Eloïse, sans trop qu'elle ne sache comment, réussit à mettre Maximilien au tapis. Elle en fut si surprise qu'elle ne remarqua même pas quand il saisit sa jambe et la fit tomber à son tour. Ils se retrouvèrent tous les deux allongés au sol, des morceaux d'herbe et de terre collés à leurs vêtements.
- Maintenant je sais ce que tu ressens constamment, plaisanta Maximilien en se redressant.
Eloïse, qui n'avait plus la volonté de se relever, poussa un soupir et roula sur le dos.
- J'ai presque l'impression que tu as fait exprès de me laisser une ouverture, marmonna-t-elle.
- Tu me faisais de la peine, se justifia-t-il.
- Attends, donc tu t'es vraiment laissé faire ?
- Si je te dis oui, tu m'en veux ?
Pour toute réponse, Eloïse lui étala une poignée d'herbe dans les cheveux. Maximilien bondit sur ses jambes pour s'éloigner et se frotter vigoureusement le crâne.
- Tu sais, c'est pas ça qui va te faire gagner un combat, se moqua-t-il.
- Et si je te la fais manger jusqu'à ce que tu t'étouffes avec ?
- Pour ça, il faudrait encore que tu puisses m'immobiliser. Tu as fait des progrès, mais pas à ce point là.
Eloïse se décida enfin à se relever. Il n'avait pas tort, elle n'y arriverait pas, même si elle y mettait toute sa volonté.
Au dessus de leurs têtes, les nuages gris qui emplissaient le ciel, accompagnés par la lourdeur de l'atmosphère, leur firent supposer qu'un orage, ou au moins la pluie, était en approche.
- Il va falloir penser à rentrer, dit Maximilien. Un dernier échange juste avant ?
- J'ai clairement pas l'énergie.
- Dommage, tu dois déjà manquer à l'herbe. Je suis sûre qu'elle aurait aimé te retrouver.
Eloïse secoua la tête, dépitée. Elle frotta son legging pour le nettoyer un peu puis s'étira les bras et le dos. Ces derniers jours, elle ne manquait pas de courbatures. Enfin, après des années au AMI, elle avait l'habitude.
Maintenant qu'elle ne s'entraînait plus avec eux, cela lui faisait presque bizarre de pouvoir gérer son emploi du temps comme elle voulait.
- Il va falloir que je pense à retourner en cours à un moment donné, laissa-t-elle échapper. J'ai un paquet de matières à rattraper. Enfin, il faudrait déjà qu'Astras rétablisse l'accès aux Porte des Mondes.
- Tu es sûre que c'est une bonne idée ? répondit Maximilien. Les laboratoires sont toujours après toi.
- Ils ont plus de mal à attaquer sur Terre et je suis généralement accompagnée par Rory, pour plus de sécurité. De toute manière, c'est pas comme si j'y allais tous les jours.
- Ah, c'est vrai que tu aimes sécher.
Maximilien retira le dernier brin d'herbe coincé dans ses cheveux bruns, puis se tourna vers sa camarade.
- D'ailleurs, toi et Rory... ?
- De quoi je me mêle ? répliqua Eloïse.
- J'ai cru comprendre que vous vous entendiez bien, se défendit Maximilien d'un air innocent.
- Oui, bon, je ne vais pas prétendre le contraire.
Maximilien n'insista pas. Ils entendirent un grondement retentir au loin, ce qui les encouragea à retourner rapidement chez Victorien.