faire face à la question qui me taraude depuis un moment : qu'est-ce que je ressens pour elle ? C'est un putain de dilemme.
Alors que je la regarde, elle se penche légèrement pour ouvrir son casier. Chaque mouvement est hypnotisant. Je me perds dans mes pensées, jonglant entre le désir de la rejoindre et la crainte de ce que cela impliquerait. La vérité, c'est que je ne suis pas prêt à affronter tout ce que Maxime représente. Elle est tout ce que je déteste et, paradoxalement, tout ce que je veux. Je suis coincé dans cette lutte intérieure, incapable de décider.
Seul moi sais ce qui se cache sous ces vêtements bien trop larges. Elle pense peut-être que c'est un style, mais je sais que c'est sa façon de se protéger. C'est drôle, vraiment, comment elle se cache derrière ce tissu, tout en étant si exposée à la fois.
La cloche sonne, et je me dirige vers ma salle de classe, concentré sur ce qui m'attend. La journée se déroule comme un enchaînement de pensées floues, mais j'essaie de garder le cap. Je dois résister à Maxime, à cette attirance qui me bouffe de l'intérieur. Au fond, je me dis que je réussis plutôt bien.
L'après-midi arrive et avec elle, le cours d'escalade. Génial. Mon ultime test de la journée. Je sais que je vais devoir faire face à elle, à cette énergie électrique qui passe entre nous, comme une promesse inachevée. Je peux déjà l'imaginer en train de grimper, ses mouvements fluides et naturels, son regard concentré. Bordel, pourquoi je pense à ça ?
Je rentre dans la salle d'escalade et prends une grande inspiration, espérant que ça me donnera la patience de tenir cette heure sans me laisser distraire. Je passe en revue la classe d'un regard, lâche un « Bonjour à tous » détaché, puis j'explique les consignes du jour, ma voix résonnant un peu trop sèchement à mon goût.
Je balaie la salle, mon regard s'arrêtant un instant sur Maxime, bien malgré moi. Elle est au fond, à côté d'Alyssa, et je m'efforce de ne pas la fixer. C'est presque trop évident qu'elle sait que je l'ai vue. Les binômes se forment, et je commence à passer en revue les harnais, m'approchant d'un groupe après l'autre, vérifiant chaque attache.
Finalement, j'arrive à elle. Elle a ce regard qui ne me lâche pas, et je peux sentir cette tension sourde, suspendue entre nous. Je me concentre sur la sécurité du harnais, en faisant de mon mieux pour éviter son regard. Mes doigts vérifient les attaches, je tire légèrement pour m'assurer que tout tient. Elle retient son souffle, comme figée à chaque mouvement de mes mains.
Sans un mot, je relâche le harnais et passe au groupe suivant, mes doigts encore étrangement marqués de la sensation du contact.
Je me recule et donne l'ordre de monter. Mon ton est neutre, froid, presque militaire. Je sens son regard planté sur moi et je ne peux pas m'empêcher de le capter, une fraction de seconde. Elle a ce regard interrogateur, presque vulnérable, et ça me tue.
Ce qu'elle ne sait pas, c'est que chaque fois qu'elle me regarde comme ça, j'ai juste envie de balayer toutes ces barrières que je m'efforce de dresser. Juste de l'embrasser et d'envoyer tout ce monde au diable. Mais ça ne peut pas se passer comme ça, alors je détourne le regard. Je sais que ça va la blesser, qu'elle va se dire que je m'en fous. Mais c'est mieux ainsi. Je ne peux pas me permettre de m'attacher, surtout pas à elle. Pas quand mes parents seraient capables de me briser pour ça.
Elle n'est pas une fille que mes parents toléreraient.
Le cours se termine enfin. Les élèves rassemblent leurs affaires dans une agitation bruyante, s'éparpillent vers les vestiaires en riant et discutant, les cordes d'escalade traînant encore ici et là. Je reste immobile au centre de la salle, observant le chaos qui s'éteint peu à peu jusqu'au silence complet. Seul.
J'en profite pour noter quelques remarques sur les progrès de chacun, rassemblant mes affaires en vitesse, histoire de partir avant qu'elle ne décide de traîner par ici.
Mais forcément, la porte derrière moi grince.
Les derniers échos de voix s'éloignent dans le couloir, laissant seulement le bruit de ces pas-là, calmes, assurés... et beaucoup trop familiers. Je serre les dents, murmure un :
— Merde, à peine audible.
La dernière chose dont j'ai besoin maintenant, c'est de sentir Maxime à quelques mètres derrière moi.
La voix de Maxime surgit, tranchante et à peine moqueuse :
— Oui, merde.
Je me fige, dos tourné, en sachant qu'elle se tient là, juste derrière moi, bras croisés peut-être, prête à sortir une réplique qui me fera regretter d'avoir traîné ici une seconde de trop.
— Tu comptes continuer à m'ignorer comme ça toute l'année, ou tu te décides à me parler ? ajoute-t-elle, d'un ton défiant.
Je respire profondément, sans me retourner.
— T'as pas un vestiaire à rejoindre, Maxime ?
Elle lâche un léger rire, évidemment pas prête à se laisser balayer d'un revers.
— Je peux savoir ce qui te prends, Cole ?
Je me retourne à contrecœur, conscient que je vais devoir faire face à ce regard qui me fait perdre le fil, au joli minois qui me fait tourner la tête plus que je ne voudrais l'admettre.
— Rien, je réplique, l'air fermé.
Elle s'agace aussitôt, fronçant les sourcils et fonçant droit sur moi, un doigt accusateur planté vers ma poitrine.
— Tu te fous de moi, Cole ?! J'en ai marre de ton comportement lunatique, tu piges ?
Je lève les yeux au ciel pour garder mon calme, mais elle n'en démord pas, son regard brûlant planté dans le mien.
Je la regarde en silence, les bras croisés, les sourcils légèrement haussés. Son énervement monte d'un cran, et elle se plante encore plus près de moi, les yeux lançant des éclairs.
— Mais tu vas me répondre, bordel ?! s'énerve-t-elle, le poing serré comme si elle allait me frapper si je ne disais rien.
Je reste calme, la fixe sans broncher, comme si ses mots ne me touchaient pas. En vrai, je sens la tension entre nous, cette espèce de fil électrique qui pourrait claquer à tout moment, mais je refuse de lui donner cette satisfaction. Elle doit sentir cette distance que je mets volontairement, et je vois bien que ça l'agace encore plus.
Je la fixe un instant, immobile, avant de répondre, d'un ton presque nonchalant :
— Et toi, tu crois que t'es facile à gérer ? Sérieusement, Maxime.
Elle fronce les sourcils, prête à me lancer une réplique cinglante, mais je lève la main pour l'interrompre.
— Écoute, ce que tu prends pour du silence, c'est juste... moi qui essaie de mettre de la distance, ok ? Ça te paraît peut-être bizarre, mais c'est comme ça.
Je vois son regard se durcir, et malgré moi, je me force à sortir un léger sourire ironique. Il faut que ce soit convainquant.
— Mais faut croire que tu supportes pas qu'on te laisse un peu de côté, hein ?
Elle serre les poings, et son regard s'enflamme. Je sens que j'ai frappé juste, mais elle s'avance encore, se plantant devant moi.
— Je ne comprends pas, Cole ? Qu'est ce qui a changé ?
Elle s'énerve, mais je garde le visage fermé. Ça pique, ouais. La voir comme ça, agacée, blessée, ça fait mal. Mais je dois tenir bon, garder le masque. Pas de faiblesse pour une fille. Je tiens trop à Maxime, plus que je ne le devrait. Et, je ne dois pas laisser ça continuer, je dois la protéger de moi-même.
Dans sa voix, il y a ce quelque chose de blessé que je reconnais trop bien. Et c'est là que ça tape, juste là où ça fait mal. Mais j'ai pas le choix. Si je faiblis, si je laisse quoi que ce soit transparaître, je suis foutu. Ça serait trop facile de tout laisser tomber, de la laisser entrer. Pas question.
Je la fixe encore un instant, ma mâchoire crispée. Si elle savait ce que ça me coûte, mais elle ne saura jamais.
— T'es pas aussi importante que tu crois, Maxime.
Je sens l'impact de mes mots, je vois son regard se durcir, et même si ça me broie, c'est la meilleure chose que je puisse faire.
Je vois ses yeux briller d'une lueur que je ne veux pas reconnaître. Elle essaie de retenir ses larmes, mais chaque mot que je prononce lui enfonce un peu plus un poignard dans le cœur. Ça me fend le mien, mais je dois rester ferme.
— Je n'en attendais pas moins, elle murmure.
Elle tourne les talons, sa voix tremble légèrement, mais elle ne se retourne pas. Je la regarde s'éloigner, chaque pas qu'elle fait résonne dans ma tête comme un coup de tonnerre.
Le silence de la salle devient lourd. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, comme un idiot. Je devrais être soulagé qu'elle parte, mais je ne peux pas m'empêcher de penser que j'ai foutu en l'air quelque chose de précieux, même si je me persuade que c'est pour le mieux.
Alors qu'elle disparaît, je reste là, immobile. Ces mots résonnent en moi comme un coup de poignard. Elle a raison. Je viens de prouver tout ce qu'elle pensait de moi. Ce n'est pas juste une question de fierté, c'est une vérité que je déteste.
Mon père m'a récupéré, et le trajet jusqu'au manoir est aussi silencieux qu'un enterrement. Je suis dans ma tête, trop pour faire gaffe à ce qui se passe autour. Une fois dans ma chambre, je m'écroule sur mon lit, encore en train de ruminer cette discussion avec Maxime.
Je regarde le foulard rouge que je tiens entre mes mains, celui avec la rose brodée. Il est beau, symbolique, mais je ne peux m'empêcher de me demander à qui je vais vraiment l'offrir. Une partie de moi aimerait le donner à Maxime, pour lui montrer qu'elle compte vraiment, qu'elle est plus qu'un simple caprice. Mais en même temps, je sais que je ne peux pas faire ça. Pas avec elle.
Je fais rouler le tissu entre mes doigts, ma tête encore pleine de ses paroles. Une partie de moi me crie que je devrais juste oublier, mais cette autre partie, plus douce, me rappelle à quel point elle a été spéciale. Je ferme les yeux un instant, la douleur de la réalité me frappe.
Je me ressaisis, chassant les pensées qui m'emprisonnent. Je me lève d'un coup, déterminé. Ce soir, il faut que je choisisse un chaperon rouge. Je ne peux pas rester là, à m'apitoyer sur mon sort. Il faut que je reprenne le contrôle, que je me rappelle qui je suis.
Je quitte ma chambre, le foulard toujours en main, mais cette fois, je sais exactement qui je vais choisir. Je déambule dans le couloir, le cœur battant, pensant à cette fille qui saura me tenir à distance, celle qui ne me fera pas douter de mes choix. La nuit m'appelle, et je vais plonger tête la première dans ce que je fais de mieux : jouer et rester indifférent.

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