Chapitre Dix-Neuf : « Appréhension »

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« Peut-être que finalement, je n'avais pas vraiment envie de partir. »


22 Juillet, Dimanche, 02 jours restants


-C'est vraiment bizarre d'être de nouveau ici, déclarai-je à Isabelle tandis que je dégustais mon déjeuner dans la grande salle à manger, je n'ai pas eu le temps de réagir hier soir lorsque nous sommes arrivés après notre départ de Chicago, mais maintenant... le fait de revenir à San Francisco engendre beaucoup d'émotions.  

-C'est vrai que tout a commencé ici, pour toi, dans cette maison.

Moi, j'aurais plutôt dit manoir, vu la grandeur de cette habituation.

Je hochai vigoureusement la tête.

-Exactement, m'empressai-je de dire avant de reprendre une bouchée de mon croissant.

Nous continuâmes à bavarder joyeusement en parlant de tout et de rien, puis ma mère finit par venir dans la salle. Elle m'embrassa doucement le front sous mon regard surpris puis me sourit.

-Alors, tu as adoré ce mois ? demanda-t-elle tandis qu'elle s'assoyait à mes côtés.

-Il n'est pas encore fini, s'empressa de dire Isabelle, vous partez demain durant la nuit.

Il reste à peine deux jours...

-Ça va, Cassandra ? me questionna ma mère, tu es bien silencieuse.

Je me tournai vers elle en lui offrant un sourire incertain.

-C'est juste que c'est bizarre de se rendre compte que tout ça sera fini bientôt. Que je repars demain à Montréal.

Ma mère s'empressa d'entourer mes épaules de son bras, puis elle me serra contre elle.

-Ça ne veut pas dire qu'on les perdra de vue. 

Je haussai les épaules et me plongeai dans la contemplation de mon assiette lorsque je vis Ethan pénétrer dans la pièce.

-Bonjour, Ethan ! salua gaiement ma mère.

Celui-ci lui sourit gentiment tout en lui envoyant un signe de la tête, puis je le vis me regarder discrètement. Il secoua doucement sa tête avant de s'asseoir en face de moi.

-Salut, finis-je par dire tout en souriant timidement.

-Hey, répondit-il avant de détourner le regard.

Je grimaçai tout en baissant le regard. Nous nous étions peut-être "réconciliés", mais cela ne voulait pas dire qu'il n'y avait plus de froid entre nous. Il y en avait toujours un. En fait, « froid » était un euphémisme. « Glacial » serait mieux approprié aux sentiments que je ressentais en sa présence. Pas que notre relation s'était empiré depuis notre dernière « discussion » ! Non, elle s'était simplement modifiée. Je crois même préférée celle d'avant, car là, au moins, je n'avais pas besoin de le voir chaque jour et être si près de lui.

Maintenant, puisque nous nous étions, disons, réconciliés, je ne devais laisser rien paraître: je ne devais pas montrer ce que me procurait notre si grand rapprochement. Je me croyais capable de résister, de passer à autre chose en me convainquant qu'il n'était pas pour moi, que je m'imaginais ce que je ressentais... mais c'était beaucoup plus facile à dire qu'à faire.

Et puis cela ne m'aidait pas de voir plusieurs filles à ses bras chaque fois qu'ils sortaient depuis que nous étions arrivés ici. Pas que je voulais qu'il ne le fasse pas ! À bien y penser, ça m'arrangeait. Cela m'aidait à me convaincre que j'avais tout imaginé, que rien ne s'était passé entre nous. En fait, il n'existait aucun « nous ». C'était une simple invention de mon cerveau embrumé d'idées farfelues. Et puis, si jamais cela n'avait pas été une invention (ce qui était impossible, j'en suis sûre), peut-être n'avais-je apprécié Ethan que pour remplacer l'amour (et la peine) que je ressentais pour Josh... Cette idée me hantait depuis maintenant quatre nuits...

Sortir de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant