13. Origines

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XIII.

Six heures du matin. On pouvait déjà apercevoir depuis les toits les premiers rayons de soleil. Je les voyais depuis ma fenêtre qui perçaient les nuages encombrant le ciel. Assise sur mon lit, je fixais sans réel intérêt le bâtiment de la rue d'en face, ressassant les événements de la veille. À vrai dire, il m'était particulièrement difficile de m'en souvenir. Encore secouée, j'avais du mal à retrouver mes esprits. Les paroles d'Alec résonnaient dans ma tête comme une alarme. Je n'entendais plus que ça, je ne pensais plus qu'à ça. J'en oubliais presque ce que j'avais fait. En y repensant, j'avais honte. J'avais été extrêmement égoïste. Torturer ces personnes dans le seul but de servir mon propre intérêt était tout simplement minable.

Comme si j'avais eu le choix.

Non en effet, je n'avais pas eu le choix... Mais heureusement pour moi, Alec s'était occupé d'eux. Bien que ma mémoire se trouvait dans un état lamentable, je me rappelais cependant bien l'avoir vu s'approcher des deux garçons étendus au sol puis leur parler pendant un long moment. Pour ce qui était de la jeune fille, impossible de me rappeler de quoi que ce soit. Je ne me souvenais que d'une chose: on m'avait ramené à mon appartement. Je pouvais encore sentir l'odeur des fauteuils en cuir de la grosse berline qui m'avait raccompagnée jusqu'à l'Isis. La tête plongée dans le brouillard, je ne parvenais à me souvenir de rien.

Je soupirai alors un grand coup, puis me levai rapidement de mon lit. Mais alors que je me dirigeai en direction de la salle de bain, quelque chose sur la table de la cuisine attira mon attention. Quelqu'un avait de toute évidence trouvé l'un de mes anciens carnets d'écriture et en avait grossièrement arraché la dernière page. Je remarquai également un feutre rouge posé à côté d'un grand verre à pied vide. L'odeur qui se dégageait de celui-ci ne tarda pas à atteindre mes narines. Sans même avoir approché le verre de mon nez, je reconnus instantanément le parfum du raisin.

Du vin.
Sans plus tarder, je me mis à la recherche du bout de papier déchiré et inspectai de fond en comble mon appartement. Et après quelques minutes, je le trouvai finalement. Accroché dans le cadre de la porte d'entrée, je m'empressai de le prendre. Lorsque je le dépliai, une petite carte rouge s'en échappa. Je la ramassai rapidement et la lus.


À l'attention de : Mlle Belmont.

L'Ordre, ainsi que toute sa communauté, sont heureux de pouvoir vous compter parmi leurs membres. Puissiez-vous trouver au sein de notre grande famille ce dont vous avez toujours eu besoin.
Le Dirigeant ainsi que ses honorables conseillers vous souhaitent la bienvenue.
Dans l'espoir de vous rencontrer très prochainement.

Loyauté, Contrôle, Force.

U.

U comme Unfford ?
Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel en la lisant. L'Ordre disposait carrément de leur propre carte de visite qu'il distribuait à chaque nouveau membre. Il y avait un petit espace à côté de la mention « À l'attention de : » afin de pouvoir remplir à la main le nom de la personne concernée. Mis à part cela, le texte restait sans doute le même pour tout le monde, ce que je trouvais vraiment impersonnel et limite grossier. Mais je décidai de ne pas m'attarder sur ce genre de chose et oubliai rapidement ce petit détail. Je notai au passage que mon nom avait été écrit en rouge d'une écriture manuscrite absolument magnifique. Je rangeai la carte dans la poche arrière de mon jean et portai enfin mon attention sur le bout de papier. Le mot avait lui aussi été rédigé de ce feutre. Il s'agissait de la même écriture, les lettres se liant entre elles par de fines courbes toutes parfaitement réalisées.




L'Héritier (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant