Shattered Souls

Chapitre 21

Apryl.A

La porte est restée fermée depuis la visite de Mariah. J’ai fini par manger, non pas par confiance, mais parce que j’ai besoin de forces. Il reviendra, et je refuse d’être à moitié morte de faim quand il le fera.

Les heures s’étirent. Le silence est toujours là, oppressant, mais mon esprit est en mouvement. Je repense à chaque mot, chaque geste. Pourquoi il me garde ici ? Pourquoi ce jeu du silence ? S'il voulait me faire parler, il s’y prend mal. Et Mariah… elle est différente. Peut-être une faille dans cette forteresse de contrôle qu’il a construite autour de moi.

Un bruit, encore. Cette fois, c’est plus fort. Des pas, lourds, plus affirmés que ceux de Mariah. Mon corps se tend. La porte s’ouvre lentement. Je le savais. C’est lui.

Kartz entre, toujours aussi calme, son regard posé sur moi comme si j’étais un sujet d’étude, une énigme à décrypter. Il ne parle pas tout de suite. Bien sûr que non. Je croise les bras et lève le menton, refusant d’être la première à briser le silence.

Il s’avance, tire une chaise et s’assoit, bras posés sur les accoudoirs. Son regard est fixe, presque curieux.

— Tu as mangé. C’est bien.

Je hausse un sourcil. C’est ça, son entrée en matière ?

— Désolée de te décevoir, mais je n’ai pas l’intention de mourir de faim.

Un mince sourire passe sur ses lèvres, mais il disparaît aussitôt. Il observe la pièce, puis moi, comme s’il mesurait quelque chose d’invisible.

— Tu penses toujours avoir le contrôle, Anderson.

J’esquisse un rictus.

— Et toi, tu penses toujours que ton petit jeu va fonctionner sur moi ?

Il ne répond pas immédiatement. Puis, il se penche  en avant, son regard s’assombrissant.

— Ce n’est pas un jeu.

Quelque chose dans sa voix a changé. Moins de sarcasme, plus de gravité. Je fronce les sourcils.

— Alors c’est quoi ? Une leçon ? Une punition ?

— Un test.

Le mot me cloue sur place. Un test ? Je ne comprends pas, et il le voit.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

Il s’appuie contre le dossier, croise les jambes.

— J’ai besoin de savoir ce que tu vaux. Ce dont tu es capable.

Un frisson me traverse. Ce n’est pas juste un enlèvement, une vengeance ou un caprice. C’est autre chose. Mais quoi ?

— Et si je refuse de jouer ton jeu ?

Il sourit cette fois, un sourire froid, implacable.

— Tu joues déjà, Anderson. Depuis le moment où tu es entrée dans cette pièce.

Je serre les dents. Il a raison, et ça me met hors de moi. Euh en plus je suis ici de force ! C'est pas juste !!

— Et si je gagne ?

Son regard se durcit.

— Alors tu comprendras pourquoi tu es ici.

Il se lève, lentement, s’approche de la porte.

— Repose-toi. Demain, tu comprendras.

— Commence quoi ?

Il me jette un dernier regard avant d’ouvrir la porte.