Mila avait passé la dernière heure absolument tétanisée.
Elle n'avait aucune idée d'où elle se trouvait et avait beau se creuser la tête sans relâche depuis son réveil, elle ne se rappelait pas comment elle y était arrivée.
Elle était retournée à Lyon, allée en cours, et ensuite ? Que s'était-il passé ?
C'était forcément ces laboratoires qui avaient effacé sa mémoire une nouvelle fois. Ils devaient l'avoir attrapée dès que l'occasion s'était présentée.
Mila combattit l'envie de se ronger les ongles et joua nerveusement avec sa tresse à la place. Elle le savait, elle aurait dû rester à Lille. Si seulement ses parents n'étaient pas allés à l'encontre du bon sens...
La pièce où elle était enfermée était un peu plus grande que la chambre qu'elle occupait à Lyon, mais bien plus vide en contenu. Il y avait un lit simple positionné en dessous d'une fenêtre aux volets fermés, une chaise métallique installée au centre, mais aussi une armoire qu'elle n'avait pas réussi à ouvrir malgré ses tentatives. Il y avait deux portes, dont l'une menait à une salle de bain étroite.
Mila, assise au bord du lit, analysa ses options une énième fois. Elle avait déjà fouillé tout ce qu'elle avait sous la main, à savoir pas grand chose, et la porte qui lui permettait de sortir de la pièce était définitivement fermée. De toute manière, même si elle avait pu sortir, aurait-elle eu le courage de le faire ? Qu'y avait-il de l'autre côté ?
Quelqu'un viendrait-il lui ouvrir à un moment donné ? Elle commençait à avoir faim.
Eloïse et les autres magiciens parviendraient-ils à la retrouver ? Ses parents devaient déjà s'être rendu compte de son absence, même si Mila ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis sa nouvelle disparition. Or il y avait un fossé assez prononcé entre savoir qu'elle n'était plus là et découvrir son emplacement.
Et si on ne la retrouvait jamais ? Que lui arriverait-il ?
Que lui voulaient les laboratoires ?
Mila passa les vingt minutes suivantes à pleurer silencieusement. À vrai dire, elle ne savait pas comment elle s'était retenue de le faire pendant une heure entière.
Elle se redressa brusquement quand la poignée de la porte menant vers l'extérieur bougea. Il y eut un cliquetis métallique, comme une clé tournant dans une serrure, puis la porte s'ouvrit.
Vénérios entra, presque surpris de la voir sur pied.
- Bien dormi ?
Mila était outrée de le voir poser la question avec autant de prévenance quand c'était sans doute à cause de lui qu'elle se trouvait là. Elle ne répondit rien et il ne s'en formalisa pas.
Vénérios s'installa sur la chaise. Avec ses deux iris rouges braqués sur elle, Mila se sentait presque agressée. Elle avait envie de saisir la couette derrière elle et de s'enfouir à l'intérieur.
- Tu as les yeux gonflés, remarqua-t-il. Ça va ?
- Il s'est passé combien de temps ? l'ignora Mila.
- On est le lendemain matin, donc un bon paquet d'heures. Tu avais du sommeil à rattraper.
- À cause de toi.
Vénérios, désarçonné par l'accusation, fronça les sourcils.
- Quoi ? J'ai fait quelque chose ?
- J'arrivais pas à dormir parce que je savais que vos laboratoires allaient revenir me chercher, se justifia Mila.
- Ah, je vois. Désolé.