Me and the Devil

Un monde a redécouvrir

Anaïs ouvrit lentement les yeux, le sommeil encore lourd dans ses pupilles. Tout autour d'elle était calme, l'air frais du matin effleurant légèrement sa peau. Elle se sentit un instant immobile, se souvenant vaguement de la veille. La bagarre, le chaos, et puis... l'instant où Ellie l'avait suivie chez elle. Le film, la douceur de la chaleur partagée. Mais tout cela semblait désormais lointain, flou, comme une scène de film que l'on visionne en arrière-plan. Ce qui retenait son attention à présent, c'était l'étreinte presque imperceptible entre elle et Ellie.

Ses bras étaient autour d'elle, sa tête reposant sur le cou d'Ellie, là où elle s'était endormie après avoir été soignée. La respiration de la jeune fille, calme et régulière, lui procurait un étrange sentiment de sécurité, mais aussi... une attirance insoupçonnée. Anaïs se redressa légèrement, sentant une chaleur familière dans l'air, son corps proche de celui d'Ellie. Elle pouvait encore sentir la chaleur de son cou contre sa joue, et quelque part, dans la douceur de cet instant, il y avait une forme de complicité qui lui échappait, mais qui se faisait ressentir à chaque geste.

Anaïs fit glisser sa main, imperceptible, vers l'abdomen d'Ellie. La texture de ses muscles, sa peau tendue sous ses doigts, la fit frissonner. Elle laissa sa main s'y aventurer, dessinant des cercles discrets, comme une exploration silencieuse, une nouvelle manière de toucher l'autre, de se découvrir. Elle ne savait pas pourquoi elle faisait ça, mais ça lui semblait naturel. Ses gestes étaient doux, presque comme une caresse involontaire. Sa propre respiration se fit plus profonde, les battements de son cœur plus réguliers alors qu'elle observait les formes de son ancienne amie.

Tout à coup, la voix rauque d'Ellie, brisée par le sommeil, brisa le silence. "Tu sais, tu pourrais être un peu plus discrète." C'était taquin, et pourtant, il y avait une tension dans ses mots qui s'intensifiait lentement, comme une tension dans l'air. Anaïs s'arrêta, un instant surprise par cette remarque.

Ellie, les yeux mi-clos, étira un sourire, visiblement consciente de l'effet qu'elle avait sur Anaïs. "Je suis encore un peu fatiguée, mais... tu m'as l'air bien concentrée." Sa voix était encore plus séduisante qu'hier, une note de provocation s'y ajoutant, comme un appel à la fois doux et piquant.

Anaïs déglutit, sentant un frisson lui parcourir la colonne vertébrale. Ses doigts hésitèrent un instant sur le ventre d'Ellie, puis elle remonta lentement jusqu'à son torse, effleurant sa peau avec une délicatesse accrue. "Tu devrais arrêter de jouer comme ça avec moi." La réponse d'Anaïs était plus douce que ce qu'elle aurait voulu, une sorte d'avertissement muet dans l'air.

Ellie sourit en coin, presque imperceptible, et roula lentement sur le côté, faisant glisser sa main sur la cuisse d'Anaïs. "Oh, je joue juste un peu... mais si ça te dérange, je peux arrêter." Elle leva les yeux vers Anaïs, un regard presque mystérieux, comme si elle testait ses limites sans réellement les franchir. "Mais je crois que ça t'amuse bien, non ?"

Anaïs, troublée par la proximité d'Ellie et la chaleur de son corps contre le sien, sentit la tension s'intensifier. Elle n'avait jamais imaginé que ces moments partagés après des années pourraient être aussi... chargés. Les mots étaient faibles face à cette énergie silencieuse, mais tout en elle, dans chaque geste, chaque souffle, chaque regard, disait l'inverse.

Elle se recula légèrement, cherchant à reprendre ses esprits, mais ses yeux restaient fixés sur la silhouette d'Ellie, sur ses traits, sur ses lèvres qui se tordaient dans un sourire à peine perceptible. La complicité était là, palpable, mais tout aussi floue que ce qu'ils étaient devenus après toutes ces années.

Ellie, sentant le léger recul d'Anaïs, se tourna vers elle avec un regard amusé. "T'as froid ou quoi ? Je pensais qu'on était un peu plus proches que ça." C'était presque une provocation, mais avec une touche de tendresse inattendue.