Shattered Souls

Juste 2 heure...

                                                                                                                  Ares.K

Le goût amer du whisky brûle ma gorge mais je n'y fais pas attention. Je serre le verre entre mes doigts, les yeux rivés sur le vide, le cœur au bord de l’implosion. Le silence est lourd, pesant, comme si la moindre parole pouvait tout faire exploser.

Julie pleure doucement à côté de moi, recroquevillée dans les bras d’Alex. Lui, il tente de la calmer, mais il est pâle, tendu, l’air d’un type qui a reçu un coup en pleine poitrine.

Aria est affalée sur Hayden, la tête posée contre son torse. Ses yeux sont figés, morts. Hayden ne dit rien non plus, sa main posée mécaniquement sur l’épaule d’Aria, comme s’il essayait de s’ancrer à la réalité.

Et moi... moi je suis là, figé, les sourcils froncés, le cœur en miettes.

Apryl.

Ce prénom résonne dans ma tête comme une cloche de détresse. J’ai beau essayer de me concentrer, de réfléchir, de respirer... rien n’y fait. Je sens la colère monter, la peur s’infiltrer, la culpabilité me bouffer de l’intérieur.

Je tape le fond de mon verre contre la table, un peu plus fort que je ne l’aurais voulu.

— On va la retrouver, je dis d’une voix rauque, presque inaudible.

Personne ne répond. Peut-être qu’ils n’y croient plus. Peut-être qu’ils sont aussi impuissants que moi. Mais moi, je refuse de rester là, à attendre.

Je regarde Alex, puis Hayden, puis Aria. Mon regard s’arrête un instant sur Julie. Elle lève les yeux vers moi, noyés de larmes. Et là, je jure intérieurement.

Je vais la retrouver, peu importe ce que ça coûte. Peu importe qui je dois affronter. Même si je dois brûler le monde entier pour ça.

Je me lève. J’en ai assez de rester là.

Alex me fixe, les bras toujours autour de Julie, le regard dur.

— T’es pas en état, Ares. Reste là. Si tu sors maintenant, tu vas faire n’importe quoi.

Je serre les dents. Mon poing se crispe autour du verre vide. Mon cœur cogne dans ma poitrine comme s’il voulait sortir, hurler, exploser. Et je sens cette rage me monter à la gorge, cette sensation d’étouffer dans ma propre impuissance.

— Va te faire foutre, Alex, je lâche d’une voix glaciale. Tu crois que je vais rester là, assis comme un putain de pantin, pendant qu’elle est peut-être...

Je n’arrive même pas à finir ma phrase. La simple idée me donne envie de briser quelque chose.

Mais avant que je puisse faire un pas, la voix d’Aria s’élève, calme, mais ferme.

— Ares. Assieds-toi.

Je tourne la tête vers elle. Ses yeux me fixent avec cette douceur désespérée qu’elle est la seule à maîtriser. Elle a toujours été la voix de la raison, même quand tout s’écroule. Et là, dans ses pupilles vides, je sens le poids de sa peur, aussi profonde que la mienne.

Mon cœur tambourine. Mon instinct hurle. Mais mes jambes cèdent. Je me rassois.

Pas pour Alex. Pas pour moi.

Pour elle. Pour Apryl.

Parce que si je veux la retrouver, je dois penser. Être lucide. Et pas laisser ma colère me bouffer.

dAlex se relève, se dirige vers son sac et récupère son ordinateur avec une détermination froide. Je le fixe, ma patience à bout.

— Putain, mec, c’est pas le moment d’utiliser ton putain d’ordi, je dis d’un ton agacé, les dents serrées.