Chapitre 13

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Je poussai un soupir de soulagement en me laissant tomber sur le canapé. Sarah, elle, me regardait l'air de ne rien comprendre à ce qui venait de se passer.

— C'était quoi, ça ? me demanda-t-elle d'une voix mal assurée.

— Rien.

Mon amie vint s'assoir auprès de moi. Je me laissai glisser pour me retrouver allongée la tête sur ses cuisses. J'étais fatiguée, lasse de tout ça. Chaque entrevue avec William me mettait dans tous mes états et me laissait vidée de toute force.

— Tu es vraiment ivre ? me demanda-t-elle de but en blanc.

— À ton avis ?

— Le fait que tu titubes ?

— Ça tourne un peu, mais je tiens mieux que ça, tu le sais. Pas beaucoup plus, mais mieux que ça.

Le silence s'étira entre nous, chacune songeant à ce qui venait de se passer.

Pense à lui retirer les clés de sa voiture, il est hors de question que tu la laisses prendre le volant, dis-je d'une voix grave dans l'intention de singer William.

Sarah pouffa quelques secondes, puis nous éclatâmes de rire toutes deux jusqu'à en avoir les larmes aux yeux. Puis notre hilarité retomba. Le DVD que nous avions commencé à regarder tournait toujours, mais l'arrivée inopinée de Monsieur conseils avisés nous en avait fait rater une bonne partie

Nous gardions toutes deux le silence, peut-être par prudence. En tout cas, je savais qu'il fallait que je me prépare. Cette accalmie présageait de quelque chose qui n'allait pas vraiment me plaire. Instinctivement, je sentais que les questions n'allaient pas tarder à pleuvoir. Nous ne nous étions jamais rien caché, or, donner des explications sur mon comportement pour le moins étrange signifiait forcément faire face à mes sentiments. En outre, je n'étais pas sûre d'avoir le courage de les affronter et d'admettre ce que je tentais de refouler depuis quelques jours. Connaissant mon amie et son caractère doux, mais opiniâtre, j'aurais beau faire, j'allais être contrainte de répondre à l'interrogatoire qui ne manquerait pas de suivre. Pas pour avoir la paix, mais davantage pour une question d'honnêteté envers ma meilleure amie. Et envers moi-même.

Cela ne rata pas : mon amie lâcha un long soupir. Premier round.

— Bon, tu m'expliques ? C'était quoi, ce petit manège ?

— C'est très simple : je ne voulais pas le voir.

— Depuis quand tu joues la comédie juste par ce que tu ne veux pas voir quelqu'un ?

— ...

— Lynah... dit-elle, menaçante. Tu es consciente de te comporter comme une sale gamine ?

— Oui. Et alors ?

Nouveau soupir – excédé cette fois – de Sarah. Deuxième round.

— Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

— Il m'énerve. C'est tout.

— C'est tout ?

Je me relevai prestement, soudainement agacée par ses questions. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire que je me comporte mal avec William ? Et depuis quand prenait-elle la défense de quelqu'un d'autre que la mienne ?

— Qu'est-ce que tu veux que je te réponde ? explosai-je. Un coup, il est charmant ; l'instant d'après, il est d'une arrogance pas possible. Il envahit ma vie et mon espace, devient pote avec mamie... Et maintenant, toi.

— Quoi, moi ?

— Tu le défends. Tu es sous son charme.

Elle se mit à rire. Elle semblait carrément amusée.

Incroyable fiancéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant