Chapitre 8

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La semaine fila à toute allure, si bien que je me retrouvai bien vite au jeudi, jour de mon deuxième cours de cuisine. Ma main avait bien cicatrisé, je ne ressentais plus que de légers picotements lorsque je m'en servais. Je n'avais donc aucune excuse valable pour ne pas me rendre à l'atelier « Cuisiner c'est facile ». Je n'avais pas vraiment envie d'y aller, mais mamie ayant payé d'avance, j'étais plus ou moins pieds et poings liés. Et puis, j'avais besoin de sortir, de voir du monde, de penser à autre chose qu'à la soirée que m'avait demandé d'organiser William ou de me morfondre en pensant au tour qu'il m'avait joué. Je devais bien avouer que me rendre à ce cours de cuisine était risqué, à tout moment je pouvais tomber nez à nez avec lui, mais je voulais faire plaisir à ma grand-mère. Après tout, le rencontrer ne m'obligeait en rien à lui parler, tout au plus à me montrer polie.

J'avais demandé à Sarah de m'accompagner et elle ne s'était pas faite prier. Quelque chose me disait que le chef Owen n'était pas pour rien dans le subit engouement de mon amie. Il était clair qu'il lui plaisait et j'étais curieuse de constater comment ma timide amie allait se comporter face à l'objet de ses désirs. En outre, j'étais heureuse de sortir une nouvelle fois en sa compagnie. Cela changeait de ces soirées finissant invariablement par une de ces parties de scrabble durant lesquelles j'avais de la chance si, d'aventure, elle oubliait de placer le mot « épanadiplose ».

Nous fûmes les premières à arriver pour cette nouvelle leçon de cuisine. Je soupçonnai Sarah d'avoir voulu arriver en avance pour pouvoir avoir tout le loisir de saluer Owen. Celui-ci nous accueillit avec chaleur.

— Comment va votre main ? me demanda-t-il d'emblée.

— Bien, lui répondis-je en lui montrant les reliquats de l'estafilade que je m'étais infligé quelques jours plus tôt. À propos, je suis vraiment désolée d'avoir dû quitter votre cours en catastrophe. J'espère au moins que je n'ai gêné personne.

Un éclair de malice passa dans les yeux bleus du chef.

— Ne vous en faites pas, Miss Lynah, me confia-t-il en riant, vous n'êtes pas la pire de mes stagiaires.

Rassurée par ses allégations, je me dirigeai vers le plan de travail, laissant ma meilleure amie avec notre prof. Elle ne tarda pas à me rejoindre, écarlate du cou jusqu'au front.

— Ben, pourquoi fais-tu cette tête ? De quoi avez-vous parlé ? m'étonnai-je.

— Eh bien... euh... je lui ai dit bonjour, souffla-t-elle.

— Et ?

—... C'est tout, murmura-t-elle en baissant la tête, dépitée.

 Je me mordis les joues pour ne pas éclater de rire, ne voulant pas rajouter mon hilarité plutôt mal venue au trouble évident de mon amie. Je savais qu'elle était timide, mais là, elle battait tous les records ! Je fus à la fois émue par sa gaucherie et agacée de la voir aussi gourde devant un homme. Comment était-ce possible ? Est-ce que je devais la « prendre en main » ou lui mettre un coup de pied au derrière ? D'accord, je n'étais pas non plus rompue à l'art et la manière de séduire les hommes, mais j'avais du mal à concevoir qu'au vingt et unième siècle, il existe encore des femmes effarouchées à la simple vue d'un représentant de la gent masculine. Du coup, cela faisait de Sarah un ovni. Je la regardai en souriant avec indulgence, et décidai de la laisser se débrouiller. Owen semblait être un homme bourré de gentillesse et, même s'il n'était pas libre – d'ailleurs, comment penser le contraire tant il était charmant –, j'étais persuadée qu'il accepterait de discuter un peu avec elle.

Les autres stagiaires ne tardèrent pas à arriver et, très rapidement, la leçon commença.

— Bonjour à tous ! lança le Chef d'une voix dynamique. Aujourd'hui, deux recettes simples... et sans danger : la quiche lorraine et un moelleux au chocolat.

Incroyable fiancéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant