Sakura n'avait plus envie de jouer. Enfin, c'était plutôt Valentiana qui en avait assez. Après les dernières provocations de Miranda, elle avait décidé de reprendre les choses en main et de signifier à l'Ombre qu'ils s'aventuraient sur un terrain glissant.
Ses supérieurs les avaient sous-estimés et ne pouvaient plus ignorer la menace qu'ils représentaient. Quoi que, menace, le mot était fort. Valentiana l'aurait plutôt qualifié de désagrément.
La mauvaise estimation de la force se faisait dans les deux sens.
Elle avait convoqué tous les magiciens de l'Ombre faisant partie du AMI dans l'une des salles de conférence à taille plus réduite du quartier général, pour qu'ils ne soient pas dérangés. Phrixos lui avait proposé de l'accompagner pour leur faire face, ce qu'elle avait immédiatement accepté.
En tant que Sakura, elle était à l'aise pour prendre la parole, mais proférer des menaces en tant que Valentiana ne lui était pas aussi naturel. Phrixos n'était pas beaucoup plus agressif, mais à deux, ils avaient plus de chances de leur faire passer un message.
Aussi, ils firent face aux six magiciens, sur leurs gardes, ensemble.
Geoffrey. Evan. Canelle. Synetelle. Framboise. Alicia.
- Je vois que ce n'est plus la peine de faire semblant, remarqua Geoffrey. On parle bien aux laboratoires du Phoenix.
- Vous le saviez, alors ça ne servait à rien de faire durer le suspense, répliqua Valentiana. Il est temps que l'on ait une conversation.
- Où vous allez nous demander d'être bien gentils et de garder notre nez en dehors de vos affaires sous peine de le regretter.
- Tu as très bien compris.
Geoffrey pointa un doigt accusateur dans sa direction, prêt à s'avancer pour la menacer à son tour. Canelle le retint par la manche de sa veste pour l'en empêcher.
L'Ombre n'avait aucune certitude que le terrain n'était pas miné.
- Nous ne sommes pas là pour nous battre, déclara Phrixos.
- Vous non, nous c'est une autre histoire, répliqua Synetelle.
- Si vous croyez nous faire peur, il va falloir revoir vos priorités, ajouta Geoffrey. Vous nous sous-estimez.
- Vous aussi, asséna Valentiana. Vous n'avez pas l'air de comprendre à quel point les laboratoires ont des ressources à leur disposition.
À mesure que le temps passait, l'Ombre s'en rendait bien compte, mais eux aussi gagnaient en force. Leurs rapports ne pouvaient pas être si disproportionnés, si ?
- Plus vous continuez votre petite enquête, plus vous vous mettez en danger, poursuivit Valentiana. Si vous cessez maintenant, on fera comme si rien ne s'était jamais passé.
- Hors de question, trancha Canelle. Vous faites des trucs pas nets, on ne va pas vouloir arrêter de vous en empêcher.
- Parce que tu as accès au moindre de nos plans ?
- La partie qui concerne Eloïse n'est pas suffisante ? Sans oublier les Phoenix. Vous expérimentez sur des enfants et vous trouvez que c'est légitime ?
Valentiana, clairement mal à l'aise, laissa Phrixos prendre le relais.
- S'il y a un chose à savoir à propos des laboratoires, dit-il, c'est que la plupart du temps, leurs employés n'y sont pas par plaisir. Autrement dit, les projets auxquels on prend part ne sont pas nécessairement selon notre plein gré. Ce qui ne change pas le fait que vous devriez garder vos distances pour votre propre sécurité.
