Le toit du lycée

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Ellie était assise sur le toit du lycée, une cigarette entre les doigts, comme à son habitude. Elle regardait le paysage sans vraiment le voir, le regard perdu quelque part entre le ciel et les bâtiments mornes de la ville. Ici, loin des rires et des murmures, elle pouvait enfin respirer, oublier les remarques blessantes qui la suivaient partout. Pour une fois, elle se sentait libre, loin des insultes murmurées dans les couloirs et des regards dédaigneux dans les vestiaires.

Le vent glacial du matin faisait voler quelques mèches de ses cheveux bouclés, coupés en un carré rebelle, toujours cachés sous une casquette portée à l'envers. Son style détonnait. Elle le savait, mais elle s'en fichait. Les autres filles étaient toujours impeccablement coiffées, bien habillées, délicates, surtout celles qui traînaient avec les populaires. Elle, elle passait son temps en sweat et en baskets, et ne cherchait à impressionner personne.

Pour Ellie, cet endroit du toit, presque désert, était une échappatoire, loin des remarques des gars de l'équipe de foot qui ne rataient jamais une occasion de lui dire qu'elle n'était « qu'une merde ». Les filles dans les vestiaires, elles aussi, ne manquaient jamais de la toiser comme si elle était une étrangère.

Ce n'était pas compliqué de comprendre pourquoi on la rejetait. Elle était "trop" masculine, trop "différente" avec son allure de garçon manqué et son attirance pour les filles. Ici, dans ce lycée, c'était suffisant pour être isolée. Personne n'essayait vraiment de la connaître. Elle n'était qu'une étiquette, « la lesbienne », « la rebelle », celle qui passait son temps à sécher les cours, celle qui était douée seulement en sport et qui répondait aux profs sans jamais se soucier de ce qu'on pensait d'elle.

En fait, c'était plus facile pour elle de se dire qu'elle s'en fichait. En vérité, elle ne savait même pas à quoi cela ressemblerait, que quelqu'un la voie pour qui elle était vraiment.

Le jour de la rentrée, pourtant, elle finit par quitter son refuge sur le toit, soufflant une dernière bouffée de cigarette avant de l'écraser sous sa chaussure. Elle rangea ses mains dans les poches de son blouson et descendit les escaliers vers sa classe, la tête basse. Elle détestait cet endroit, mais il fallait bien y retourner.

En tournant un couloir, perdue dans ses pensées, elle heurta quelqu'un de plein fouet. Instinctivement, elle rattrapa la personne par la taille pour l'empêcher de tomber. Lorsqu'elle leva les yeux, elle reconnut les grands yeux bleus et les cheveux blonds de Chloé Harris. La "Miss Parfaite", comme l'appelaient certains. Chloé était l'élève modèle, la fille du prof de sport, le seul adulte avec qui Ellie s'entendait vaguement bien au lycée.

Chloé la regarda, un peu éberluée, son visage rougissant légèrement.

"Ah, excuse-moi, Chloé," dit Ellie d'un ton détaché, en lâchant doucement sa taille.

"Non... c'est rien, t'inquiète pas," répondit Chloé d'une voix douce, les yeux baissés, visiblement un peu gênée. Elle remonta une mèche de cheveux derrière son oreille, évitant le regard d'Ellie.

Pendant un instant, elles restèrent là, à se dévisager maladroitement. Chloé semblait hésiter, mais finit par lancer un léger sourire, timide. Il y avait quelque chose dans son regard, une douceur et une honnêteté qu'Ellie n'avait pas l'habitude de voir. Elle détourna le regard, incertaine de ce qu'elle devait dire.

"Bon... à plus," marmonna Ellie, un peu embarrassée, avant de se détourner pour continuer son chemin. Mais elle sentit le regard de Chloé la suivre, ce qui la fit légèrement frissonner.

Plus tard, au moment de la pause déjeuner, Ellie se retrouva une fois de plus derrière le gymnase, un endroit tranquille où elle savait que personne ne viendrait l'embêter. Elle sortit une cigarette et alluma son briquet, profitant du silence.

Me and the DevilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant