Apryl

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Pour toute les personnes ayant un Daddy issues.

Apryl.A

Nous étions en plein cœur du printemps. L'air était doux, légèrement frais, et cela avait quelque chose d'apaisant. Je me préparais pour un long trajet. Je vis à Austin, au Texas, mais, malheureusement pour moi, j'ai choisi de faire mes études à l'University of Memphis. Chaque lundi matin, je parcours exactement 7 heures et 11 minutes en jet privé — gracieusement mis à disposition par mon père — pour rejoindre l'université. Surprenant, non ?

Apryl arrête de faire ta gosse de riche.

Il est exactement minuit vingt-huit. Je vérifie une dernière fois que j'ai bien tout ce qu'il me faut pour l'université. Une fois rassurée, je fais un signe de tête à Michael, mon ami d'enfance, qui est aussi le garde du corps de mon père, pour qu'il descende ma valise. Sans poser de question, il s'exécute et la porte jusqu'au jet.

Ma chambre va terriblement me manquer... Toute cette maison va me manquer. Je n'ai aucune envie de retourner dans cet univers rempli de personnes drogués et bruyants. Mais je n'ai pas le choix.

— Apryl Anderson, essaie au moins de ne pas paraître hautaine, me dit Michael.

— J'y penserai, répondis-je, visiblement peu concernée.

— N'oublie pas de prendre tes médicaments, ajouta-t-il, inquiet.

— J'y penserai aussi, déclarai-je, un peu sèchement.

Ce médicament de con, j'ai l'impression qu'il me détruise plus qu'autre chose.

Je pris une grande inspiration, puis monte les marches menant à l'intérieur du jet privé. Une fois installée, je me préparai à dormir jusqu'à l'arrivée, prévue pour 7h20.

7h20

Contre toute attente, le trajet s'est déroulé rapidement. Je me réveille, j'ai pris  une douche bien chaude, puis commence à me maquiller. J'opte pour un maquillage complet, sans concession. Ensuite, j'humidifie mes cheveux et redéfinis mes boucles. La plupart des filles les abîment chaque matin avec un fer, elles sont vraiment pathétiques.

C'est pour me rassurer, je n'ai plus de lisseur.

J'enfile une veste par-dessus mon crop top, puis je descends du jet. Nous atterrissons sur une piste située à une vingtaine de minutes du campus. Une voiture nous attend, et nous prenons la route vers l'université. Je regarde par la fenêtre, observant Memphis : une ville aussi dangereuse que fascinante. Meurtres, vols, agressions... ici, l'insécurité semble régner. Il est environ 8h05, mais le ciel est encore noir : c'est l'hiver. L'ambiance est étrange, presque inquiétante. Un silence pesant règne dans les rues. C'est troublant pour une ville aussi criminelle.

Nous arrivons enfin à l'université. Elle me donne toujours autant de frissons : on dirait le décor tout droit sorti de la série Mercredi Addams. Tous les élèves sont rassemblés dans la grande cour pour écouter le discours, aussi monotone qu'ennuyeux, de Monsieur Schmitt, le directeur.

Je reconnais dans la foule cette ribambelle d'étudiants en quête d'un avenir, ou plutôt des gosses forcés par leurs parents à venir ici. Quand je pénètre dans la cour, tous les regards se tournent vers moi. Ils me reconnaissent aussitôt : Apryl Anderson, l'élève présente ici depuis des décennies. Eh oui, cela fait bien longtemps que je fais ce foutu trajet de 7h11 tous les lundis. Avec le temps, j'ai fini par me fondre dans le décor.

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