Chapitre 10

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Au terme d'une journée harassante, je rentrai chez moi non sans soulagement. La semaine suivante étant consacrée aux derniers préparatifs pour le mariage Arbinger, le problème du fleuriste ayant été réglé de main de maître par Jess, j'avais donc pu quitter mon travail plus tôt. J'allais devoir être au mieux de ma forme dès lundi en vue du marathon qui m'attendait. De ce fait, j'avais décidé de me reposer pendant tout le week-end. Au programme : cocooning et lecture. J'envisageais aussi d'appeler Sarah pour lui proposer une sortie au cinéma, à moins que je ne me rende chez ma grand-mère afin de profiter de sa présence, et surtout de ses bons petits plats. À cette simple évocation, mon estomac se rappela à mon souvenir en émettant un grognement de protestation. J'avais peu mangé, l'entrevue avec William et sa fiancée m'ayant éprouvée plus que je ne l'aurais imaginé. J'ouvris mon frigo et fis une grimace : vide ou presque. Une telle négligence de ma part n'était pas habituelle, pourtant, je ne pus m'empêcher de me blâmer. Mes rêves de soirée tranquille venaient de voler en éclat.

Je me précipitai en grommelant sur mon smartphone, dans le but d'appeler mamie qui, à cet instant précis, représentait mon unique espoir de dîner. Je fus dirigée directement sur le répondeur. Étrange... Ma grand-mère sortait rarement, et encore moins en semaine. Comment se faisait-il qu'elle n'ait pas pris mon appel ? Le mieux étant de me rendre directement sur place, je repris mes affaires et mes clés de voiture. Mais, en ouvrant ma porte, je tombai nez à nez avec... un énorme bouquet de roses.

— Pu**** ! Mais c'est quoi ça ? m'exclamai-je, à la fois surprise et irritée.

Une voix profonde jaillit de derrière l'énorme brassée de roses thés.

— Charmant accueil ! J'aurais plus vu un « Oh des fleurs ! Merci, c'est très gentil », me railla William.

Je lâchai un soupir carrément agacé. Décidément, il ne pouvait pas tomber plus mal. À croire qu'il avait le chic pour me compliquer la vie.

— Je peux savoir ce que tu fais là ? Et d'abord, comment es-tu entré dans l'immeuble ? demandai-je d'une voix soupçonneuse.

Le buisson de fleurs s'abaissa d'un coup, laissant apparaître les yeux rieurs de mon vis-à-vis.

— J'ai fait du charme à une gentille vieille dame. Je sais, c'est tout sauf une attitude honnête, mais je doute que tu m'aies ouvert si j'avais sonné à l'interphone.

Je ne pus retenir un sourire en pensant à lui en train de jouer les don juan avec une des vieilles mémères cacochymes de la résidence. Cependant, cela n'expliquait pas sa présence sur le pas de ma porte. En outre, après la matinée infernale passée avec lui et sa chère et tendre, je n'avais pas vraiment envie de le voir.

— Je peux entrer ? me demanda-t-il. Puis, sans se soucier de ma réponse, il me poussa légèrement pour lui libérer le passage et s'invita dans mon appartement.

Je le regardai faire bouche bée, incapable de dire quoi que ce soit. Cet homme était d'un sans-gêne ! Au bout de quelques instants de battement, je me ressaisis et le rattrapai alors qu'il visitait les lieux, comme s'il s'était agi d'un musée.

— Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'étais sur le point de sortir ! J'ai une course urgente à faire et...

— Eh bien, tu vas devoir changer de programme. Du moins pendant les prochaines minutes, rétorqua-t-il d'une voix assurée.

— Non mais, c'est trop fort, ça, éclatai-je. Il est hors de question que...

—Tiens, tu devrais leur trouver un vase, m'interrompit-il en me tendant l'énorme bouquet de roses.

Incroyable fiancéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant