Chapitre 11

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Après m'être présentée au secrétariat des urgences, on nous escorta jusqu'au box où se trouvait ma grand-mère. Nous suivîmes une infirmière dans un dédale de couloirs, moi, raide comme la Justice, William avec son éternelle nonchalance. Arrivés à destination, la soignante nous ouvrit la porte de la chambrette où se trouvait mamie.

J'entrai, soudain inexplicablement intimidée, William sur mes talons.

Mon cœur se serra lorsque je la vis dans ce lit d'hôpital. Malgré moi, l'idée qu'elle n'était plus toute jeune s'imposa à mon esprit. J'avais tant d'amour et de respect pour cette femme qui m'avait élevée après la mort de mes parents que la voir alitée me mettait sens dessus-dessous. J'étais à la fois soulagée de savoir qu'elle n'avait rien de grave et angoissée qu'il lui soit arrivé un accident. Je me précipitai vers elle pour l'embrasser tendrement sur la joue.

–– Mamie ? Mais que t'est-il arrivé ?

–– Oh, ça ? Une malencontreuse chute... à cause d'un vieil abruti ! expliqua-t-elle, comme si la réponse était évidente.

–– Comment cela ? Et d'abord, où étais-tu, je me suis fait un sang d'encre ! J'ai même demandé à Sarah de passer chez toi, la sermonnai-je gentiment.

–– J'ai décidé depuis quelques semaines de m'inscrire à un cours de danse de salon. Tu sais à quel point je hais la solitude ! Et comme tes visites sont rarissimes, je meuble mes longues soirées comme je peux, chérie...

Je ressentis alors une bouffée de honte à l'idée que, malgré tous mes efforts, je la délaissais. Le travail m'accaparait en effet un maximum et je n'avais que peu de temps à consacrer à ma grand-mère. Pourtant je m'efforçais toujours de nous ménager quelques heures, aussi pris-je ça comme une attaque personnelle.

Mais je ne m'attendais pas à la salve qui allait suivre...

— Et d'abord, qui est ce charmant jeune homme qui t'accompagne ? Tu pourrais faire les présentations. Tu manques à tous tes devoirs, Lynah !

Oh non... Tout mais pas ça !

— Quoi, lui ? Euh, c'est... balbutiai-je en cherchant quoi dire.

— Bonjour madame, je suis William Simmons, un ami de Lynah, intervint-il en me coupant la parole.

Je regardai William fixement, peu habituée à ce qu'il fasse preuve d'autant de déférence. Où donc était passé l'homme insolent et sûr de lui auquel j'avais eu affaire quelques minutes plus tôt ?

Mon aïeule prit son temps pour le scruter avec attention, cherchant à jauger sa personnalité. Je tournai légèrement la tête en m'efforçant de ne pas pouffer de rire. Pauvre de lui, il ne savait pas à quoi il s'exposait, mais je n'allais pas le plaindre puisqu'il avait insisté – le mot est faible – pour m'accompagner et faire sa connaissance.

— Ma petite fille ne m'a jamais parlé de vous, William. Notez que cela ne m'étonne pas, vu son silence radio chronique... Et, dites-moi tout ! Que faites-vous dans la vie, mon petit William ? Et comment avez-vous connu ma Lynah ?

— Mon silence radio... ? Merci mamie, vraiment, maugréai-je entre mes dents, vexée d'être à nouveau sa cible.

Elle balaya mes paroles d'un geste de la main.

— Tsss, tsss, laisse un peu la parole à ce brave garçon qui a eu la galanterie de t'amener au chevet de ta grand-mère mourante !

Je roulai des yeux agacés devant la mauvaise foi criante de mamie.

— Mourante ? Mamie, tu veux bien arrêter de dramatiser un peu ?

— Absolument : mourante ! Ce vieil imbécile d'Ernest a essayé de m'assassiner avec sa figure de tango renversé !

Incroyable fiancéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant