Me and the Devil

Merci, Chloé.

Je me rends compte que, avec tout ce qui s'est passé, j'ai complètement délaissé Chloé. Elle doit se demander pourquoi je n'ai pas donné de nouvelles. Quand j'ouvre mon téléphone, une dizaine de messages de sa part m'attendent, tous envoyés hier. La culpabilité me serre le cœur ; elle compte vraiment pour moi, comme une petite sœur que j'aurais juré de protéger. Il faut que j'aille la voir.

En arrivant chez elle, je frappe doucement à la porte. C'est son père qui m'ouvre, le prof de sport, le seul adulte du lycée avec qui je me sens vraiment à l'aise. Il m'accueille avec un sourire et me dit que Chloé est dans sa chambre, probablement en train de se reposer. Je lui assure que je veux juste passer la voir quelques minutes et je monte discrètement à l'étage.

J'ouvre la porte de sa chambre doucement, ne voulant pas la réveiller. Elle est là, paisible, blottie sous son plaid. Je ne peux m'empêcher de sourire. Elle a l'air si tranquille, et pourtant je sais qu'elle a dû s'inquiéter. Je remonte doucement le plaid sur elle, comme on borde quelqu'un de précieux. En me retournant pour partir, je sens une pression légère sur mon poignet.

— « Ellie ? » murmure-t-elle, la voix encore endormie.

Je me retourne, surprise et attendrie.

— « Désolée, je voulais pas te réveiller. Je voulais juste voir comment tu allais... J'ai vu tes messages, et je suis désolée de ne pas t'avoir répondu, Chloé... »

Elle me regarde, un sourire fatigué mais sincère sur le visage.

— « C'est pas grave... tu veux rester... un peu ? »

Je lui offre un sourire doux en hochant la tête.

— « Ouais, pourquoi pas. »

Je m'installe près d'elle, et elle se love instinctivement contre moi, comme une petite sœur qui cherche un réconfort familier. Je ris doucement.

— « Je t'ai tellement manqué ? » plaisanté-je.

— « Tais-toi, » réplique-t-elle en riant à son tour, me jetant un regard faussement agacé avant de se faire plus sérieuse. « Alors, il s'est passé quelque chose, hein ? D'habitude, tu mets déjà des plombes à répondre, mais là, presque deux jours, et tu n'étais même pas au foyer, apparemment ? »

Je prends une profonde inspiration, hésitant un instant.

— « Eh bien... Anaïs, » murmuré-je, comme si ce seul mot pouvait tout expliquer.

Son visage s'assombrit un peu, et elle me scrute d'un air inquiet.

— « Elle t'a fait quelque chose ? »

— « Pas exactement... » Je marque une pause. « On s'est engueulées, mais... après, elle est venue au foyer. Et puis... on a, en quelque sorte, couchée ensemble. »

Chloé écarquille les yeux, puis elle laisse échapper un rire malicieux.

— « Ah ouais, ça ne traîne pas avec vous, les lesbiennes, hein ! »

Je secoue la tête, rouge de gêne, tout en riant aussi.

— « Arrête de dire desconneries, Chloé ! » dis-je en la poussant gentiment.

Elle reprend son sérieux, ses yeux pétillants s'assombrissent un peu.

— « Alors... ça veut dire que vous sortez ensemble ? »

Je hausse les épaules, incertaine.

— « Je sais pas... on n'a pas trop parlé de ça, en fait. »

Chloé soupire légèrement, puis pose sa main sur la mienne, son visage emprunt d'une douceur protectrice.

— « Fais attention, Ellie. Je sais que tu l'aimes, mais... sois prudente. D'après ce que tu m'as raconté, elle a tendance à t'emmener dans des situations où tu finis blessée. Je veux pas que tu retombes dans ce piège. »

Son regard est sincère, comme une sœur qui essaie de protéger quelqu'un qu'elle aime. Ses mots sont lourds de bienveillance, et je sens une chaleur envahir mon cœur.

— « Merci, Chloé, » murmuré-je en lui serrant la main. « Vraiment. Tu comptes énormément pour moi. »

Elle hoche la tête, un sourire rassurant aux lèvres.

— « De rien. Je serai toujours là pour toi, d'accord ? »

Elle me serre dans ses bras, et je me laisse aller dans son étreinte. Nous restons ainsi, en silence, enveloppées dans une douceur fraternelle qui ne nécessite aucun mot de plus.

~~~

Un peu de Chloé parce que elle me manquait !

Merci d'avoir lus,

Zhishii,

;)