Chapitre 5: Raven Zepleski

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14/07/2011.

Maintenant que Raven se retrouvait en face à face avec Kaladria, les mots ne parvenaient plus à sortir de sa bouche. Pourtant, ce n'étaient pas les reproches qui lui manquaient.

Deux jours que la fureur ne la quittait pas. Deux jours qu'elle se demandait si la mort de ses parents aurait pu être évitée.

- Vous avez laissé ça se produire, murmura-t-elle.

Kaladria, indifférente aux états d'âmes des autres employés, haussa les épaules. Un peu de compassion était toujours trop lui demander.

- Pas que je sache, non.

- Pas que vous sachiez ? C'était votre responsabilité d'assurer notre sécurité !

- Tu n'es pas morte. Tout va bien.

- Pas morte... ? Michaël, Andromède et moi aurions pu nous faire attraper par le premier ministre ! Je suis presque certaine que c'est exactement la situation que vous vouliez éviter.

- Oui, concéda Kaladria. Mais ça ne s'est pas produit.

Raven était si en colère qu'elle en avait presque le tournis. C'était tout ce qu'elle trouvait à répondre ? C'était aux laboratoires du Phoenix de prévenir les incidents de ce genre. Ils auraient au moins pu leur fournir une solution de repli autre que de laisser ses parents et ceux d'Andromède se sacrifier.

Kaladria lui désigna la chaise face à elle et invita Raven à s'y asseoir. Elle aussi avait des questions, et elle préférait les poser calmement.

- Très bien, Raven, fais moi un résumé des événements d'il y a deux jours.

- Comme si vous ne saviez pas, répliqua la Madrigane.

- Un résumé. Maintenant.

Raven avait beau avoir envie de l'étrangler, Kaladria restait sa supérieure. Elle contrôla sa respiration pour que sa voix ne tremble pas.

- Mes parents, Michaël et moi étions allés chez la famille d'Andromède, mais je pense que vous connaissez déjà cette partie. Des chasseurs de prime, menés par le premier ministre lui-même, sont arrivés par la suite.

- Je suppose qu'ils étaient là pour Andromède.

- Pour quoi d'autre ? Ils ont dû avoir vent de votre petit marché.

- Passons. Et ensuite ?

Raven eut envie de rire tant la question était stupide.

- Ensuite ils nous ont attaqués. Qu'est-ce qu'ils auraient pu faire d'autre ?

- Dialoguer. Résoudre ce malheureux malentendu comme des adultes.

- Il n'y avait aucun malentendu. S'ils étaient là, c'est qu'ils savaient tout.

Kaladria balaya la remarque d'un geste de main ennuyé.

- Donc ils vous ont attaqués sans la moindre hésitation et les adultes se sont sacrifiés pour que vous puissiez vous sauver. C'est ça ?

- Oui, confirma Raven.

- C'est regrettable, effectivement.

Raven admettait que Kaladria n'avait pas l'air emballée par cette perspective. Elle avait beau être distante avec le reste du monde, les parents de Raven avaient été de précieux collaborateurs pour les laboratoires du Phoenix. C'était d'ailleurs leur faute si la Madrigane se retrouvait mêlée à tout ça. Heureusement qu'ils n'avaient pas encore osé inclure Michaël à leurs plans de la même façon qu'ils l'avaient fait pour elle. Elle le maintiendrait en dehors de tout ça quoi qu'il arrive.

- Où est Andromède, maintenant ? demanda Kaladria.

- Je n'en ai pas la moindre idée.

- Donc vous vous êtes enfuis et tu l'as perdue.

- On a été séparés et j'ai eu beau écumer la forêt par la suite, je ne l'ai pas retrouvée. Il n'y avait plus que Michaël et moi.

Raven le savait, c'était là la faute la plus grave qu'elle avait commise. Étonnamment, Kaladria n'avait pas l'air plus déçue que ça.

- On a le temps. On la retrouvera.

- Vraiment ? Mais...

- Ne t'inquiète pas pour ça, Raven. Tu as vu tes parents se faire tuer sous tes yeux et en conséquence elle a filé. Je ne vais pas t'en tenir rigueur, je ne suis pas un monstre non plus.

C'était presque trop considéré pour être vrai.

- Maintenant, concernant les accusations que tu profères contre nous, laisse-moi t'arrêter tout de suite. Nous ne sommes aucunement responsables de ce qui s'est produit et n'avons rien à nous reprocher. Ce n'est pas ma faute s'ils n'ont pas été capable de se défendre.

- Contre une dizaine de chasseurs de prime ? s'insurgea Raven.

- Eux aussi ils auraient dû le prévoir. Nous avions certes un arrangement avec tes parents, mais celui qu'ils ont passé avec les Walker-Higgins ne dépendait pas de nous. Si leurs plans ont fuité quelque part, ce n'est certainement pas de notre fait.

Raven contracta la mâchoire. Elle ne trouvait rien à redire, même si elle en mourrait d'envie.

- Bon, reprit Kaladria, je suppose que si tu as mis deux jours pour revenir ici, c'est que tu as voulu mettre ton frère en sécurité. Il va bien ?

- Oui. Vous n'avez pas intérêt à le mêler à tout ça.

- Il ne sait rien, donc ?

- Rien du tout.

- Eh bien, tu as une volonté incroyable pour encore réussir à le maintenir à l'écart. Pourtant, tes parents voulaient l'intégrer lui aussi.

- Et maintenant ils ne sont plus là pour le faire. Laissez Michaël tranquille. Il ne vous apportera rien.

- Très bien. Je t'accorde ceci.

Michaël avait déjà été mêlé à la situation sans qu'il le sache. Si leurs parents avaient tant insisté pour qu'il participe aux mariages entre Lysiriens et Madrigans, ce n'était pas pour rien, surtout en sachant qui était la Lysirienne en question. L'opportunité avait été presque trop bonne. D'ailleurs, sans doute était-ce comme ça que le premier ministre avait tout découvert. Il faisait partie des magiciens qui avaient tout organisé.

- Comment vous allez faire pour le projet Gamma, si Andromède a filé ? demanda Raven.

- Je te l'ai dit, on a le temps. Le Gamma a eu un contretemps, mais pas le Iota.

- Alors vous avez trouvé un candidat.

Kaladria acquiesça. Un sourire, occurrence rare, se dessina sur son visage.

- Les préparatifs avancent bien. D'ici quelques mois, le gamin sera en notre compagnie, alors tant pis si le projet Gamma prend du retard. Mieux vaut faire une chose à la fois.

Et puis, de cette manière, ils pourraient corriger les problèmes qu'ils en rencontreraient sur ce premier essai. Cela rendrait la suite bien plus simple.

Qui était le cobaye, cette fois ? Raven n'avait obtenu aucun nom ni aucun âge, or ce n'était pas faute d'avoir insisté auprès de ses supérieurs. C'était forcément un Madrigan, selon les plans des laboratoires, alors le connaissait-elle ? Elle espérait sincèrement que non.

Toutes ces expérimentations lui donnaient la nausée.

Raven voulait quitter les laboratoires. Elle le voulait plus que tout au monde, elle qui n'avait pas demandé à les rejoindre en premier lieu. Mais, elle le savait, partir aurait bien trop de conséquences qu'elle refusait d'accepter. Elle en savait beaucoup trop.

Tant qu'elle pouvait garder son frère en sécurité, elle endurerait la situation.

Ancestrales 3 ~ Le temps de la RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant