Bonus Isabelle & Nathan

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« Irrésistible Attraction »

Isabelle a toujours été le genre de filles extravertie et bavarde, qui parle pour ne rien dire. Mais c'est ce qui faisait son charme. Elle adorait la mode et s'amusait avec son meilleur ami Alexy à confectionner des déguisements farfelus ou simplement de nouvelles tenues révolutionnaires. Et donc, c'était une fille qui passait la plupart de son temps sous les feux des projecteurs, sans que cette popularité ne lui monte à la tête.

Elle fut donc la première sous le choc lorsqu'elle se surprit à craquer pour Nathan, cet artiste légèrement introverti qui ponctuait ses mots d'une touche poétique. Il n'était pas très bavard, et lorsqu'il s'exprimait sérieusement, c'était de manière précise, comme s'il réfléchissait deux fois à chaque mot qu'il prononçait.

La première fois qu'elle remarqua ce changement en elle, s'était lors de la journée de l'art où chaque étudiant était libre de partager l'une de ses œuvres, qu'elle soit écrite, peinte, jouée ou bien filmée. Il avait monté dignement l'escalier qui menait à la scène, avait raclé doucement sa gorge, un bruit étrangement semblable à un ronronnement, puis avait lu à voix haute un poème qui la bouleversa profondément. Ce jour-là, son attirance apparut doucement, tel un bourgeon s'ouvrant timidement.

-J'ai toujours rêvé d'avoir son talent. C'est remarquable, souffla son amie Mandy.

Pour sa part, Isabelle aurait plutôt qualifié son physique de cet adjectif.

Les jours passèrent, et Isabelle devint de plus en plus curieuse. Elle l'observait souvent à la dérobée, en classe, lorsqu'il répondait à une question. Elle se demandait souvent ce qui se passait dans sa tête, lorsqu'il affichait ce petit sourire presque invisible, ou lorsque ses sourcils se fronçaient tandis que sa bouche se tordait de manière étrange. Était-il contrarié ? Curieux ? Surpris ?

Elle se rappellera toujours du jour où il la remarqua enfin. Isabelle courait dans les corridors, car elle était en retard. Au coin d'un couloir, elle fonça dans quelqu'un et manqua de s'écraser par terre. Mais cette personne lui attrapa rapidement le bras tandis qu'elle vacillait.

-Attention, dit une voix douce

Elle cligna des yeux, surprise. Nathan ?

-Tout va bien ?

-Je... oui, souffla-t-elle, émerveillée par ses magnifiques yeux, merci.

Et elle sut qu'elle était cuite lorsqu'il lui offrit l'un de ces sourires que lui seul savait esquisser. Son cœur manqua un battement et son souffle se coinça dans sa gorge. Elle se sentait hypnotisée, perdue, sur le point de s'envoler.

-Tu sembles encore sous le choc, remarqua-t-il

Elle secoua la tête pour retrouver ses esprits.

-Tout va bien, dit-elle d'une voix un peu plus assurée.

Il hocha la tête, puis lui proposa de l'accompagner à son cours lorsqu'il sut qu'elle avait anglais, puisqu'il avait français juste en face. Elle resta silencieuse durant tout le trajet (une grande première pour elle), ayant trop peur de bafouiller. Lorsqu'ils furent devant sa classe, il se tourna vers elle.

-Merci encore une fois, finit-elle par émettre.

-De rien, répondit-il, toujours avec ce ton ensorcelant, puis partit vers sa classe.

À partir de ce moment, ils commencèrent à se remarquer mutuellement dans les corridors, et devinrent peu à peu des amis. Leurs deux groupes de camarades se mélangèrent pour n'en former plus qu'un, et Isabelle en fut comblée.

Et pourtant, plus le temps passait, plus ses sentiments grandissaient. Mais elle ne voulait pas les lui déclarer, par peur de recevoir un non comme réponse. Elle pouvait bien se contenter d'une amitié, non ? Et pourtant, cela ne l'empêchait pas de flirter quelques fois par mégarde. Elle se taisait ensuite, se forçant à ne rien laisser paraître, même si elle croyait le voir rougir. Nathan, rougir ? Non, impossible, elle ne l'avait jamais vu faire.

Le jour de la St-Valentin, pourtant, tout changea, comme si quelqu'un là-haut avait entendu les suppliques de notre chère amie. Isabelle était assise sur un banc derrière la serre et observait, les yeux légèrement dans le vague, les dizaines de roses rouges. Elle haïssait cette fête, depuis qu'elle aimait Nathan. Et elle se haïssait, pour faire preuve de si peu de courage. Mais elle ne se croyait pas capable de faire face à un non de sa part. Elle ne voulait pas entendre ce mot. Jamais.

Elle sursauta lorsqu'elle entendit quelqu'un s'asseoir à ses côtés, et avala de travers lorsqu'elle remarqua que c'était Nathan. Que faisait-il là ? Ne devait-il pas se préparer pour le petit concert qu'organisait l'école, où Nathan, Philippe, Ethan, Sébastien et Jacob se trouvaient être le groupe, encore amateur, qui jouerait des chansons dans le thème de cette journée ? Elle l'observa à la dérobée, puis détourna finalement les yeux. Elle ne voulait pas paraître comme une fille amourachée d'un gars qui ne l'aimait pas. Elle se le refusait. Elle ne voulait pas être si pathétique.

-Que regardes-tu ? finit par demander son voisin, sa voix semblable à une douce berceuse.

-Les roses, répondit Isabelle, la voix légèrement rauque, elles sont magnifiques.

-En effet, c'est magnifique, déclara-t-il d'une voix si basse, si douce qu'elle faillit ne pas l'entendre.

Elle détourna le regard des fleurs pour le diriger vers Nathan, et remarqua qu'il l'observait d'un regard profond, si intense qu'elle se sentit défaillir.

Ses joues rosirent. Était-ce elle qu'il trouvait magnifique, ou les roses ? Elle se mordilla la lèvre inférieure, en plein conflit intérieur. Et si tous les signes qu'elle avait crus imaginés s'étaient, en fait, réellement passés ? Et s'il la trouvait attirante, lui aussi ?

La main de Nathan frôla le poignet d'Isabelle, et ce simple touché lui déverrouilla la bouche, et les mots qu'elle s'efforçait de ne pas prononcer s'échappèrent.

-Tu me plais, souffla-t-elle doucement, à peine audible.

Et pourtant, il les entendit, puisqu'elle le vit rougir discrètement tandis qu'il se rapprochait à son tour. Il lui prit tendrement la main et la serra.

-Tu me plais aussi, Isabelle, répondit-il, puis ses lèvres, aussi douces qu'une plume, s'apposèrent sur les siennes.

Un petit soupir se fit entendre, et Isabelle se demanda si c'était Nathan ou bien elle-même qui l'avait prononcé, mais ses pensées partirent en fumée lorsqu'elle sentit celui qu'elle aimait passer l'une de ses mains dans son dos avant d'appuyer sur ses reins.

Ce baiser fut mille fois mieux que ceux qu'elle imaginait dans ses rêves ou dans ses fantasmes. C'était si puissant, presque irréel. Mais elle savait que cela se produisait réellement.

Et elle en fut très heureuse.

Sortir de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant