Chapitre Un : « Le Début du Commencement »

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Chapitre avec peu d'actions, mais ce n'est que le commencement !


22 Juin, Vendredi


Je n'ai jamais spécialement aimé les sièges d'avion. Et l'une des raisons était le fait que nous n'avions qu'un petit espace pour nous. Un espace qui honnêtement, n'était pas du tout suffisant. Si tu ne voulais pas toucher ton voisin, tu devais obligatoirement rester immobile durant tout le trajet, et encore ! Si celui-ci décidait de bouger, le contact était inévitable.

Tandis que ma mère et son nouveau mari, Marc, dormaient à poings fermés à mes côtés, je regardais à travers le hublot et voyais la Californie s'approcher de plus en plus. Je paniquais. Vraiment. Comment je vais faire, moi, pour parler ? Et dire que je vis à Montréal, et que je ne suis même pas capable de dire « Pouvez-vous m'indiquer où sont les toilettes, s'il vous plaît ? » en anglais.

Vous vous demandez sûrement ce que je fais à bord d'un avion qui va bientôt atterrir en Californie, endroit qui grouille d'anglophones, alors que je ne suis même pas capable d'aligner deux mots en anglais. Tout est de la faute de mon nouveau demi-frère. Laissez-moi éclairer votre lanterne.

Lorsque mon père avait passé de l'autre côté, ma mère avait, disons, commencé à devenir légèrement dépressive. J'avais bien évidement été en deuil moi aussi, mais j'avais passé aussi une grande partie de ce deuil à aider ma mère à aller mieux, et cela m'avait d'une manière aider à avancer  Sa légère dépression avait peut-être duré trois mois, avant que je ne réussisse à la faire sortir de son état de légume ambulant. Elle retournait travailler et recommençait à cuisiner des plats un peu plus sophistiqués que des hamburgers ou des spaghettis.

Puis, un beau jour, elle rentra, le sourire plaqué aux lèvres.

Je me suis bien évidemment demandée ce qui lui prenait. Oui, j'étais contente de la voir heureuse et souriante, mais afficher un sourire niais et sembler être continuellement sur un nuage était bien au-delà d'être simplement heureuse. La raison de cette attitude étrange ? Un homme, bien évidemment !

-J'ai un rendez-vous avec quelqu'un de charmant, ne m'attends pas pour souper, m'avait-elle dit, avant même que je n'ouvre la bouche.

J'avoue avoir ressenti un léger pincement au cœur lorsque j'appris l'existence de ce rendez-vous, mais le bonheur que j'éprouvais pour elle était bien plus fort. Mon père n'était plus là depuis déjà quelques années, et je préférais beaucoup plus voir ma mère heureuse comme ça que la voir se traîner avec peine de son lit, pour y retourner quelques minutes plus tard, le moral au plus bas.

Depuis, ils étaient sortis ensemble et s'étaient ensuite mariés, me nommant demoiselle d'honneur. Je ne vous dis pas la panique que j'avais ressentie ce jour-là.

Je savais que Marc avait un fils, mais je ne l'avais jamais vraiment vu. Il y a bien certaine fois ou je le voyais de loin, un capuchon sur la tête, entouré de plusieurs hommes assez costaux, ou encore lorsqu'il utilisait Skype pour communiquer avec son père, étant quelque part dans le monde. Mon beau-père me répétait sans cesse que son travail lui accaparait tout son temps libre. Pour s'excuser de son absence à nos côtés, il nous écrivait plusieurs fois des lettres ou alors nous parlait via Skype, mais sans jamais réellement montrer complètement sa figure. Je savais aussi qu'il n'était pas du genre à laisser passer son travail avant sa famille. Je le savais, car ma mère m'avait dit qu'il avait déjà essayé de partir sans être vu pour aller voir son père, mais on l'avait pris la main dans le sac. Ce ne fut que plus tard que j'appris son métier.

Tandis que les nuages défilaient devant mon hublot, je repensai au moment du départ, avant de partir vers l'aéroport. Je me rappelais m'être sentie frustrée et légèrement en colère contre mon beau-frère. Surtout lorsque j'avais appris que nous devions rester 1 mois en Californie pour que je le connaisse un peu mieux. Apprenant cette nouvelle environ deux mois avant notre départ, j'avais bien essayé d'améliorer mon anglais, mais une langue ne s'apprenait pas aussi vite. Et puis, mon accent catastrophique, dont j'avais honte, m'empêchait de parler au gens. C'est vrai! J'avais toujours l'impression que les gens riaient derrière mon dos lorsqu'ils m'entendaient parler. J'avais l'impression d'avoir la bouche remplie d'ouates lorsque je me mettais à parler cette langue. Bref, c'était trop horrible.

Sortir de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant