5. Étincelles

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Important: Cette histoire a été réécrite dans son intégralité et publié en 2023.


V.

Je n'en avais encore parlé à personne, pas même à Maryse.

Je pensais qu'une fois au courant, elle prendrait peur. Et si l'inverse avait eu lieu, j'aurais moi aussi pris mes jambes à mon cou.

Et puis, d'un autre côté, je voulais la mettre au courant, que l'on essaye de porter cet étrange secret à deux... Mais je ne pouvais risquer de perdre Maryse.

Deux jours s'étaient écoulés depuis l'incident aux toilettes. Et plus rien ne se manifesta. Je ne revis ni l'inconnu, ni Denovan et son groupe. La routine de tout le monde avait été chamboulé. La Fête du Feu s'organisait peu à peu et j'allais à mon tour bientôt devoir y mettre du mien.

Ce soir, tout comme hier, je ne pris pas la rue parallèle et rentrai chez moi par la grande avenue principale.

Je n'attendis pas l'ascenseur et dévalai les escaliers, pressée de retrouver ma chambre.

Ma famille et moi vivions au dernier étage et je pouvais depuis ma fenêtre atteindre le toit de l'immeuble. Depuis l'incident, je ne parvenais à user de mes nouveaux sens qu'une fois réellement seule. Je décortiquais les bruits de la ville et de la nuit depuis mon perchoir et apprenais à me contrôler. Cette capacité me fascinait. Je pouvais tout entendre avec précision sur presque un kilomètre.

— Et Adrien ? dis-je en prenant place à table.

— Ton père a essayé de l'appeler mais il ne répond pas, dit ma mère en soupirant.

— Il rentre de plus en plus tard.

— Et ça ne me plaît pas, enchaîna mon père. J'espère qu'il se rappelle qu'il a une maison.

Je n'avais pas mangé grand-chose. L'odeur même de ce poulet-frites dans mon assiette ne m'évoquait plus rien. Je n'arrêtais plus de penser à ce que j'avais fait. Cette vision m'obsédait. Et avec du recul, elle commençait à me déranger.

Assise face à mes parents, j'étais mal à l'aise. Car au fond de moi, je savais que je voulais recommencer. Je voulais ressentir l'euphorie d'autrefois.

* * *

Adrien n'était toujours pas là.

Discrètement, j'ouvris la fenêtre de ma chambre et passai ma tête à travers celle-ci. Je pris appui contre le rebord et passai le reste de mon corps. Je me retrouvai sur l'escalier de secours, à l'extérieur de l'immeuble et regagnai le toit.

Je m'avançai prudemment sur le sommet et m'assis finalement sur les tuiles plates.

Un captivant spectacle se dressait devant moi. Le temps était entièrement dégagé. En face se dressait le point culminant de Liota ; la tour des industries Ordon, une immense bâtisse d'acier noire plantée au centre du grand quartier d'affaires et de ses nombreux buildings aux enseignes lumineuses.

Le vent s'était levé. Une brise hivernale qui s'écrasait contre mes cheveux et m voler dans tous les sens. Je me détendis et respirai un grand coup. Je sentais l'air frais entrer dans mes narines et me glacer le fond des poumons.

J'étendis mes jambes devant moi et pris appui en arrière sur mes deux mains. Je levai les yeux et regardai les étoiles. Une lueur bleue attira mon attention et je scrutai l'horizon. La tour Ordon projetait dans le ciel une puissante lumière que l'on pouvait apercevoir à des kilomètres.

Mon téléphone vibra dans ma poche. Je sortis de ma rêverie et le consultai.

« Tu m'fais un prix si on va pas jusqu'au bout ? J'veux juste me détendre vite fait. »

L'Héritier (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant