Bonus Jonny & Zalikha

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« Délicieuse Combinaison »

Le bruit que faisaient nos ustensiles lorsqu'ils cognaient nos assiettes comblait maladroitement le silence qui nous entourait. Cela faisait déjà cinq minutes que je fixais celle qui m'accompagnait, mais elle n'avait toujours pas daigné lever le regard.

Elle se nommait Zalikha. Un merveilleux prénom qui enjolivait encore plus son visage chocolaté décoré de yeux noisette. Je n'avais pas pu m'empêcher de penser que sa beauté africaine complétait parfaitement mes traits asiatiques lorsque je l'avais vu arriver au milieu du premier trimestre. Elle m'avait captivé dès son entrée dans ma classe.

Depuis, je m'étais efforcée de devenir son amie, puis lorsque cela fut fait, j'essayai ensuite discrètement de la séduire, bien entendu après avoir découvert si elle aimait elle aussi les filles. Malgré les nombreuses boîtes de chocolats que j'avais achetées pour elle, elle n'avait toujours pas daigné répondre à ma question silencieuse, même si je voyais clairement que je lui faisais de l'effet.

Et nous voilà donc, assises à une table de restaurant, en silence. Après trois interminables mois, elle avait finit par accepter de venir manger avec moi, même si elle n'avait pas dit si cela était amical, ou plus

J'en avais assez d'attendre. Et son silence me blessait, même si elle ne voulait pas vraiment le faire. Il me tuait à petit feu. Elle ne se contentait pas de ne rien dire, elle me gardait aussi prisonnière de mes sentiments envers elle. Car, en ne disant rien, elle me mettait dans le néant total. Voulait-elle aller plus loin ? Ou en rester là ? Si au moins elle disait non, je pourrais passer à autre chose, mais en ne disant rien, elle me gardait prisonnière de ses chaînes sentimentales qui ne me permettaient pas de tourner la page. Je savais qu'elle redoutait ce qui se passerait ensuite, mais il me fallait une réponse.

En l'amenant manger ici,  j'avais prévu de recevoir une réponse définitive. Un oui ou un non. Mais elle n'avait même pas ouvert la bouche. Ma patience s'étant totalement envolée, j'apposai brutalement le poing contre la tête, la faisant sursauter. Heureusement que nous étions dans un coin reculé du restaurant, car je n'aurais peut-être pas eu le courage de faire une scène autrement.

-Zalikha, commençai-je, déterminée.

Je la vis mordiller sa lèvre inférieure, puis elle leva le regard.

-Je comprends que tu sois indécise, et que tu es peur de ce qu'il va se passer ensuite. Mais il me faut une réponse, tu comprends ? Je ne peux plus continuer comme ça, ton silence me détruit. Parle, bon sang !

Un conflit intérieur sembla apparaître à travers ses yeux. mais je ne voulais pas attendre. Je ne voulais plus attendre. J'en avais assez. Ma patiente avait des limites !

-M'aimes-tu, oui ou non, merde ? m'exclamai-je, furieuse par son silence persistent. 

Au début, elle ne bougea pas. La déception s'empara de moi face à son mutisme. Et au moment où je commençais à perdre espoir, elle se leva. Brutalement.

-Qu'est-ce que... eus-je le temps d'émettre avant que sa bouche ne se pose brutalement contre la mienne. Je la regardai, sous le choc. 

Était-elle réellement en train de m'embrasser ? Ou était-ce encore l'un de mes nombreux fantasmes ?

Lorsque je sentis ses dents mordre ma lèvre inférieure, je compris que je ne rêvais pas. Cela se passait vraiment. Elle joua encore un instant avec ma bouche, puis se détacha finalement de moi.

-Oui, souffla-t-elle

Je la regardai, en silence. Avait-elle dit oui ?

-Oui, répéta-t-elle de nouveau

Je la regardai ensuite se rasseoir doucement sur sa chaise.

-Mais... on y va doucement, d'accord ? me demanda-t-elle, toute cette nouveauté me fait peur.

Je la fixai, l'encourageant silencieusement à continuer.

-Je... je n'ai jamais réussi à accepter complètement le fait d'aimer le même sexe, souffla-t-elle

Je lui pris la main.

-Ce n'est pas sorcier, tu sais ? lui dis-je doucement

Elle me regarda, moqueuse.

-Je sais. Mais cela prendra du temps. Tu comprends ?

Je hochai vigoureusement la tête.

-Je suis déjà passé par là, déclarai-je, donc je te comprends.

Elle me sourit timidement puis continua à manger, sa main toujours dans la même.

Elle avait dit oui.

Sortir de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant