Chapitre I partie 2

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Depuis huit jours, je vivais un rêve éveillée. Cette croisière était certainement la meilleure chose qui m’était arrivée jusque-là. Le bateau sur lequel j’avais embarqué était luxueux, sans pour autant être tape à l’œil, ma cabine – une mini suite, au départ prévue pour deux – était confortable, assez spacieuse, joliment décorée et avait l’avantage non négligeable d’avoir une vue sur la mer. Quand je n’y étais pas, j’étais sur le pont à regarder jusqu’à plus soif les merveilles de la nature offertes à mon regard ou à terre pour visiter les villages portuaires de chacune de nos escales. Ce voyage était riche en expériences et en émotions, tant visuelles que gustatives et loin de me déprimer, le fait que je le fasse en solo m’apportait une sérénité à laquelle je ne m’étais pas attendue. J’avais rencontré un couple de Français, dont le mari, qui semblait avoir atterri sue le pont de notre bateau contraint et forcé par sa femme, regrettait déjà que la croisière touche à sa fin tant elle l’avait impressionnée. Je partageais son avis, la multitude de paysages magnifiques, les eaux cristallines dans lesquelles se reflétaient les hautes murailles minérales qu’étaient les fjords, les aurores boréales magnifiques du cercle polaire avaient gravé en moi des souvenirs que je n’étais pas prête d’oublier, ainsi que cette sensation d’être minuscule et insignifiante devant la majesté des spectacles naturels offerts à mes yeux.

J’avais passé pas mal de temps avec mes nouveaux amis, descendant aux mêmes escales, faisant les mêmes excursions ; nous mangions presque tous les jours ensemble et profitions sans vergogne des animations proposées sur le navire. C’était notre dernier soir de croisière, le lendemain, nous allions passer la majeure partie de la journée en mer avant de retourner à notre point de départ et reprendre un vol vers la France. Ils m’avaient donc invitée au restaurant du pont 4, réputé pour ses mets délicats. Cette dernière soirée ensemble se déroulait bien, mais une espèce de nostalgie – certainement due aux moments fantastiques partagés pendant ce voyage – ne nous quittait pas. Nous nous quittâmes relativement tôt, eux filèrent vers leur cabine, moi me dirigeant vers le pont. J’avais envie d’être seule dehors, malgré le froid, simplement pour m’imprégner de l’ambiance, de ce silence autour de moi, juste troublé par le clapotis de l’eau sur la coque du bateau.

Debout, appuyée contre le bastingage, je contemplai les ténèbres environnantes. Les nuages qui ne nous avaient pas quittés depuis le début de la soirée se levèrent, laissant apparaître la lune, puis les étoiles. Je restais un moment à observer le ciel, attendant quelque chose de plus, un miracle peut-être…

Je repensais soudain aux circonstances qui m’avaient amenée là, à cet endroit, à cet instant précis et souris en me figurant la mine dépitée de Paul s’il savait qu’au lieu de sombrer dans la plus profonde des dépressions, j’avais découvert de nouveaux horizons et avais profité de ces quelques jours à moi pour me reconstruire.

À mon arrivée, j’étais loin de ressentir cette sérénité, j’avais commencé par errer sans but au hasard des coursives du bateau, à la recherche de quoi, je ne le savais pas vraiment. Je voulais, mais je ne voulais pas profiter de ces quelques jours de vacances, j’étais encore blessée. Le hasard avait bien fait les choses, car j’étais tombée sur Maryse et Jean Humbert qui m’avaient aussitôt pris sous leur aile.   Se croyant les seuls français à Bord – en fait nous n’étions que très peu au milieu de touristes allemands, anglais et russes – ils cherchaient « un visage amical » avec qui passer ces dix jours de croisière. Nous nous étions immédiatement entendus, et ce début de voyage laborieux, s’était vite transformé en une parenthèse pleine d’insouciance, idéale pour me faire oublier ma récente déconvenue amoureuse.

De faibles lueurs vertes apparurent dans le ciel, devenant de plus en plus intenses. Bientôt ce fut une explosion de vagues vertes, bleues, oranges dansant dans le ciel. Le spectacle stupéfiant de cette magnifique aurore Boréale me coupa le souffle. Une boule d’émotion dans la gorge, je sentis les larmes me monter aux yeux, émue au-delà de ce que je pensais être possible.

Incroyable fiancéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant