Au bout d'une vingtaine de minutes de trajet, nous nous arrêtâmes devant un café bistro. Une fois à l'intérieur, le serveur nous conduisit vers une terrasse située dans l'arrière-cour de l'établissement. Nous prîmes donc place dans un cadre intimiste, entourés par les bambous et les rosiers grimpants. Je fus agréablement surprise par le fait que d'ici aucun bruit de la ville ne nous parvenait. Nous étions au calme, enivrés par les fragrances de roses et de bambous, dans un lieu presque hors du temps.
On nous présenta la carte. Je choisis le carré d'agneau et les asperges ; William sélectionna une pièce de bœuf ainsi qu'une bouteille de Château Grand Puy Ducasse 2006.
Je me sentais un peu gênée face à lui, ne sachant que lui dire. Le silence entre nous était pesant, et je me pris à guetter du coin de l'œil le retour du serveur qui, à mes yeux, était le seul qui pourrait nous offrir une distraction.
— Alors comme ça, tu es une adepte du speed dating ?
— Moi ? Une adepte du speed... répétai-je, sans vraiment comprendre où il voulait en venir.
Puis la lumière se fit.
— Ah, mais non ! Tu n'y es pas du tout ! Ma grand-mère m'a inscrite à ce cours et... vu que je suis une véritable catastrophe en cuisine, je suis venue m'instruire. Voilà tout ! me défendis-je en ponctuant ma phrase par un petit rire crispé.
William me regarda intensément pendant de longues secondes, et j'eus l'impression qu'il essayait de déterminer si je lui disais la vérité. Il nous servit un verre de vin.
— Vraiment ? Ton petit ami t'attend chez toi, alors ? finit-il par me demander d'un air dubitatif.
Je rougis subitement, inexplicablement intimidée.
— Je... Non. Personne, soufflai-je avant de me ressaisir devant ses questions indiscrètes. Je peux savoir en quoi ça te regarde ?...
— Tu as raison, je me mêle de ce qui ne me regarde pas, avoua-t-il avec un sourire penaud. Permets-moi quand même de te dire que je suis plutôt surpris qu'une aussi belle jeune femme que toi soit encore un cœur à prendre.
— C'est comme ça... C'est la vie... ou ce que tu veux, lui répondis-je avec fermeté, sans pour autant lui fournir d'explication. Et toi ? D'où t'est venue cette idée de t'associer avec un cuisinier et de monter un atelier dispensant des cours sur l'art et la manière de correctement faire cuire des pâtes ?
— Jolie diversion, Lynah ! Puisque tu ne souhaites pas m'en dire plus à ton propos, je me vois donc dans l'obligation de te répondre, me dit-il de sa voix profonde.
Il ponctua sa phrase d'un sourire désarmant qui me fit fondre. Dieu, qu'il était beau ! Mon cœur rata un battement et je me rabrouai intérieurement de ma trop grande sensiblerie. Quelle idée de me mettre dans de tels états ? Je n'étais pas à un rendez-vous galant, encore moins à un dîner romantique, bien que le lieu s'y prêtât à la perfection. J'étais là parce qu'il m'avait contrainte à le suivre, juste parce que j'avais fait un malaise, bu un malheureux doigt de whisky, et que Monsieur avait voulu jouer les grands seigneurs en amenant une pauvre fille ne supportant pas l'alcool se remplir le ventre.
William porta son verre à sa bouche et but une gorgée de vin, puis il le reposa doucement sur la table. Effarée, je me rendis compte que j'observais chacun de ses mouvements, complètement envoûtée par cet homme.
— Comme je te l'ai dit tout à l'heure, je suis en France depuis maintenant deux ans, bien qu'il m'arrive encore de me déplacer aux États-Unis.
Il me parla ensuite de son frère qui, après être devenu un Chef émérite, était venu s'installer à Paris, ville dont il était tombé amoureux au hasard d'un stage quelques années auparavant. Je découvris très vite que ce frère dont il me parlait était le Chef Owen. Toutefois, s'il ne me l'avait pas dit, je ne m'en serais jamais doutée tant ils sont physiquement différents. Si William était brun, Owen était blond et, malgré le fait que les deux hommes soient tous deux de haute stature, j'avais beau chercher, je ne leur trouvais aucun trait commun.
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Incroyable fiancé
ЧиклитSous contrat d'édition Se rendre compte que son futur mari mène une double vie presque à la veille de convoler en justes noces : ça, c'est fait. Profiter seule de la croisière qui devait être ma Lune de miel : c'est fait aussi. Succomber aux charm...