Apryl.A
Je prends une nouvelle bouffée de ma cigarette, les yeux fixés sur l'horizon sombre de la nuit. Ares est à côté de moi, silencieux, le regard perdu quelque part entre les ombres et les lumières de la ville. On parle de tout et de rien. Pour une fois, il n'a pas cette attitude arrogante, ce masque de froideur qui me donne envie de l'étrangler.
Je me tourne vers lui, inspirée par l'instant, par la fatigue, par l'alcool qui traîne encore un peu dans mon sang.
- Si tu avais le choix entre mourir ou vivre, mais dans une souffrance atroce... Comme si on te brûlait vif... Tu choisirais quoi ?
Il relève doucement la tête, ses yeux sombres se posant sur moi avec une intensité qui me fait frissonner.
- Pour mon esprit, j'aurais choisi la mort, répond-il après un moment. Mais pour ma fierté... j'aurais choisi la vie.
Je laisse ses mots résonner en moi, puis je souffle doucement, jouant distraitement avec le filtre de ma cigarette.
- Et toi, Apryl ?
Je ne réfléchis même pas avant de répondre.
- La mort.
Ares tourne la tête vers moi, un éclat indéchiffrable dans le regard.
- T'as répondu ça un peu trop vite.
Je hausse les épaules, fixant les braises rouges au bout de ma cigarette.
- Parce que c'est vrai.
Il ne dit rien. Le silence s'étire entre nous, pesant. Mais au fond, je sais qu'il a compris.
J'écrase ma cigarette sur la rambarde du balcon avant de la laisser tomber dans le vide. À côté de moi, Ares fait de même, sans un mot. L'air de la nuit est encore chargé de tension, de tout ce qui s'est passé ce soir. Pourtant, il est là, toujours calme, toujours impassible.
Je me tourne vers lui, les bras croisés.
- Pourquoi tu n'es pas fâché contre moi ?
Il laisse échapper un soupir amusé, secouant la tête avant de plonger ses yeux sombres dans les miens.
- Parce que t'es pas en état de te faire gronder comme une petite gamine pourrie gâtée.
Un sourire en coin étire mes lèvres, et sans réfléchir, je balance :
- Sauf que moi, je ne suis pas une gamine pourrie gâtée... Mais une gamine déshéritée et abandonnée !
Ares arque un sourcil, un mélange d'étonnement et de lassitude traversant son regard.
- T'as vraiment un humour noir, c'est dingue de rigoler sur ça.
Je hausse les épaules, faussement désinvolte.
- Bah, vaut mieux en rire qu'en pleurer.
Il me fixe un instant avant de détourner les yeux, expirant lentement. Je ne sais pas si c'est parce qu'il comprend ou parce qu'il préfère ne pas répondre. Peut-être un peu des deux.
Un silence s'installe entre nous. Pas un silence gênant, non... Un de ceux qui électrisent l'air, qui rendent chaque souffle plus pesant, chaque mouvement plus significatif. Ares est toujours adossé à la rambarde du balcon, son regard perdu quelque part dans la nuit, mais je sens qu'il est pleinement conscient de ma présence.
Je devrais rentrer. Mettre fin à cette conversation avant que quelque chose ne change. Avant que l'atmosphère ne devienne encore plus étrange. Mais mes jambes ne bougent pas.
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Shattered Souls
RomanceApryl a toujours vécu dans l'ombre de son père, un homme puissant et craint dans le milieu criminel. Mais lorsque sa vie bascule du jour au lendemain, kidnappée par lui, un homme aussi dangereux qu'énigmatique, elle comprend que sa liberté ne lui ap...
