9. Volcanique

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Important: Cette histoire a été réécrite dans son intégralité et publié en 2023.

IX.

Denovan Gordon.

— Cela m'a pris un peu plus de temps que prévu, lança le garagiste. Mais je vous la rends comme neuve. On devait sacrément vous en vouloir !

Je lui adressai un regard noir. Je n'étais vraiment pas d'humeur à plaisanter.

— Pour le règlement, adressez-vous au bureau à l'entrée, dit-il en me donnant un petit coupon.

Je tournai des talons sans un mot de plus.

— Gordon, le cabriolet rouge.

Je tendis le ticket à l'homme en face de moi. Il le saisit et se mit à tapoter bruyamment sur les touches de son clavier.

— Changement de carrosserie, nouvelle peinture, nouveau....

— Je sais déjà tout ça, le coupais-je en lui tendant ma carte bancaire.

— Juste un instant.

L'homme s'en alla dans une autre pièce. J'étais d'une humeur terrible, à bout de nerfs. Je ne voulais qu'une chose : dégager d'ici et foncer sur l'autoroute, histoire de me défouler un peu.

Elle avait tout préparé, tout calculé. Elle avait réussi à me toucher une seconde fois. Si je n'avais pas été contraint de rattraper mon retard aux ateliers, j'aurais sans doute pu empêcher ça. La photo circulait de partout. Quant à mon portable, il ne s'arrêtait plus de vibrer.

Je sortis celui-ci de ma poche et contemplai encore une fois la photo. Son corps plaqué contre la carrosserie, une main sur la taille, l'autre sur le capot rouge de la voiture ; elle arborait cette expression sévère, presque effrontée. De ses cils noirs intensément recourbés, elle me provoquait. Je voyais dans son regard de vipère tout le plaisir qu'elle prenait à faire ça. D'où lui venait soudain toute cette prestance ? Sa bouche flamboyante était aussi détestable que désirable.

Ma petite vidéo était probablement déjà arrivée jusqu'à elle. L'avait-elle apprécié ? Son visage s'était-il autant décomposé que le mien lorsque je découvris l'état de ma voiture ? Je mourrai d'envie de voir sa tête. Je voulais qu'elle s'anime, qu'elle réagisse enfin. Mon idée de montage était un coup de génie. Il allait provoquer son hystérie ; sa folle envie de m'atteindre. Sa folle envie moi.

Je fixai sa silhouette un long moment. J'étais divisé entre l'envie de la posséder et celle de lui en faire baver. Je voulais lui faire payer pour ce qu'elle venait de me coûter, mais une incontrôlable partie de moi souhaitait la récupérer. Elle était devenue tout ce que j'avais toujours attendu d'elle. Je ne voulais plus toutes ces belles et talentueuses actrices aux répliques flatteuses. Fini les grandes blondes au regard de sirènes, les brunes aux lèvres désormais si communes. Elles ne m'intéressaient plus.

Je ne désirais plus que la furie aux cheveux de braise ; ce bout de femme aux lèvres grenades, cette forcenée aux yeux de fauve. Elle n'était définitivement plus la même.

Et tout était grâce à moi.

Je l'avais libéré. Par mon humble faute, Veky s'était dévoilée.

Et elle m'était redevable. J'étais la seule raison pour laquelle elle avait changé. La provoquer fut de loin la meilleure de toutes mes idées.

Un sourire se dessina finalement sur mon visage. Je voyais clair dans son petit jeu. Elle aussi me voulait. Bien que tout le monde me veuille déjà, elle était la seule que je désirais en retour.

L'Héritier (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant