55. Le mot interdit

52 0 0
                                    


Yuna

Je souffle profondément après m'être débarrassée d'Aless. Pourquoi Angel l'a-t-il envoyé pour me ramener chez moi ? Je ne comprends pas.

Je m'éloigne de la porte d'entrée et me dirige vers le salon. J'allume la musique, monte le volume au maximum, et commence à danser, doucement d'abord, puis de plus en plus énergiquement. Je saute, je crie les paroles, je laisse tout sortir. Ça me fait un bien fou. Je cours à travers l'appartement, mes pieds frappant le sol en rythme, puis je m'arrête un instant devant le miroir. Mes cheveux, négligés, attirent mon regard. Je repense au jour où mon géniteur me les a coupés. Ils ont bien repoussé depuis. Un sourire me vient.

Sur un coup de tête, je file à la salle de bain, attrape une vieille boîte de coloration blonde jamais ouverte. Toujours en chantant et dansant, je l'applique sur quelques mèches, presque au hasard. Je continue ensuite de bouger en préparant à manger avec ce qu'il me reste dans les placards. Pâtes aux champignons à la crème. Simple, mais réconfortant.

Pendant que ça mijote, je retourne au milieu du salon, me déhanchant sur les paroles de la chanson. Mais soudain, un bruit me fait sursauter. Je me fige, écoute attentivement.

*TOC TOC TOC*

Je baisse le volume, avance doucement vers la porte d'entrée et jette un œil par le judas. Quand je vois qui c'est, je fronce les sourcils, surprise. Qu'est-ce qu'elle me veut ?

J'ouvre la porte. Elle se tient là, accoudée au mur, l'air triste. Quand elle lève les yeux vers moi, elle sourit timidement.

- Je suis désolée Yuna.

-J'ai fait des pâtes aux champignons, tu en veux ? Dis-je, comme si notre dispute n'avait jamais existé.

Son sourire s'agrandit, et elle hoche la tête. Je m'écarte pour la laisser entrer.

Je me dirige vers la cuisine, retire la poêle du feu, puis retourne dans le salon. Sans un mot, je remets la musique et attrape sa main. Je l'entraîne au milieu de la pièce, sautant et dansant comme une folle. Elle rit doucement, se contentant de bouger les épaules au début, mais au fur et à mesure, elle me rejoint, sautant et riant à son tour. Nous dansons, libérées, oubliant tout pour un instant.

J'ai retrouvé ma meilleure amie.

Quelques minutes plus tard, nous sommes installées sur mon lit, nos assiettes de pâtes à la main, regardant Friends dans le calme. Elle finit par briser le silence.

-Yuna ? Murmure t'elle sa voix fragile.

- Ouais ? Je réponds doucement, sentant que quelque chose de lourd s'en vient.

- Je suis vraiment désolée. J'ai été une vraie conne, j'ai pris le parti d'Ace et je ne sais même pas pourquoi.

Sa voix se brise alors que ses larmes commencent à glisser sur ses joues. Je pose mon assiette sur la table de chevet et me rapproche, sentant mon propre cœur se serrer. Sans hésiter, je l'attire dans mes bras. Elle se raccroche à moi, comme si elle avait peur de tomber.

- Ça va, c'est fini. On s'en fout maintenant, dis-je doucement, mes mains caressant son dos pour la rassurer.

- Non, ça compte. Ma mère m'a dit que tu étais passée la voir, que tu étais mal à cause de moi. J'ai eu tellement honte mais tellement tu peux pas savoir.

Sa voix se perd, et je sens son corps trembler dans mes bras. Je la serre plus fort.

- Alors je suis allée parler à Ace.. et il a tout avoué. Tout. Cette fois, c'est lui que j'ai mis à la porte.

The True LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant