Chapitre 5

918 49 5
                                    

-Merci encore d'être restée toute la semaine ma chérie.
-Pas de problèmes. Rafaella a été relativement calme dès la naissance de sa naissance. Enfin, même si je n'ai pas échappé aux réveils à l'eau..
Nous échangeons un rire et je prends Paula dans mes bras une dernière fois. Je trouve Luis dans la voiture qui me conduit lentement jusqu'à l'aéroport. La semaine n'était pas aussi difficile que ce que j'avais imaginé, et les dures moment que Rafaella m'avait fait passé avaient largement été compensés en voyant leur famille s'agrandir dans une telle harmonie.
Le trajet du retour me garde agitée, et je ne sais pas si c'est réellement une bonne chose. Je suis pressée de voir Camille pour lui raconter tout ce que sa famille et moi avons partagé, et j'ai hâte de voir Alex avec qui je sais je vais m'amuser. Mais encore une fois, je ne me sens pas totalement bien. Comme quand j'étais arrivée à Barcelone, j'avais une appréhension que je ne pouvais pas ignorer, et ça revenait aujourd'hui. Je savais que je serais heureuse de voir Alex: il était mon meilleur ami et j'aimais la tendresse qu'il m'apportait. Mais c'est comme si j'étais déjà fatiguée d'avance par les problèmes qui allaient nous tomber dessus, quelque chose que je ne pouvais pas éviter.
J'essaie de m'occuper dans l'avion en ouvrant Instagram et passant en revue différentes photos alors que soudain, une notification attire mon regard. @neymarjr vous a suivi. Je jette en vitesse un coup d'œil à ses photos, en particulier composés de son fils ou des autres joueurs du Barça. La plus récente date de la victoire du Brésil face à la Belgique. Alors que l'avion atterrit, je clique en vitesse sur Suivre avant de ranger mon portable et rassembler mes affaires.
Je retrouve Alex dans le hall de l'aéroport. Il semble nerveux, peut-être même anxieux. Alors que je m'approche de lui, son regard croise le mien et il semble tellement soulagé de me voir. Son visage se fend dans un grand sourire et il me prend dans ses bras, soulevant mon petit corps sans aucune gêne.
-Quelque chose ne va pas? soufflé-je alors qu'il fait durer notre étreinte. Tu n'a pas l'air bien.
-Si, ça va. C'est juste.. Je risque d'être en retard pour l'entrainement des garçons. Ça te dérange de venir avec moi directement au stade et attendre que l'entrainement soit fini?
-Non, pas de soucis.
Il m'embrasse, en vitesse mais avec envie malgré tout, et nous montons en voiture. Sa main trouve la mienne et , dégageant de temps en temps ses yeux de la route, il me regarde comme s'il me voyait pour la première fois.
-Alors, la famille Sconta s'est agrandi?
-Tu aurais vu ça, lâché-je dans un rire. C'était fou. Ils étaient tous réunis autour de cette petite chose, on aurait dit qu'elle était le soleil et qu'ils tentaient simplement de tourner autour. Et le pire, c'est qu'en passant autant de temps avec eux, j'ai presque failli me sentir comme ça.
-Si tu essaies de dire que tu veux un enfant, il va falloir discuter, avoues le blond en riant.
-Non, répondis-je en éclatant de rire, je ne veux pas d'enfants. Mais c'était juste, tu vois..
-Une famille, conclue le garçon d'un ton presque rêveur.
-C'était un peu étrange au début, mais ça prenait son sens. Les pièces du puzzle fonctionnaient ensembles, et c'était franchement adorable à voir.
Alex me jette un nouveau regard, le sourire au bord des lèvres.
-Je suis content que tu y sois allée.
-Moi aussi. J'aurais juste préféré que Rafaella soit plus clémente envers moi..
Nous arrivons au stade à l'heure pour l'entrainement. Alex attrape les affaires donc il a besoin et nous descendons vers le terrain.
-Je vais être sur le bord du terrain, là-bas, dit-il en me montrant le reste du groupe médicale. Tu peux aller t'asseoir sur le banc là-bas.
Je m'exécute et prends place, regardant les garçons s'étirer.Alex discute avec Maya et d'autres médecins, jetant quelques coups d'œil vers moi de temps à autre.Il a l'air stressé, presque angoissé par quelque chose. Je l'ai eu au téléphone plusieurs fois pendant la semaine et il avait l'air plutôt calme, n'a pas parlé de choses graves. Il avait dit que je lui manquait, qu'il voulait me voir, mais rien d'inhabituel. Perdue dans mes pensées, je suis harcelée par des messages de Camille qui tente de me raconter l'intégralité de ses quatre jours de conférences par SMS, ce qui rend le récit aussi drôle qu'illisible.
-Hé, salut !
Je relève les yeux dans un sursaut et trouve Neymar en face de moi, faisant ses pas chassés d'un air innocent. Il est toujours sexy et, d'après la façon dont il me regarde, je lui plais pas mal aussi.
-Alors, c'était comment São Polo?
-Vas t'entraîner avec les autres, répondis-je en feignant d'être agacée.
-Quelle condescendance ! Est-ce que c'est parce que tu es douée en pronostiques de score?
Je ne peux m'empêcher de sourire à sa remarque, réellement fière de moi. Un sifflet retentit et Neymar est rappelé près de ses coéquipiers. Il soupire et rejoint le reste de son équipe sans entrain. Leur entrainement m'impressionne: les garçons essaient beaucoup de choses, s'entraident. Ils se donnent à fond et font de belles performances. Quand ils finissent enfin, l'ensemble des joueurs retournent vers le vestiaires alors que Neymar court à l'opposé, vers moi.
-Félicitations pour votre victoire contre la Belgique.
Il large sourire se peint sur son visage, comme s'il avait attendu de me l'entendre dire.
-Tu as vu tout le match?
-J'étais dans une maternité donc c'était un peu compliqué..mais j'ai vu ton but.
Il éclate de rire alors que nous rejoignons ensemble l'intérieur du stade.
-Tu es prête?
La main d'Alex se referme sur la mienne et il me sourit nerveusement.
-Hm..Oui.
-Bon.. Salut ! , dit le brésilien en s'éclipsant.
J'accompagne Alex hors du stade en observant sa mine occupé. Alors que je m'attends à ce qu'il me raconte sa semaine, il reste silencieux pendant le trajet.Devant la porte de l'appartement, je le trouve carrément angoissé.
-Ça va? demandé-je en resserrant ma main dans la sienne.
-Oui, affirme-t-il en souriant.
Je passe la porte mais ne comprends ce qui se passe seulement au milieu du salon. Il y a des bouquets de roses un peu partout, des photos de nous, des bougies alors que la nuit commence à tomber. Je dois avoir oublier une date. Ce n'est pas mon anniversaire..ni le sien. Surement un anniversaire de rencontre, ou de situation de couple.
-Tu vas me détester, je suis désolé mais.. J'ai oublié ce qu'on doit fêter.
A ma grande surprise il éclate de rire, se détendant un peu.
-On a rien à fêter aujourd'hui, promet-il.
-Oh.. Donc, tu es juste content de me voir?
-On peut dire ça.
il s'avance et attrape mon visage dans ses mains, m'embrassant à pleine bouche. J'hésite un instant à répondre, à m'éloigner et lui demander ce qu'il ne va pas. Mais je lui rends son baiser alors que ses mains se perdent dans mes cheveux et les miennes sous son T-shirt, caressant son torse et appréciant la chaleur de son corps. Il me sert avec force, comme s'il avait peur que je m'éloigne de lui à tout moment. Tout son corps est tendu et mes caresses n'y change rien. Je m'apprête à déboutonner son jean et il grogne, me mordant la lèvre inférieur avant de s'éloigner de moi.
-Attends, supplie-il.
-Attends quoi?
Il cherche mon regard, puis le fuit. Il gigote, regarde autour de lui, semble réfléchir.
-Alex..
Je m'avance et pose une main sur sa joue, l'obligeant à me regarder dans les yeux. J'attends qu'il me dise ce qu'il a, ce qui le tracasse, mais il se contente de sourire précieusement quand enfin il croise mon regard. Et d'un geste, il fait un pas en arrière et pose un genoux à terre. Oh.
-Je t'aime.
-Alex, je-
-Non, tu dois me laisse le dire.
-Mais-
-S'il te plais. Je t'aime. J'aime être avec toi, tout le temps. Et je comprends que parfois tu doives partir, voyager, prendre ton temps. Et tu es toujours à moi, même quand tu es parties.
-Je-
Il ouvre un écrin et le diamant brille tellement que ça me fait mal.
-J'ai besoin de toi. Je n'ai besoin que de toi. Je le sais, alors-
-C'est bien ça le problème!
Mes larmes lui coupent la parole, et il me regarde un instant, incrédule.
-Non, s'il te plais. Ecoute moi.
Je le relève et il s'exécute, ne comprenant pas ma réaction.
-Ce n'est pas une bague qui va faire en sorte que je ne me sauve pas. Ce n'est pas ça qui va me garder prêt de toi, d'accord? Tu n'a pas à-
-Non, je..-
-Ecoute moi bien, Alex. On ne veut pas la même chose dans cette relation. Je veux quelque chose de cool, de doux, un lien. Mais tu veux une promesse, une alliance, tu veux une famille.
Il fait non de la tête, ravalant ses larmes avec difficulté.
-Tu es mon meilleur ami, on se connait depuis tellement longtemps, et on a quelque chose de fort. Mais tu nous mène en bateau parce que tu essaies de m'enfermer. Je ne vais pas t'épouser, et tu le sais.
Il évite maintenant complètement mon regard. Il reste un instant debout, sans bouger, regardant dans le vague. C'est comme s'il comprenait une à une mes paroles, les décodait, tentait de les accepter.Puis, d'un geste lasse, il pose l'écrin sur la table près de lui avant de poser de nouveau son regard sur moi. Ses yeux dorés embués me font mal au cœur. Et il le voit, il comprend à quel point ce qu'il vient de faire est grave.
-Je voulais.. Je..
-Je sais.
Je veux un instant prendre sa main mais hésite, et finit par me résigner en voulant éviter de faire quelque chose qui pourrait encore plus le blesser.J'ai envie d'être là pour lui mais je comprends que je ne peux pas. Et nous réalisons tous les deux qu'on vient de perdre quelque chose. Maintenant qu'on a enfin avoué qu'on voulait quelque chose de différent, on ne peut plus faire comme si la relation fonctionnait.
Le regard brumeux, il finit par tourner les talons, attrapant son sac d'un geste lasse.
-Alex?
-Je dois.. Je dois y aller.
Il se glisse doucement derrière la porte et cette dernière ne claque même pas. Je regarde un instant autour de moi.Je suis en colère, je suis embêtée, je me sens mal. Je ne voulais pas le blesser mais j'avais l'impression que je ne pouvait pas faire autrement. La bague n'était simplement pas une option, et il le savait aussi, parce qu'il n'aurait autrement pas été aussi nerveux. Mais il se devait au moins d'essayer. J'éteins nerveusement toutes les bougies et sors en vitesse mon portable de mon sac, composant à toute vitesse le numéro de Camille. Elle écoute, reste calme, parle très peu. Elle me laisse raconter la scène comme elle s'est passé, expliquer ce que je ressentais et pourquoi j'ai dit ce que j'ai dit. Elle finit par pousser un long soupire lasse, comme si on savait toutes les deux qu'on venait de faire une chose très dure.
-Il faudrait que tu prennes tes affaires, et viennes chez moi.
-Pour quelques temps, assuré-je.
-Pour tout le temps, rectifie-t-elle d'un ton presque dur. Je vais parler à ma colocataire, elle comprendra pourquoi je dois me séparer d'elle.
-Camille, soupiré-je. J'ai pas vraiment envie de foutre le bordel dans ta vie aussi.
-Viens juste avec tes sacs, d'accord? Tout vas bie, chérie.
Elle raccroche et, comme d'habitude, je finis par l'écouter. Je rassemble les différentes roses et en fait un gros bouquet classique, range les photos et les bougies, allume les lumières. Je rejoins le dressing et fourre mes affaires dans les grands sacs de voyages que j'avais en arrivant. Une fois les avoir placé dans l'entrée, j'hésite à quoi faire. Attendre Alex? lui laisser un mot? Je reste un instant debout, à réfléchir à la meilleur façon de sortir de cette situation. Je ne peux pas juste m'éclipser, il faut qu'il sache que je suis toujours là pour lui. Mais je ne peux pas rester non plus, car ça donnerait la mauvaise impression. Je tente de griffonner quelques mots mais ils finissent chiffonnés et au fond de la poubelle, complètement incapable d'écrire une note qui ne serait pas blessante. Dans un fracas, j'entends frapper à la porte avec insistance et dureté, me faisant presque sursauter.
-Psss! Alex!
J'ai à peine le temps de tourner la poignée que la porte claque. Neymar fait irruption dans la pièce, à deux doigts de s'écraser contre la parquet, se rattrapant de justesse au fauteuil.
-Neymar? Qu'est ce que-
-Chuut! crache-t-il en tentant de s'asseoir sur le canapé avec difficulté.
-Tu es ivre?
Un large sourire prend place sur son visage, comme s'il 'était tout à fait fière de l'être.
-On a fêté mon but brésilien, explique-t-il. Mais j'ai trébuché en voulant rentrer et..j'ai mal à la cheville.
Je m'approche alors que le brun retire sa chaussure, constate qu'il est un peu rouge mais pas gonflé pour autant.
-Ça n'a pas l'air très grave.
-Alex peut regarder? soupire-t-il en s'allongeant.
-Il n'est pas là. Tu devrais peut-être l'appeler et-
-Tu peux le faire? demande-t-il en geignant, comme si j'avais un enfant en face de moi.
-Il ne répondra surement pas si j'appelle.
Il relève la tête et hausse un sourcil, mais finit par tendre son téléphone, que j'attrape en cherchant le numéro du blond. De longues sonneries retentissent mais Alex ne répond pas, faisant grogner le brésilien d'agacement.
-Tu veux que je regarde? proposé-je. Je me débrouille et j'ai de la pommade, même si je ne suis pas aussi bonne qu'Alex.
Le garçon éclate de rire,et j'avoues que je me vexes presque.
-Quoi?
-Crois moi, tu es beaucoup plus bonne qu'Alex ! lâche-t-il entre deux fou-rires.
Je vais chercher de la pommade dans la salle de massage et reviens m'asseoir près de Neymar alors qu'il me tant son pied d'un geste intimidé.
-Tu sais ce que tu fais? demande-t-il, soudain sérieux. Je ne laisse pas mon gagne-pain comme ça dans des mains inexpérimentées, si tu vois ce que je veux dire.
-Je vois, affirmé-je en posant sa cheville sur mes cuisses avec délicatesse. Mais Alex a testé la quasi-totalité de son programme de kiné sur moi, quand on était à la fac ensemble. Donc je sais masser une cheville douloureuse.
J'applique de la pommade et commence à le masser. Au début hésitant, il finit par se relaxer, soupirant de bonheur.
-Ahhh, souffle-t-il en riant. Autant pour moi, tu sais ce que tu fais.
-Je préfère ça, lâché-je dans un rire.
-Je n'aurais pas du venir, ajoute-t-il dans un souffle. Je ne voulais pas déranger.
-Ça va,dis-je d'un ton las.
Je n'avais pas vraiment envie de voir le brun. En vérité, je n'avais envie de voir personne. Ou peut-être Alex. Lui expliquer, qu'on puisse parler, qu'il sache que ça ne voulait pas dire que je l'abandonner. Bien sur, je ne voulais plus être avec lui, mais j'avais promit de le soutenir comme un membre de sa famille et c'est bien ce que je comptais faire. Mais j'étais angoissée à l'idée qu'il refuse mon aide, qu'il s'éloigne de moi par rapport à mon refus de l'épouser. C'était quand même mon meilleur-ami, et j'étais à deux doigts de le perdre.
-Il est où?
-Je ne sais pas.
-Vous êtes vraiment un couple bizarre, explique-t-il en riant. D'abord, il se fiche d'une photo de toi où te voit presque m'embrasser.
-Presque.
-Ensuite, tu récupères mon numéro par lui, et ça ne le gêne pas le moins du monde.
-C'était pour-
-Et il te laisse seule ici, alors que n'importe quel joueur a le droit de venir réclamer un massage n'importe quand.
-Ce n'est pas nous le problème, c'est toi et la certitude que je vais me jeter dans tes bras.
-Ce n'est pas le cas?
-Qu'est ce qu'on ferait ensemble? ironisé-je. Tu as toute une horde de mannequins ou d'actrices à ta disposition.
-J'en veux pas, crache-t-il comme un enfant refuserait un jouet, j'en ai jamais voulu. Je voulais le foot. Ah, et ce que j'aurais voulu aussi, c'est t'embrasser comme on aurait du le faire, quand tu étais collé contre ta voiture. T'arracher ta robe noire à la fête de Léo aussi, c'était dur de te voir partir avec Alex et savoir qu'il allait avoir ce que je voulais. Et aussi, que tu acceptes de me voir quand on était au Brésil, et sur la plage je t'aurais-
-Je crois que j'ai compris, le coupé-je. Ne m'allume pas quand j'essaie de me concentrer, s'il te plais.
Il éclate de rire et je le rejoins, presque étonnée par mes propres paroles. Mais il est soûl, et il agit simplement comme un gosse qui veut ce qu'il ne peut pas avoir. Il reste un instant silencieux alors que je continues de le masser mais le moment de paix ne dure pas.
-Qu'est ce que c'est?
Son bras s'étant jusqu'à la table sans pouvoir l'atteindre. Tentant de s'étirer encore plus, il désigne l'écrin.
-Rien.
-Ohhhh, ça m'intéresse !
D'un geste de hanche il bascule et se retrouve au dessus de moi, pouvant attraper la petite boite dont il s'empare en vitesse.
-Arrête! grogné-je en tentant de la récupérer.
Le brésilien s'en amuse et lève le bras assez haut pour que je puisse pas atteindre la boite, à moitié sur moi en m'empêchant de me relever. Il ouvre la boite de velours et attrape la bague, soudain mal à l'aise.
-Il t'a demandé en mariage?
-Oui, soufflé-je en le poussant et l'éloignant de moi.
-Et comme c'est encore là dedans, tu as refusé.
-Oui.
-Ah, d'accord...

Il reste silencieux un instant, une grimace sur le visage, et finit par grogner.

-Je.. Je crois que je vais être malade.
Le brésilien s'éclipse et s'enferme dans la salle de bain, m'arrachant un rire. Karma. Je referme l'écrin de velours et jette nerveusement la bague dans un tiroir. Neymar revient, pas encore capable de marcher droit et une brosse à dent dans la bouche.
-Ch'en ai trouwé une prop' dans le tiwoir.
-Tu devrais manger pour faire passer la gueule de bois, dis-je en rejoignant la cuisine.
Je jette un coup d'œil au frigo et sort plusieurs trucs pour qu'il puisse grignoter. Mon téléphone vibre et je réalise que j'avais promis à Camille de la rejoindre.
-J'attends, dit-elle dès qu'elle entend que je décroche.
-J'ai eu un petit imprévu. Du genre brun, brésilien, mais éméché.
-Tu te le tapes enfin!?
-Je t'appelles plus tard, soupiré-je en l'entendant rire à l'autre bout du fil.
-Alors, pourquoi ne pas l'épouser? demande le garçon en s'attablant et commençant à manger.
-Pourquoi te le dire?
-Parce que je suis complètement soûl, explique-t-il en gloussant.
-C'est juste,.. Il ne me voulait pas vraiment moi. Il voulait juste une famille.
-Oh, crois moi, il te voulait toi !
-Est-ce que tu peux arrêter les allusions sexuelles? soufflé-je en retournant m'affaler dans le canapé. Je suis fatiguée.
-Tu ne voulais pas dire frustrée, plutôt?
-Je ne suis pas frustrée.
-Tu as raison, et ça se voit, lâche en garçon, posant son regard sur moi alors qu'il se mord la lèvre. Je préférerais que ce soit moi qui-
-Je suis fatiguée, répété-je en fermant les yeux.
Je le dis pour le faire taire, bien sûr, mais aussi parce que je suis réellement épuisée par le décalage horaire. Le brun se calme est je crois que je m'endors. J'arrive enfin à me relaxer: après voir dit non, pleurer, tenter de me sauver de cet appartement, j'ai les nerfs à vif. Mais mon court sommeil me détend, me faire presque oublier tout le drame d'aujourd'hui. Plus de demandes en mariage, de crises, de portes qui claquent. Et quand j'arrive à être sereine de nouveau, le brésilien me sort du sommeil.
-Clémentine, répète-t-il, me faisant ouvrir les yeux.
Il est penché sur moi, à moitié allongé sur le grand canapé. Ses pupilles brunes me scrutent, semblent analyser mes mouvements fatigués. Il sent bon, même si ça me fait mal de le dire.
-Mh?
-Je m'en vais.
-Plus bourré?
-Si, toujours, affirme-t-il en souriant. Mais il faut que j'y aille.
Nous nous regardons un moment, et je ne comprends pas s'il attend que je dises quelque chose.
-Merci pour ce soir, dit-il, se penchant un peu plus vers moi.
Encore à moitié endormie, je perds mes repères et, alors que ses yeux parcours mon visage, je reste stoïque sans éloigner mon visage un peu trop proche du sien. Il m'observe comme il le fait parfois, quand personne ne regarde : avec envie, désir, provocation. Et d'un geste doux et naturel, il ferme l'espace entre nous et s'empare de mes lèvres. Mon premier réflexe est un geste de recul. Je sais que c'est n'importe quoi, qu'aucun de ne devrait faire ça. Mais je prends vite goût au baiser -Ah, il embrasse bien. J'y réponds et presque tout mon corps vient se coller au sien malgré moi. Mes mains se perdent dans ses cheveux.Une de ses mains se cale dans le bas mon dos et il claque mon bassin contre le sien alors que je l'embrasse plus profondément encore. Il gémit et, alors que son téléphone se met à vibrer, il se détache de moi en soupirant.
-Je m'en vais, répète-t-il en se levant du canapé et passe la porte de l'appartement alors qu'il porte l'engin à son oreille.
Je reste un instant sans bouger, de nouveau seule dans l'appartement sans comprendre ce qui vient de se passer. Puis je bouge, regarde autour de moi et fouille dans ma poche en sortant mon portable. 5h30. 4 appels manqués de Camille. Nous voilà de retour: mariage refusé, fuite organisée, et problèmes à régler. Je me lève en vitesse et jette un coup d'œil à l'appartement. Tout est rangé, comme si je brésilien n'était pas venu dé-soûler ici. J'hésite un instant à attendre Alex. Je voudrais qu'on discute, mais je sais qu'il va lui falloir du temps pour accepter qu'on ne soit plus ensemble. Je sais que je reviendrais vers lui, en tant qu'amie, mais que pour l'instant il a besoin d'être seul. Décidée, j'attrape en vitesse mes sacs de voyage et quitte aussi le petit appartement.

The good kind of unexpected | Neymar Jr.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant