Journal intime

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Apryl.A

Le lendemain matin, je me réveille lentement, les paupières encore lourdes de sommeil. La lumière tamisée filtre à travers les rideaux, projetant des ombres douces sur les murs de ma chambre. J’ai du mal à émerger complètement, mon esprit encore engourdi par la fatigue de la veille.

Je tourne la tête et aperçois le téléphone posé sur ma table de chevet. Le même que m’a donné Ares. Pendant un instant, j’hésite à le prendre. L’idée de pouvoir contacter qui je veux, quand je veux, me semble irréelle après tout ce temps enfermée ici. Pourtant, malgré cette nouvelle "liberté", je me sens toujours coincée.

Je pousse un soupir et me lève, traînant les pieds jusqu’à la salle de bain. Après une douche rapide, j’enfile un short en coton et un débardeur, laissant mes cheveux sécher naturellement.

L’odeur du café flotte déjà dans l’air lorsque je descends les escaliers. En arrivant dans la cuisine, je vois Maria en train de préparer le petit-déjeuner. Des crêpes dorées s’empilent sur une assiette, accompagnées de fruits frais et de miel. Elle relève la tête en me voyant entrer et me sourit.

Bien dormi ? demande-t-elle en disposant une tasse de café sur la table.

Ça va… je réponds en haussant  les épaules avant de m’asseoir.

Je commence à manger en silence, savourant le goût sucré des crêpes. Mais mon esprit est ailleurs. Ares. Ce qu’il a dit hier. Ce téléphone. Son comportement étrange.

Ares est déjà debout ? je demande finalement, d’un ton qui se veut détaché.

Maria hoche la tête.

Il est dans son bureau. Il a des choses à régler ce matin.

Évidemment. Toujours enfermé dans ses affaires, à gérer je ne sais quoi. Une part de moi est soulagée qu’il ne soit pas encore venu me déranger, mais une autre se demande s’il va finir par réapparaître aujourd’hui.

Je prends une gorgée de café, mais une grimace me traverse le visage. Amer. Trop amer. Je repose aussitôt la tasse écœurée.

Je ne sais pas pourquoi j’ai pris l’habitude d’en boire ici. Peut-être parce que Maria en prépare toujours une tasse pour moi, comme si c’était une évidence. Mais la vérité, c’est que je déteste ça. Je crois que je l’ai toujours détesté, et pourtant, depuis mon arrivée ici, j’ai continué à en boire machinalement, sans vraiment y réfléchir.

Un soupir m’échappe alors que je pousse la tasse plus loin. Tant pis, je vais me contenter du jus d’orange.

Maria relève à peine la tête, concentrée sur ses tâches, mais je sens qu’elle a remarqué mon geste. Elle ne dit rien, et je ne cherche pas à expliquer.

Je me concentre sur mon assiette, picorant distraitement mes crêpes. Pourtant, même la douceur du sirop d’érable n’efface pas cette sensation étrange qui me pèse sur la poitrine.

Quelque chose me dit que la journée ne va pas être aussi calme que je l’espérais.

Je termine mon petit-déjeuner en silence, mais mon esprit est ailleurs. L’atmosphère est étrange ce matin, comme un calme avant la tempête. Peut-être que je me fais des idées, ou peut-être que je commence à trop bien comprendre comment fonctionne cet endroit.

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