Chapitre 32 - Léa

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PDV Léa
Résidence Miller
21h00

De retour à la maison, je pousse la porte d'entrée et me débarrasse de mes chaussures dans un mouvement presque automatique. Les bruits familiers de la maison m'accueillent, mais je n'y prête guère attention. Je grimpe les escaliers en vitesse, ma voix résonnant dans le couloir.

— Maman, je suis rentrée !

Je crie assez fort pour qu'elle m'entende, peu importe où elle est, mais je ne m'attarde pas à attendre sa réponse. Mon esprit bouillonne, saturé de pensées, et mes jambes m'entraînent presque mécaniquement jusqu'à ma chambre. Le souvenir de l'échange avec Evan sur le terrain, le regard de Mathieu, et cette soirée qui a pris une tournure si inattendue tournoient dans ma tête comme un tourbillon impossible à stopper. Il y a quelque chose d'indéfinissable dans l'air, une étrange impression qui me laisse croire que cette vie pourrait vraiment être la mienne... Une partie de moi se sent inexplicablement connectée à cette vie, mais c'est insensé, elle n'est qu'une faible et lointaine illusion d'une réalité qui n'existe pas.

Non. Il est hors de question que je commence à me poser des questions. Il faut que je me ressaisisse. Une douche, voilà ce qu'il me faut.

Sans réfléchir davantage, je file dans la salle de bain. L'eau brûlante coule rapidement, enveloppant la pièce de vapeur. La chaleur apaise mes muscles tendus alors que je défais mes cheveux, les laissant glisser en cascade sur mon dos. Mais mes pensées, elles, ne se taisent pas. Lewis... Son sourire. Ses éclats de colère dès qu'Evan s'approchent de moi. Pourquoi agit-il toujours ainsi, comme s'il redoutait qu'il m'arrive quelque chose ? Cela n'a aucun sens. Evan et moi partageons la même classe depuis deux ans. Si le danger existait vraiment, il aurait agi bien avant.

Un bruit soudain me fait sursauter. Un léger grincement, étouffé mais distinct, venant de ma chambre. Mon armoire, peut-être ? Je hausse les épaules, convaincue que c'est simplement ma mère, toujours occupée à ranger du linge propre. Je n'ai pas le temps d'y penser davantage qu'elle surgit, frappant à la porte de la salle de bain.

— Léa Leila Miller ! Dépêche-toi de sortir ! Il faut qu'on parle de la réunion que tu as ratée ce soir !

La réunion... mince ! J'avais complètement oublié la signature pour la fondation. Ça m'était complètement sortie de la tête.

— J'arrive ! Donne-moi cinq minutes.

Je termine en vitesse, me sèche et m'enroule dans une serviette. Face au miroir embué, un sourire naît sur mes lèvres pour je ne sais qu'elle raison. Mais il disparaît aussitôt lorsque j'ouvre la porte. Ma mère m'attend dans ma chambre, assise sur le bord de mon lit. Autour d'elle, éparpillées, les lettres et les photos que j'avais soigneusement dissimulées dans une boîte au fond de mon armoire. Elle pleure.

Je reste figée sur le seuil, comme pétrifiée. Mon cœur se serre à la vue de ses larmes. Elle sait tout...

Maman ! Qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi tu fouilles dans mes affaires ?!

Je m'élance, attrapant les lettres autour d'elle avec précipitation. Mais ses yeux rouges et gonflés me transpercent, pleins de reproches.

— Léa... Ces lettres. Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Tu te rends compte de ce que ça signifie ?

Sa voix tremble, partagée entre colère et peur. Je détourne le regard, les mains tremblantes. Tout ce que je voulais éviter, elle est bouleversée, et je n'arrive pas à aligner une seule pensée cohérente. Ces lettres... Je ne voulais pas que qui que ce soit les découvre, encore moins elle. C'était mon secret, mon fardeau, et elle n'était pas censée les découvrir comme ça. Je tente de la rassurer, mais elle ne cesse de me sermonner. Je me sens piégée, comme si ce que j'avais tenté de garder sous contrôle m'échappait d'un coup.

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