La nuit fut agitée. Je passai mon temps à me retourner dans mon lit sans vraiment parvenir à un sommeil réparateur. Je me levai la tête dans le brouillard et, trois cafés plus tard, j'étais toujours dans le même état vaseux. J'arrivais au bureau un peu en retard malgré un planning aussi chargé que celui d'un ministre. À vingt-quatre heures du mariage Arbinger, j'entamais un marathon qui devait durer deux jours : faire le tour de tous mes fournisseurs afin de vérifier que tout était prêt pour le lendemain, trouver un moment pour aller vérifier une dernière fois les lieux destinés à accueillir les invités pour le vin d'honneur et la réception... Autant dire que mon rendez-vous avec William allait être expéditif. Mais j'allais les revoir le lendemain, puisqu'ils m'assistaient. Avec un peu de chance, nous pourrions nous dégager un peu de temps afin de peaufiner un peu leur propre cérémonie d'engagement. Du moins, je l'espérais.
Je soupirai en pensant à ce contrat. Je n'avais pas osé demander à William et Emily pourquoi ils tenaient à ce que tout se passe si vite, et je commençais à regretter amèrement de ne pas l'avoir fait et surtout de ne pas avoir émis d'objection. Ils n'étaient pas mes seuls « clients », et leur précipitation m'obligeait à les « caser » entre deux mariages. Je n'allais donc pas pouvoir me reposer entre deux comme j'avais l'habitude de le faire. Car, oui, si les mariages ou autres cérémonies drainaient l'énergie des futurs époux, il en était de même pour nous, pauvres Wedding Planners... Peut-être que si j'en parlais avec Éric, il m'accorderait quelques jours de repos bien mérités ? Je me promis d'aborder le sujet avec lui avant de me lancer dans les derniers préparatifs. Ou de lui téléphoner si je ne trouvais pas le temps de le faire.
À 11 heures, je commençais à perdre patience. Pas de trace de William, alors que la veille, il m'avait assuré qu'il viendrait me rapporter le nuancier et de me communiquer son choix pour leurs faire-parts. Je me pinçai le nez entre deux doigts, signe d'un degré de stress flirtant avec les limites humainement supportables. J'avais espéré qu'il tiendrait ses engagements et que, pour une fois, il n'en ferait pas qu'à sa tête. Mais, visiblement, je n'aurais pas dû lui faire confiance. Cet homme, tout séduisant qu'il fût, était avant tout un électron libre. J'avais dans l'idée qu'il jouait avec mes nerfs, bien que j'en ignore la raison. Sauf qu'aujourd'hui n'était pas vraiment le moment idéal pour m'enquiquiner.
Un quart d'heure plus tard, je me levai en pestant. J'avais assez attendu et une tonne de tâches m'attendaient. Si je voulais tout boucler assez tôt afin de m'octroyer un peu de temps libre avant la journée de folie du lendemain, j'avais tout intérêt à filer dans la seconde.
Ce fut bien sûr à ce moment précis que William pointa le bout de son nez.
— Ah ! s'exclama-t-il, d'un air visiblement soulagé. Tu es encore là ! J'avais peur d'être en retard.
Je le fusillai du regard, bien décidée à lui faire comprendre que j'en avais plus qu'assez de lui et de ses manières à la limite de l'inconséquence. Je reniflai d'un air méprisant.
— On ne peut même plus parler de retard dans ton cas.
— Je suis navré, Lynah, s'excusa-t-il platement, j'ai eu des...
— Non, le coupai-je en levant une main catégorique. Je ne veux pas savoir ce qu'il s'est passé. De toute façon, je n'ai plus de temps à t'accorder, je dois partir. Il y a des gens qui ont un planning à respecter, vois-tu.
Je ponctuai ma réplique d'un sourire froid et le plantai tout bonnement là.
— Attends ! Lynah... S'il te plaît ! s'écria-t-il, presque suppliant.
Le ton de sa voix me surprit tant que je m'arrêtai au beau milieu du couloir. Il me rejoignit en quelques souples enjambées et me fit face, un sourire contrit sur les lèvres.
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Incroyable fiancé
ChickLitSous contrat d'édition Se rendre compte que son futur mari mène une double vie presque à la veille de convoler en justes noces : ça, c'est fait. Profiter seule de la croisière qui devait être ma Lune de miel : c'est fait aussi. Succomber aux charm...