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Chapitre 22 : 21 Décembre - We Can Reach The Sun If We're One

"Nous pouvons atteindre le soleil si nous ne faisons qu'un"

Emma,

La coïncidence. Nous nous trouvons exactement là où tout a commencé. Là où notre histoire a débuté. Je sais qu'aujourd'hui marque un tournant dans notre histoire, notre relation.

« Terminal B, Vol 1811 à destination de Los Angeles, départ prévu à 9H34. Les passagers sont priés de se présenter à la porte d'embarquement. »

C'est la deuxième fois que je viens ici en quelques semaines. La dernière fois, c'est quand j'ai accompagné Alissa pour son retour.

**

-Promets-moi de prendre soin de toi...

-Ne t'en fais pas...

-Je n'aime pas te laisser seule, j'ai l'impression de t'abandonner.

-Je ne serais pas seule ...

-Adam ! Echangeons-nous en cœur en souriant.

**

J'avance doucement vers la porte, mon grand sac à main marin sous le bras. Je suis stressée, comme toujours avant de prendre l'avion. Adam me suit sans un mot. Je triture mes doigts dans la file d'attente. Mais au moins cette fois je ne suis pas en retard. Je ne cours pas. J'ai tout le temps de réfléchir.

Je me demande comment ça se serait passé si je ne l'avais pas rencontré ce jour-là. Quand j'y repense, il avait mon médiator, il l'a gardé tout ce temps. Il aurait pu le jeter, oublier... Mais il ne m'a pas oublié. Et il me l'a rendu. D'ailleurs je ne sais pas pourquoi je l'ai emmené avec moi. Il est dans la poche de ma veste, bien serrer contre mon cœur. Comme si ça changeait quelque chose, comme si ça pouvait combler le manque qui m'a envahi il y a quelques jours.

Tous les ans, c'est pareil. La famille se réunit, on fait comme si de rien n'était et moi tout ce que je remarque c'est la chaise vide à la table. Le rire qui ne résonne pas dans la maison. La guitare qui ne joue pas en fin de soirée. La paire de chaussons manquante sous le sapin. Le vide impossible à combler malgré tous les efforts de ma mère.

Alors j'ai cessé de lutter, j'avais besoin de changer d'air. Et quoi de mieux que de partir avec lui... Il est peut-être temps que je me batte au lieu de me laisser abattre. Et quitte à pleurer, autant avoir quelqu'un pour me consoler. Il ne pose pas de question. Il n'est pas d'un naturel curieux. Il ne me demande jamais pourquoi. C'est comment dire ?

Confortable.

Je sais qu'il faudra bien que je lui dise un jour. Il sait que je fais des cauchemars et que je suis torturée. Heureusement il ne se doute pas à quel point mes pensées peuvent l'être parfois. S'il savait, s'il lisait...

Je me suis dit que pour une fois, être avec une vraie famille pourrait peut-être me faire du bien. Et puis à Los Angeles il y a la plage, le soleil et lui. Tout ce que j'aime...

J'aime ?

Impossible, je ne peux pas être amoureuse. Je ne tombe plus amoureuse. Je ne tombe pas amoureuse. Je suis séduite. Voilà c'est ça je suis séduite...

-Em, me chuchote Adam me tirant de mes pensées.

-Quoi ?

-Ton passeport et ton billet, l'hôtesse t'attend.

Je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais avancé et que c'était mon tour. Je rougis de honte. Je suis tellement tête en l'air. Je tends mes papiers à la femme. Elle les valide me permettant ainsi d'avancer vers le tas de ferraille qui va transporter mes fesses pendant 6 heures.