Epilogue

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Tarik, 12 juin 2017 ~ 13h09

Tout à une fin.

Un mois, un film, un événement, une course, une série, un siècle, une vie.

Une vie aussi à une fin.

Sauf que pour certains la fin apparaît beaucoup plutôt que pour d'autres.

À quelques mois, un ans, cinq ans, huit ans, treize ans. Mais aussi dix sept ans.

Je t'ai dis non. Je souffle une énième fois.

Mais s'il te plaît ! Elle me supplie, en faisant ressortir ses yeux de chiens battus.

On se fixe dans les yeux quelques secondes, où elle continue à me supplier, jusqu'à ce que je souffle.

Bon ok. Elle pousse aussitôt un cri d'excitation en sautant. Mais c'est la dernière fois compris ? Je la pointe du doigt.

Oui oui promis ! Elle ris en partant vers le rayon asiatique.

Je secoue la tête, attendant qu'elle revienne, ce qu'elle fait quelques longues secondes plus tard, trois boites en mains.

Trois carrément ? J'hausse les sourcils.

Y'a pleins de sushi différents, et des rouleaux de printemps ! Elle me fait un grand sourire. C'est pour vous faire goûter. Elle rajoute.

Je me retiens de rire en entendant ses arguments, mais laisse de coter pour lui faire plaisir.

Après on se calme sur les sushis, compris Nana ?

Mais ouiii ! Elle lève les yeux au ciel en enroulant mon bras autour du sien après avoir déposer les articles dans le cadi. Déstresse princesse.

Je secoue la tête, réprimant un sourire et la laisse me traîner en même temps que le chariot pour continuer les courses.

Il fallait quoi d'autres déjà ? Elle me demande.

Des gâteaux apéritifs. On en a plus.

Pas étonnant vu comment vous tapez dedans. Elle marmonne.

Je lui frappe doucement l'arrière de la tête en lui disant que j'ai entendu, mais finalement elle me réponds par un grand sourire, un sourire qui peut faire changer ton humeur en deux secondes.

C'était un peu comme sa marque de fabrique.

Je cligne plusieurs fois des yeux, jusqu'à tomber sur mon reflet dans le miroir, j'ai l'air complètement déboussolé. Je regarde un peu partout jusqu'à ce que je remarque je suis dans ma chambre, et non dans le magasin.

Tarik. Me dis doucement Layana.

Je tourne la tête vers la porte et voit ma copine adossé contre l'embrasure. Elle porte une simple robe noir, avec un long gilet de la même couleur.

Va falloir y aller. Elle s'approche doucement de moi.

Non.

Il est trop tôt.

Je ne réponds pas, et elle prends ma cravate en main pour me la faire. Je n'y arrive pas.

Elle a toujours voulu qu'on mette des cravates. Je dis soudainement après plusieurs minutes.

Ça faisait plus homme classe comme elle disait. Elle rigole doucement, ce qui me fait sourire.

Nahaya disait toujours qu'on était pas classe, mais qu'on le serait si on mettait des cravates, ce qu'on a jamais fait.

Jusqu'à aujourd'hui, mais au final elle est pas là pour voir ça.

Elle t'aimeras toujours tu sais ? Me dis soudainement ma copine.

Après plusieurs secondes, j'hoche lourdement la tête, sentant les larmes montés.

Allez viens.

Elle me prends la main et m'entraîne hors de ma chambre pour m'emmener dans le salon, là où tout le monde est présent.

Là où tout le monde est habillé en noir.

Mon regard est attiré par des enveloppes que mon frère tiens dans sa main. Il s'approche de moi et m'en tends une.

J'ai trouvé ça dans la chambre de Nana.

Ses larmes montent aussitôt quand il finit sa phrase mais il secoue la tête pour les enlever avant de faire le tour et d'en distribuer à tout le monde.

Une fois son tour fait, Nabil vient se mettre à côté de moi, et sans qu'on s'y attendent, notre père nous sert dans les bras. Il faut peu de temps pour que les larmes de mon frère et les miennes sortent en même temps.

La dernière chose qu'ils nous restes d'elle, c'est un putain de bout de papier.

Un bout de papier, des cœurs brisés, une famille anéanti.

Pourquoi ?

paradis artificielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant