Chapitre 18

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It had to be you, it had to be you
I wandered around, and finally found
The somebody who could make me be true

– Frank Sinatra –

18

L'invitation à dîner de Samuel ne tarda pas à arriver. Le dimanche soir, il m'avait appelée pour sortir le lendemain soir. J'avais pris mon lundi, d'une part parce que le week-end m'avait mise sur les rotules, mais aussi parce que j'avais eu envie de prendre un peu de temps pour moi. J'avais donc traîné une bonne partie de la journée, rattrapé mon retard en matière de lecture et appelé mamie pour prendre de ses nouvelles. J'aurais mieux fait de m'abstenir...

Pendant vingt minutes, elle m'avait chanté les louanges de William. Quel fantastique partenaire de danse il était, les regards jaloux de ses amies du tango. Et, ah ! Ce qu'il était bel homme et intelligent avec ça ! Et d'une gentillesse et d'une galanterie ! J'avais arrêté de l'écouter déballer les caisses de compliments sur monsieur Simmons à peu près au moment où elle me conseillait de trouver un mari qui soit en tout point semblable à cet homme ô combien formidable. Puis vint le coup de grâce : elle allait faire une démonstration de danse de salon avec son nouveau chouchou... à sa cérémonie d'engagement. Nul doute sur le fait que tout le monde allait apprécier, Miss Poussin y compris.

Ayant énormément de respect pour ma grand-mère, je m'abstins de tout commentaire désobligeant et passai outre le fait qu'elle avait commis un crime de haute trahison envers moi, la chair de la chair de sa chair. Je raccrochai en l'embrassant affectueusement et en lui assurant que j'étais persuadée qu'elle allait faire un tabac avec son numéro de tango.

J'ignorai les cinq appels de William, qui, vraisemblablement, finit par se lasser de tomber sur ma boîte vocale.

Puis, j'allai prendre un bain.

Je passai ensuite deux heures à choisir ma tenue. Je me sentais affreusement nerveuse comme à la veille d'un examen ou comme lorsque j'avais eu mon premier rendez-vous sérieux avec un homme. J'abandonnai l'idée de la petite robe noire qui, bien qu'idéale en toute occasion, me semblait un peu trop formelle. Ou trop sexy, je ne savais pas trop. En outre, j'aimais bien Sam et cette entente entre nous, mais je ne voulais pas paraître trop apprêtée, n'étant pas encore sûre de la direction qu'allait prendre notre relation. J'étais bien avec lui, mais était-ce suffisant ?...

J'optai finalement pour un jeans, une blouse satinée rouge et un blazer rappelant mon pantalon. Pour ce qui était des chaussures, j'étais sûre de pouvoir trouver dans ma collection une paire de Converses. Je ne savais pas où Samuel avait décidé de m'emmener et si nous prolongerions la soirée d'une façon ou d'une autre, alors autant être à l'aise.

La question de la coiffure fut elle aussi des plus épineuses. Quant au maquillage, n'en parlons pas. Somme toute, après quelques essayages de tresses et queue de cheval en tout genre, j'attachai ma tignasse en un chignon lâche et choisis de n'appliquer qu'un trait d'eye-liner sur mes yeux et un peu de blush pour l'effet bonne mine.

Incroyable fiancéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant