Chapitre 35 : 14 Février - How Can I Love When I'm Afraid To Fall

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  "Comment puis-je aimer quand j'ai peur de tomber ? "

Emma,

Deux heures !

Deux foutues heures que je planche sur le devoir que je dois rendre à mon prof de langue. Le thème : Racontez une chose qui a marqué votre vie.

Putain !

Je jette mon stylo sur le bureau. J'ai à peine écrit trois lignes. La seule chose qui me vient à l'esprit c'est mon père et mon ex. Pourquoi rien d'autre ne me vient à l'esprit.

J'aimerais pouvoir raconter la première fois que j'ai fait du vélo sans les petites roues, la première fois que j'ai pleuré pour un livre ou pour une chanson mais rien qui ne pourrait engendrer les mille mots qui me sont demandés. Mille foutus mots sur une chose qui a marqué ma vie. Et puis, tout à coup la solution me vient à l'esprit. J'aurais dû y penser avant.

Je commence à écrire les mots, l'encre file sur le papier, c'est dingue la capacité que j'ai gagné à l'écrit dans cette langue.

« La plupart des gens pensent que la vie ne se compose que d'une succession de grands moments. Les premiers pas, les premières dents, les premiers diplômes, les premières amours, les premières en général, tout un tas de premières fois qui se suivent la plupart du temps de deuxième fois.

Pour ma part, la chose qui à marquer ma vie c'est le premier jour de mon nouveau départ... »

Et c'est comme ça que je me retrouve à raconter le résumé de mon histoire, de ma rencontre avec Adam, à mon envie d'ouvrir ma maison de disques en passant par mon job au café ainsi que mon plaisir de la scène. J'évoque toutes les premières fois qui n'en sont pas vraiment, mais qui à mes yeux sont différentes de toutes les autres car elles se sont produites ici.

Je ne crois ni au hasard, ni au destin. Je ne crois pas non plus qu'il existe un dieu car si c'était le cas, il ne permettrait pas à certaines personnes de partir et il éviterait aussi à d'autres de souffrir... mais ce n'est que mon opinion, libre à chacun de penser ce qu'il veut.

Je me lève nerveusement. J'ai besoin de souffler. Je récupère un calmant dans la salle de bain avant de me servir un verre d'eau dans la cuisine. J'en ai de plus en plus besoin ces temps-ci. Il m'aide à dormir et surtout à ne plus penser.

Ces cauchemars me pourrissent la vie. Comme si la douleur voulait sortir de moi. Comme si la culpabilité qui me ronge mâchait goulument la moindre de mes cellules. Lorsque je me réveille après avoir revécu toute la scène, j'ai l'impression qu'on me plante une aiguille dans le ventre, celles qui sont si petites qu'on les croirait inoffensives mais qui font un mal de chien.

La plupart du temps, je suis seule et je n'ai donc pas à faire face à deux pupilles endormies qui cherchent des réponses que je suis incapable de leur apporter. Mettre des mots sur ce que j'ai dans la tête est la chose la plus dure à faire, mon cahier m'aide mais je n'ai jamais pu y exprimer ce que j'ai vécu cette nuit-là.

Je fais un brin de ménage pour préparer notre soirée de ce soir mais aussi pour m'occuper à autre chose qu'à penser. J'enclenche mon Ipod comme j'ai l'habitude de le faire dès que je me lance dans les tâches ménagères. La musique à fond, les premières notes de piano faisant vibrer mon cœur et par la même occasion l'appartement. La chanson de Sarah Blaine, Never Get To Heaven joue et moi je chante à tue-tête. Les paroles ne sont pas gaies. Elle raconte l'histoire d'une fille qui veut trouver la paix, qui se bat, se demande si quelqu'un l'attend là-haut, un peu comme moi.

Always love and songs...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant