Chapitre 31- Le doute

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Assise dans le jardin avec Mira et Nerea, je me laisse bercer par leurs confidences. L'atmosphère est douce, presque irréelle, contrastant avec la tension qui règne habituellement autour de moi. Nerea, avec une franchise désarmante, me révèle la raison de son fauteuil roulant : la maladie de Duchenne.

"C'est une maladie génétique," explique-t-elle, sa voix empreinte d'une force tranquille. "Une anomalie du gène DMD qui détruit progressivement les muscles. Pour moi, ça a commencé par les jambes."

Je l'écoute, admirative de son courage face à cette épreuve. Mais ce n'est que le début des révélations. Nerea poursuit, dévoilant un partie sombre de son histoire familiale :

"Notre mère nous a quittés, Camillo et moi, quand nous étions jeunes," confie-t-elle, son regard se voilant légèrement. "Nous sommes restés avec notre père, mais... il n'était pas vraiment un saint."

Elle marque une pause, comme pour rassembler ses forces avant de continuer. "Après le départ de maman, il a changé. Il est devenu... différent. Un vrai sadique, un psychopathe. Il a fait subir des choses horribles à Camillo, des choses que je ne connais pas vraiment, mais qui l'ont profondément marqué."

Je sens mon cœur se serrer à ces mots. Soudain, le comportement de Camillo, son côté sombre et imprévisible, prend un sens nouveau. Nerea termine doucement : "Je l'entendais pleurer la nuit. Je ne sais pas exactement ce qu'il a vu ou vécu, mais ça l'a vraiment changé. C'est pour ça qu'il est comme il est aujourd'hui."

Le silence retombe sur notre petit groupe. Ces révélations jettent une lumière nouvelle sur Camillo, sur sa famille. Je réalise que derrière chaque façade se cache une histoire, souvent plus complexe et douloureuse qu'on ne l'imagine. Cette conversation dans le jardin a changé ma perception, et je sens que rien ne sera plus tout à fait pareil désormais.

Les révélations de Nerea continuent de résonner dans mon esprit, chaque mot ajoutant une nouvelle couche à cette histoire déjà complexe. Elle poursuit son récit, sa voix à peine plus forte qu'un murmure dans la quiétude du jardin.

"Quelques années plus tard, notre père a été tué," explique-t-elle, ses yeux perdus dans le vague. "Je ne sais pas qui l'a fait, mais cela a tout changé pour nous."

Je sens mon cœur se serrer à ces mots. La vie de cette famille semble avoir été marquée par une succession de tragédies.

"Camillo... il a dû grandir trop vite," poursuit Nerea. "Il est devenu le plus jeune grand baron de la drogue en Colombie. C'était sa façon de survivre, je suppose."

L'image de Camillo se transforme dans mon esprit. Ce n'est plus seulement le dangereux criminel que je connaissais, mais aussi un enfant brisé, forcé de devenir un homme dans un monde impitoyable.

"Heureusement, nous n'étions pas complètement seuls," ajoute Nerea, un faible sourire aux lèvres. "Regina, notre oncle donc le père de Mira et Lorenzo, ils ont été là pour nous. Mais Camillo... il a tellement souffert."

Je sens une vague d'émotions contradictoires m'envahir. L'histoire de Nerea et de son frère me brise le cœur. Cette jeune fille de 16 ans, privée de sa mère, ressemble tant à moi. Je ne peux m'empêcher de me demander comment elle fera si son frère n'est plus là.

Certes, elle a encore Mira, Lorenzo leurs oncle et Regina. Mais c'est encore une jeune fille, à peine sortie de l'enfance, confrontée à la dure réalité d'un monde pour lequel elle n'est pas préparée.

À cet instant, je me sens prise entre deux camps. D'un côté, la compassion et le désir de protéger cette jeune fille innocente. De l'autre, la conscience aiguë de ma propre mission, de ce pourquoi je suis ici.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 17 ⏰

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