Chapitre 15. Maxime : Mon enfance d'aventurière.

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Quand je n'étais qu'une enfant,
Je faisais la course contre des garçons comme toi,
Je les observais me battre,
Pour plus tard, mieux les écraser.

— Sinon, c'était comment ton enfance, Miss Je-veux-devenir-journaliste ?
Je lève les yeux au ciel, sachant très bien qu'il attend une réponse qu'il pourra tourner en dérision.
— Oh, tu sais, la routine. Grimper aux arbres, explorer les moindres recoins de la ville, et bien sûr, faire des trucs de filles.
Il écarquille les yeux en feignant l'étonnement.
— Des trucs de filles ? Tu veux dire jouer à la dînette et rêver du prince charmant ?
Je ris, secouant la tête.
— Pas exactement. C'était plutôt des courses de vélo dans les rues et essayer de battre les garçons à leur propre jeu.
Il arque un sourcil, intéressé.
— Vraiment ? Et t'arrivais à gagner ?
Je me penche en avant, un sourire victorieux sur les lèvres.
— Plus souvent que tu ne le crois. Et toi alors ? Ton enfance dorée, c'était comment ?
Il se passe une main dans les cheveux, l'air faussement modeste.
— Oh, tu sais, des cours particuliers, des fêtes dans le manoir, et... un peu de temps à explorer les garages familiaux. Pas très excitant.
Je le fixe, cherchant une faille.
— Exploration des garages familiaux ? Ça sonne presque romantique.
Il rit doucement.
— Ouais, sauf quand on se fait attraper par le vieux gardien qui nous course avec son chien.
Je ne peux m'empêcher de rire à cette image.
— Toi, en train de fuir un chien ? Ça, j'aurais aimé voir.
Cole me lance un regard narquois.
— Je n'étais pas aussi rapide que maintenant. Et toi, j'imagine que tu devais être une vraie terreur pour les garçons du coin.
Je souris, me souvenant des batailles et des jeux.
— Peut-être. Disons juste que je savais comment me faire respecter.
Il hoche la tête, une lueur de respect dans les yeux.
— Ça, je n'en doute pas une seconde. Mais avoue que t'as quand même rêvé d'être une princesse, au moins une fois.
Je le dévisage, feignant l'offense.
— Moi, une princesse ? Jamais. J'étais bien trop occupée à imaginer être une aventurière.
Il sourit, mais cette fois, c'est un sourire plus doux, moins moqueur.
— Une aventurière, hein ? Je crois que ça te va plutôt bien.
Il y a un moment de silence, où je me perds dans ses yeux, avant de me ressaisir.
— Et toi, le petit prince du manoir, tu rêvais de quoi ?
Il semble hésiter, son sourire s'estompe un peu.
— J'imagine... de liberté. De pouvoir faire ce que je voulais, sans avoir à rendre de comptes.
Je le regarde, surprise par cette confession.
— Et t'as trouvé cette liberté, finalement ?
Il ne répond pas tout de suite, son regard se perdant un instant.
— Pas encore... mais je suis sur la bonne voie.
Un silence s'installe, chargé de non-dits, de questions que je n'ose pas poser. Je sens qu'il y a bien plus derrière ce sourire arrogant et ces taquineries. Et soudain, je me rends compte que, malgré tout, on se ressemble peut-être plus que je ne l'aurais imaginé.
Cole semble réfléchir, comme s'il hésitait à dire ce qui lui traverse l'esprit.
— Tu sais, commence-t-il, sa voix plus douce, je n'ai jamais vraiment parlé de mon enfance à quelqu'un. Pas sérieusement, en tout cas.
Je le regarde, un peu surprise par ce changement de ton.
— Pourquoi pas ?
Il hausse les épaules, son regard se perdant à nouveau dans la nuit par la fenêtre.
— C'est juste... compliqué. Quand tu grandis dans une famille comme la mienne, tout le monde s'attend à ce que tu sois... parfait. Tu deviens ce qu'ils veulent, pas ce que tu veux.
Je sens une pointe de tristesse dans ses mots. Je n'avais jamais vraiment pensé à ce que ça devait être, de grandir dans un manoir, entouré de toutes ces attentes.
— Ça ne doit pas être facile de porter autant de responsabilités si jeune.
Il hoche la tête, un léger sourire amer sur les lèvres.
— Ouais. On te dit toujours ce que tu dois faire, qui tu dois être. Ça devient étouffant. Alors tu fais des conneries, juste pour voir si quelqu'un te remarque pour autre chose que ta foutue perfection.
Je reste silencieuse un moment, réfléchissant à ses mots.
— C'est pour ça que t'as commencé à traîner dans les soirées à la chapelle faire des courses de moto ? Pour trouver un endroit où personne ne t'attendait au tournant ?
Il se tourne vers moi, visiblement surpris que j'aie saisi ça aussi vite.
— Ouais, exactement. Là-bas, j'étais juste... moi. Pas le fils Winslow, juste Cole, un gamin avec un casque et une obsession pour les moteurs.
Je souris doucement, sentant que ce Cole-là, celui qui parle maintenant, est bien plus réel que le garçon arrogant et sarcastique que j'ai rencontré.
— Ça doit être bien, de trouver un endroit où on peut être soi-même.
Il me regarde, ses yeux s'adoucissent un peu.
— Et toi, Max ? Qu'est-ce qui t'a amenée ici ?
Je sens mon estomac se nouer. C'est une question que j'ai évitée de nombreuses fois. Mais son regard est sincère, et pour une fois, je sens que je peux lui dire la vérité, du moins en partie.
— Ma mère voulait s'éloigner de tout ça. De la ville, des gens, du passé. Elle a décidé qu'on avait besoin de repartir à zéro.
— Le passé ? demande-t-il doucement, comme s'il pressentait qu'il y avait quelque chose de lourd derrière mes mots.
Je prends une profonde inspiration, hésitant un instant.
— Ouais... Disons qu'il y avait trop de souvenirs là-bas. Trop de questions sans réponses.
— Je comprends, il dit simplement avec un air sincère.
Puis, mon cœur bat plus vite que d'habitude, et je me rends compte qu'il est de plus en plus proche de moi. L'air entre nous semble plus chargé, chaque mouvement de Cole accentuant ce sentiment étrange.
Il se rapproche doucement, ses yeux fixés sur moi avec une intensité qui me fait me sentir vulnérable et exposée. La douceur qu'il avait quelques instants auparavant a laissé place à une expression plus sérieuse, mais toujours taquine. Sa présence est enveloppante, et je suis consciente de chaque petit mouvement qu'il fait.
— Alors, tu comptes faire quoi maintenant ? demande-t-il, sa voix douce et légèrement chargée d'une chaleur inattendue.
Je me sens soudainement consciente de la distance qui nous sépare, ou plutôt de celle qui s'amenuise à chaque seconde. Son visage est si proche que je peux voir les détails de ses traits, chaque ride légère, chaque ombre que la lumière crée sur sa peau. C'est comme s'il voulait lire en moi à travers cette proximité.
Je tente de garder mon calme, bien que je sois frappée par la proximité de son corps. Je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi cette simple présence me fait sentir à la fois angoissée et excitée. La chaleur de son souffle effleure ma peau, et je suis plongée dans un tourbillon de sentiments que je peine à comprendre.
—  Pourquoi t'es si curieux de mes occupations ? répliqué-je, mais ma voix trahit une légère nervosité, et je ne parviens pas à dissimuler l'effet qu'il a sur moi.
Cole me fixe intensément, un sourire amusé jouant sur ses lèvres. Il tend une main nonchalante pour jouer avec un brin de mes cheveux qui s'échappe de mon chignon. Le contact est léger mais provoque une décharge inattendue.
— Je sais pas, ça te dérange ? demande-t-il, sa voix basse et remplie de sous-entendus.
Son regard ne quitte pas le mien, et il y a une étincelle dans ses yeux qui me fait perdre mes mots.
Je me sens déstabilisée par cette attention, et je suis forcée de m'éloigner légèrement pour retrouver un peu d'espace personnel. Pourtant, je suis irrésistiblement attirée par la manière dont il se penche vers moi, comme s'il cherchait à capturer chaque réaction que j'ai.
— C'est pas une réponse, réplique-je, essayant de garder un ton léger, mais je sais que la question a plus de poids que je ne le montre. Je te repose la question, Cole. Pourquoi es-tu si curieux de ce que je fais ?
Il incline légèrement la tête, son regard se faisant plus doux.
— Parce que je trouve tout ce qui te concerne fascinant.
Son regard se fixe sur moi, et je perds à nouveau le fil de la conversation, emportée par l'ambiance qui s'est installée entre nous. Il y a une proximité presque palpable, une tension que je ne comprends pas entièrement mais que je ne peux ignorer.
Pour la première fois, je remarque combien ses gestes, ses paroles et même son regard semblent imprégnés d'une sorte de douceur inattendue. Chaque mouvement, chaque regard semble peser avec une signification plus profonde, et je suis prise entre l'envie de me rapprocher et la nécessité de garder mes distances.
— Tu n'as pas encore répondu non plus, murmure-t-il, son ton maintenant presque conspirateur, comme s'il partageait un secret. Que faisons-nous maintenant ?
La question flotte dans l'air, lourde de promesses non dites, et je me sens prise entre la tentation de dévoiler mes sentiments et la volonté de garder une façade de contrôle. Je le regarde, son visage si près du mien que je peux sentir la chaleur de son corps, et je me demande si ce moment pourrait bien changer tout ce que nous avons connu jusqu'à présent.
Je le regarde, un sourire amusé se dessinant sur mes lèvres malgré moi.
— Alors, c'est comme ça que tu t'y prends pour draguer toutes ces nanas ? dis-je, ma voix pleine de sarcasme mais aussi teintée de curiosité.
Cole se penche légèrement en avant, un sourire en coin qui montre qu'il est clairement diverti par ma question.
— Oui, mais apparemment, ça ne fonctionne pas comme ça avec toi, répond-il, ses yeux brillants d'une lueur espiègle.
Je hausse les épaules, feignant l'indifférence, bien que je sente mon cœur battre un peu plus vite à cause de la proximité.
— Pourquoi ? C'est ce que tu essayes de faire ? Je le regarde droit dans les yeux, attendant une réponse claire.
Il se contente de me fixer avec un sourire mystérieux, comme s'il savourait le jeu autant que je le faisais.
— Peut-être que oui, peut-être que non, dit-il avec une nonchalance qui cache à peine l'intérêt qu'il porte à notre échange. Il joue avec les mots, mais son regard trahit une intention plus sérieuse.
Je me frotte le menton, l'air pensive, mais je ne peux m'empêcher de me sentir légèrement flattée par son attention, même si je garde une façade de résistance.
— Je ne tomberai pas dans ton piège, répliqué-je en le défiant du regard.
Son sourire s'élargit, et il fait un pas plus près, réduisant encore la distance entre nous.
— Parce que ce n'est pas déjà le cas ? demande-t-il, sa voix pleine de sous-entendus et de charme.
La question flotte dans l'air, et je sens mon visage se réchauffer légèrement. Je déteste à quel point ses mots me touchent, et je dois faire un effort pour garder mon calme. Ses yeux sont tellement proches, leur intensité me faisant perdre mon souffle.
Je décide de ne rien répondre à ça.
Je détourne légèrement le regard pour masquer ma gêne croissante, mais je ne peux m'empêcher de me demander si, malgré mes efforts pour rester indifférente, il y a quelque chose de vrai dans ce qu'il dit. Il y a quelque chose de tellement séduisant dans la façon dont il me regarde, comme s'il voyait au-delà de mes défenses.
Cole continue de se rapprocher, et je sens mon cœur accélérer à chaque pas qu'il fait. Il est si proche maintenant que je peux presque sentir la chaleur de son corps contre le mien. Ses yeux, toujours fixés sur moi, me donnent une sensation d'étreinte invisible. L'air entre nous semble chargé d'une électricité palpable, et je lutte pour maintenir ma contenance.
Il penche légèrement la tête, un sourire amusé flottant sur ses lèvres.
— Alors, Maxime, dit-il, sa voix maintenant douce et presque murmure, qu'est-ce qui te retient vraiment ? Pourquoi es-tu si déterminée à garder cette façade ?
Je frissonne à la douceur de sa voix, et je ne peux m'empêcher de me demander si ce n'est pas un piège. Ses yeux étincellent d'un éclat mystérieux, et je suis plongée dans un tourbillon d'émotions contradictoires. Sa présence est enivrante, et malgré moi, je me sens attirée par lui.
— Je ne sais pas de quoi tu parles, Cole, dis-je, ma voix se voulant ferme mais trahie par une légère tremblement.
Il est tellement proche que je ne peux pas échapper à cette intensité qui émane de lui.
Sa main effleurant presque la mienne alors qu'il se penche un peu plus.
— Ne fais pas semblant, murmure-t-il, son souffle chaud caressant ma peau. Tu n'es pas vraiment indifférente, n'est-ce pas ?
Je me sens rougir sous son regard pénétrant, mes pensées s'embrouillent alors que je me débat avec mon désir de rester implacable. Son visage est si près du mien que je peux voir les détails de ses traits avec une clarté presque douloureuse.
Je respire profondément, essayant de rassembler mes pensées.
— Tu aimerais ? je demande, ma voix à peine audible. Admettons que ce soit le cas... ça ne veut pas dire que je vais te faciliter la tâche.
Cole esquisse un sourire satisfait, sa main se rapprochant encore un peu plus, comme s'il voulait capter chaque mot que je dis. Il semble savourer le moment, chaque seconde de cette tension palpable entre nous.
— Je n'ai jamais dit que ce serait facile, répond-il, ses yeux se plongeant dans les miens avec une intensité troublante. Mais je suis peut-être prêt à relever le défi.
Les mots flottent dans l'air, et je me sens prise entre l'envie de céder à cette attraction croissante et la peur de perdre le contrôle. Ses yeux, toujours ancrés dans les miens, semblent promettre quelque chose de profond et de passionné.
Puis, il se penche légèrement, et je vois son visage se rapprocher du mien. Mes yeux se ferment instinctivement alors qu'il se rapproche, et j'entends son souffle se faire plus léger, plus intime. Mon cœur semble s'arrêter un instant, suspendu à l'attente de ce qui va suivre.
Et puis, avec une douceur que je n'avais pas anticipée, Cole dépose un baiser léger sur mes lèvres. C'est un contact à la fois délicat et empreint de chaleur, un effleurement presque irréel qui m'enveloppe dans une vague de sensations nouvelles. Le monde extérieur semble disparaître totalement alors que ce baiser m'envahit.
Je reste figée, les yeux fermés, savourant la douceur de ce moment. Son baiser est à la fois tendre et chargé d'une profondeur que je ne peux pas tout à fait comprendre. La chaleur de ses lèvres contre les miennes me fait sentir une connexion que je n'avais pas anticipée, un mélange d'excitation et de confusion.
Quand je rouvre les yeux, Cole est toujours là, juste devant moi, ses yeux plongés dans les miens avec une intensité nouvelle. Il semble attendre une réaction, et je me retrouve à lutter pour reprendre mon souffle et mes esprits.
Et, sans que je puisse savoir pourquoi, j'attrape son visage entre mes mains et j'écrase mes lèvres sur les siennes.

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