Je dormis tout le reste de la journée, me levai pour aller grignoter et me recouchai immédiatement. Le vendredi matin, je fus réveillée en fin de matinée par la sonnerie de mon téléphone. Je regardai le nom inscrit à l'écran puis décrochai, intriguée.
— Sarah ? m'étonnai-je, tu ne travailles pas aujourd'hui ?
— Non. RTT. Tu le saurais si tu m'avais appelée.
— C'est un reproche ?
— Non. Juste une remarque. En plus, j'ai passé du temps avec Owen, soupira-t-elle, alors je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer.
— Mouais, grommelai-je, agacée par le ton énamouré qu'elle utilisait pour parler de son petit ami.
— Quoi qu'il en soit, reprit-elle d'un ton plus ferme, je m'inquiète de ton silence. D'habitude tu m'appelles tous les deux jours et là, rien. Qu'est-ce qui se passe, mon chat ?
— Rien, je t'assure.
Je tentai de la rassurer afin de ne pas subir un interrogatoire en règle. Nous nous connaissions depuis des années et rares étaient les fois où j'avais pu lui cacher quoi que ce soit, aussi espérai-je avoir été assez convaincante. Comment lui expliquer ce qui s'était passé avec William, d'autant qu'elle sortait avec le frère de ce dernier ?
— Mouais. À d'autres !
Nous soupirâmes de concert, puis nous tûmes. Le silence s'étendit quelques secondes avant qu'elle ne reprenne la parole.
— Écoute, j'ai une idée. Fais-toi un peu jolie, je passe te prendre ce soir, on va manger un bout quelque part et on parle toutes les deux. Et ne refuse pas, ce n'est pas négociable.
Bien qu'absolument pas emballée à l'idée de sortir de chez moi, je marmonnai un vague assentiment. En même temps, j'étais pieds et poings liés. De plus, même si j'avais eu un début d'envie de lui dire non, elle ne m'aurait pas écoutée et aurait débarqué chez moi afin de me traîner dans le monde des vivants. Quelque part, c'était sa façon à elle de me montrer qu'elle avait compris que je ne me sentais pas bien et que je pouvais compter sur elle.
Je raccrochai et me laissai retomber lourdement sur mes oreillers en soupirant exagérément, déjà déprimée à l'idée de devoir faire un effort vestimentaire. De toute façon, rien que de penser à lever le petit doigt, j'étais déjà épuisée. Je tendis un bras pour prendre un livre sur ma table de chevet et, au bout de cinq pages, tombai à nouveau dans le sommeil.
Je finis par me lever en fin d'après-midi, plus par obligation que par réelle envie. Je pris une douche et m'habillai. J'avais finalement écouté le conseil de Sarah et m'étais choisi un ensemble assez chic, composé d'un pantalon noir et d'un chemisier de soie écru. Une paire d'escarpins noirs et une pochette venaient agrémenter le tout. J'avais décidé de laisser mes cheveux libres et, après m'être légèrement maquillée, je découvris que le résultat était plutôt probant. Ces deux jours de repos quelque peu forcé m'avaient fait du bien. Mes traits étaient moins tirés, et, s'il n'y avait pas eu cet éclat triste omniprésent dans mon regard, j'aurais même pu me trouver jolie. Au moins, j'avais figure humaine.
Je descendis au pied de la résidence après avoir reçu un message de ma meilleure amie qui m'accueillit avec un grand sourire quoique légèrement inquiet. Elle aussi s'était mise sur son trente-et-un. Je la trouvais changée. Peut-être était-ce sa relation avec Owen qui lui faisait cet effet. En tout cas, dans sa courte robe vert éclatant, elle paraissait radieuse. Elle me désigna une voiture qui attendait non loin de là.
— J'ai appelé un taxi. Je préférais ne pas avoir à jouer les sam ce soir. Tu vas voir, Lynah, on va bien s'amuser ! dit-elle d'une voix enjouée.
Je préférai ne pas émettre d'objection bien que je sois loin de partager son avis, mais je lui souris tout de même. Elle était venue me chercher pour me changer les idées, autant ne pas la décevoir en me montrant désagréable toute la soirée.
Le trajet me parut rapide. Il fallait dire que je m'étais enfermée dans une bulle pensive tandis que Sarah babillait joyeusement, m'exposant en détail sa relation avec Owen et à quel point il était un homme merveilleux. Elle était amoureuse, c'était certain. Il n'y avait qu'à la voir envoyer des SMS à tour de bras pour comprendre que, pour elle, c'était du sérieux. Quant à moi, je l'enviai d'une telle insouciance ; son bonheur était presque palpable. J'en fus honteuse quelques secondes, mais je balayai rapidement ce sentiment : ma meilleure amie était heureuse, je devais m'en réjouir. Bien sûr, j'aurais tout donné pour connaître la même chose qu'elle. Peut-être qu'un jour...
Nous arrivâmes devant le restaurant dans lequel mon amie avait réservé une table. La première chose qui me vint à l'esprit fut que cet endroit m'était vaguement familier, mais je n'arrivais pas à déterminer pourquoi. Nous entrâmes et fûmes accueillies par deux hommes, certainement les patrons, qui nous apportèrent une coupe de champagne à chacune. Je regardai Sarah, en levant un sourcil étonné. Je n'étais jamais venue dans un établissement offrant de telles prestations. Est-ce que Sarah avait l'intention de claquer son salaire du mois dans ce restaurant ? Un serveur vint nous chercher pour nous accompagner à la table que mon amie avait réservée. Nous le suivîmes, mais, lorsque nous eûmes dépassé toutes les tables, je fus soudain assaillie par un doute.
Effectivement, je connaissais cet endroit. Je n'y avais mangé qu'une fois, mais j'en avais gardé un délicieux souvenir. Et, si je ne me trompais pas, il y avait une cour entourée de bambous et de roses. L'écrin... C'était le nom de ce restaurant, j'en étais maintenant persuadée.
Je manquai percuter une femme surgie de nulle part et pâlis aussitôt lorsque je la reconnus.
— Emily ?
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Incroyable fiancé
ChickLitSous contrat d'édition Se rendre compte que son futur mari mène une double vie presque à la veille de convoler en justes noces : ça, c'est fait. Profiter seule de la croisière qui devait être ma Lune de miel : c'est fait aussi. Succomber aux charm...