Always love and songs...

Chapitre 17 : 27 Novembre - J'suis comme un grain de sable

Emma,

Il est très tôt. Je scrute déjà avec attention la surface vitrée qui se tient devant moi. Je suis au terminal A de l'aéroport JF Kennedy. J'ai les dix minutes d'avance règlementaire, comme d'habitude. Je tape du pied dans mes petites bottines de cuir noir, trépignant d'impatience comme une enfant de dix ans à qui l'on a promis une glace. Je dévisage avec indiscrétion les personnes qui passent le pas de la porte, matant dans vergogne leur visage à la recherche des traits familiers.

Lorsque les passagers du vol, objet de mon attente, arrivent, ceux qui comme moi sont venus chercher quelqu'un s'agglutinent devant les deux portes automatiques. Je me hisse sur la pointe de mes pieds, espérant apercevoir le visage de la personne que j'attends.

Quand, enfin, je la vois, je pousse les personnes devant moi sans me préoccupé de leur mécontentement et cours vers mon but. Personne ne serait en mesure de m'arrêter. Je me jette à corps perdu contre cette grande brune, à la recherche du réconfort de ces bras tant attendu. Une fois en contact, des larmes se mettent à rouler sur mes joues. Je me sens comme libérer du poids qui m'oppresse depuis une semaine et demie.

-Tu m'as manqué murmurais-je

-Toi aussi, répond-elle me serrant un peu plus fort.

Depuis ma sortie de l'hôpital...

Je suis sortie, je me suis reposée. J'ai passé mon examen que j'ai plutôt bien réussi étant donné le trop-plein d'émotions en moi. J'ai fait passer plus de sentiments que de raisons lors de ma prestation. J'ai gardé la tête hors de l'eau dans l'attente de ce moment précis. Celui où je pourrais enfin me libérer. Bien sûr Ella était là pour moi, comme une mère poule, à me couver. Mais ce n'est pas pareil. Elle n'est pas ELLE, elle n'est pas LUI non plus.

Malgré moi, je dois avouer que sa présence m'a manqué. Mais ma fierté m'a poussé à ne pas céder à la tentation. Après tout, je me suis mise dans cette situation, je lui ai dit de s'éloigner. Je lui en voulais. Mais j'en avais besoin. Pour moi, pour remonter la pente après la crise ...

Les médecins m'ont notamment questionné pas mal à ce sujet. La peur de l'abandon qui m'a poussé à céder à la tristesse ce soir-là. Cette dernière ne m'ayant pas quitté, ça leur a mis la puce à l'oreille. Ils m'ont demandé de consulter leur confrère psychologue. Je n'ai alors eu d'autres choix que de lui expliquer et de le mettre au courant de mon passé. Depuis, je dois aller le voir une fois par mois au minimum, pour faire le point. Il reste à ma disposition en cas de besoin.

Mais je n'en ai pas besoin...

Ce dont j'ai besoin se trouve dans mes bras en cet instant. Je l'ai attendu dix longs jours, deux cent quarante heures, et soixante fois plus de minutes... Et enfin elle est là. J'ai tout partagé avec elle. C'est plus qu'une amie, c'est ma sœur. Elle me connaît plus que n'importe qui. Elle sait qui je suis, et ce qui est présent en moi.

Je me décide à rompre l'étreinte. Les larmes perlant toujours sur mes joues. Un grand sourire illumine son visage.

-Si tu es triste de me voir je repars, dit-elle en riant.

-Tu es folle, tu es à moi pendant trois semaines et je compte bien en profiter à fond.

-Ah je préfère ça ! Je suis bien décidé à tout découvrir ici. Mais d'abord dis-moi comment tu te sens.

-Ça pourrait aller mieux, mais maintenant ça va aller, dis-je avec franchise.

-Bon on va remédier à ça ensemble tu vas voir.

Elle attrape sa valise d'une main et passe son autre bras autour du mien. Nous nous dirigeons vers la sortie à la recherche d'un taxi. Jeudi c'est Thanksgiving et je ne sais toujours pas si nos plans ont changé. Je n'ai pas voulu reparler à Simon depuis le soir du match. On verra bien en attendant, ce week-end c'est détente entre filles. Nous allons direction Seattle pendant trois jours. Alissa ne le sait pas encore mais nous partons cet après-midi. J'ai réservé un hôtel. Au programme : fête, confidences, restaurants et visite de la ville. Tout ce qu'il faut pour procéder à des retrouvailles en bonne et due forme.